Dire que je leur avais prédit le premier rang dans l'Est.

Il fait rarement bon relire ses pronostics de début de saison. Surtout quand on entrevoyait de grandes choses pour l'équipe locale. Le Canadien ne me fait pas très bien paraître, n'est-ce pas?

Passe encore de ne pas être premier, car les Bruins de Claude Julien sont vraiment dans une classe à part cette année. Ce qui passe moins bien, c'est de voir le Canadien à six petits points d'être exclu des séries. C'est de voir l'équipe perdre sept de ses dix derniers matchs. C'est de voir la saison du centenaire risquer de tourner en eau de vaisselle.

Ça ne devait pas se passer comme ça. L'infirmerie du Canadien n'était pas censée être aussi fréquentée que les urgences du CHUM un jour de verglas. L'attaque à cinq devait survivre au départ de Mark Streit, comme elle avait survécu à celui de Sheldon Souray l'année précédente. Alex Kovalev allait faire mentir ceux qui l'accusaient d'être incapable de connaître deux bonnes saisons d'affilée. Et surtout, Carey Price devait défendre son filet comme Carey Price sait le faire, pas comme un mauvais imitateur de Sergei Mylnikov.

Price avait été très irrégulier contre les Bruins de Boston et les Flyers de Philadelphie, en séries éliminatoires, l'année dernière. Mais j'étais persuadé qu'après un bon été de repos, il redeviendrait le gardien qui a remporté le Championnat du monde junior et la Coupe Calder en 2007. Je me trompais.

Ces temps-ci, Price est capable du meilleur, mais surtout du pire. Dix-sept arrêts en première période, comme c'est arrivé lors de la défaite contre les Maple Leafs de Toronto, samedi, c'est très bien. Mais ça ne sert pas à grand-chose quand on se fait ensuite battre sur des tirs de loin qu'un pee-wee myope arrêterait les mains dans le dos.

Plus que les attaquants et les défenseurs, les gardiens de but ont besoin de faire leurs classes avant de faire le saut vers la Ligue nationale. Pour parfaire leur technique, bien sûr. Mais surtout pour apprendre à composer avec la pression bien particulière qui est le lot des gardiens de but dans la meilleure ligue de hockey de la planète.

Price, en bon surdoué qu'il est, a sauté les étapes. Il avait à peine 20 ans quand Bob Gainey a échangé Cristobal Huet et l'a bombardé gardien numéro un du club le plus prestigieux du hockey. C'était beaucoup demander à un jeunot à sa première saison dans la Ligue nationale - un jeunot, rappelons-le, qui venait de passer un mois dans la Ligue américaine pour retrouver sa confiance.

Je n'étais pas convaincu quand ESPN The Magazine a fait sa une récemment avec Price, sous le titre «The Loneliest Man in Sports». Mais je suis en train de changer d'idée. C'est vrai qu'il y a peu de jobs aussi stressants dans le sport que celui de gardien. Et qu'il n'y a pas d'endroit où il est plus stressant d'être gardien qu'à Montréal, où chaque mauvais but - tellement plus facile à identifier et à critiquer qu'un mauvais repli ou une stratégie défensive déficiente - est disséqué et analysé à l'infini.

Comme si ce n'était pas suffisant, Price doit aussi vivre avec la pression que lui imposent les succès précoces de certains de ses devanciers à Montréal. Chaque fois qu'il met les pieds dans le vestiaire du Canadien au Centre Bell, il doit sentir le regard de Patrick Roy et de Ken Dryden se poser sur lui. Ce n'est pas évident.

Carey Price doit retrouver son insouciance. Il doit cesser de se mettre le poids du monde sur les épaules. Il doit recommencer à s'amuser. C'est plus facile à dire qu'à faire, mais le long voyage du Canadien est une occasion idéale pour y arriver - en autant que Guy Carbonneau lui donne l'occasion de jouer. Et en autant, bien sûr, que les Kovalev, Kostitsyn, Gorges, Bouillon et autres Plekanec commencent enfin eux aussi à jouer comme ils en sont capables.

A-Rod, le repenti

Dans les affaires de dopage, la meilleure défense n'est pas l'attaque, c'est le repentir. Les conseillers d'Alex Rodriguez l'ont bien compris et c'est pourquoi l'étoile des Yankees de New York a fait des aveux publics au réseau ESPN, hier.

Grâce à Joe Torre, A-Rod restera toujours A-Fraud pour tout le monde, sauf peut-être pour ses parents et les plus indécrottables partisans des Yankees. Mais sa confession d'hier, deux jours après les révélations de Sports Illustrated, pourrait lui permettre d'atténuer un peu l'opprobre qui le suivra jusqu'à la fin de sa carrière.

Contrairement à d'autres dopés de l'ère des stéroïdes, tels Barry Bonds et Roger Clemens, Rodriguez a choisi la voie de la transparence - même si vous avez le droit de douter quand il dit ne pas savoir quel produit dopant il a consommé, ou lorsqu'il affirme avoir cessé de se doper après 2003.

Dopé ou pas, Rodriguez demeure l'un des plus grands joueurs de baseball de l'histoire. Il succédera un jour à Bonds à titre de recordman des circuits. Et il rêve encore sûrement d'entrer un jour au Temple de la renommée.

À voir l'humeur actuelle des chroniqueurs de baseball, ses chances peuvent sembler minces. Mais dans 15 ou 20 ans, quand la poussière et la colère seront retombées, il est possible que les joueurs qui auront admis publiquement leurs transgressions trouvent grâce aux yeux de ceux qui détiennent les clés du Temple.

C'est le pari que fait Alex Rodriguez. Ses chances de succès ne sont pas énormes. Mais elles sont meilleures que s'il avait gardé le silence. Parlez-en à Mark McGwire.