Pendant que le Canadien de George Gillett faisait du retrait du chandail de Patrick Roy un retentissant succès, hier soir, un autre projet de l'homme d'affaires américain est tombé à l'eau, avec l'annonce par la Major League Soccer que Montréal n'est plus dans la course pour l'obtention d'une franchise lors de l'expansion de 2011.

Une semaine après la confirmation de la perte du Grand Prix du Canada, l'annonce du retrait de Montréal, faite vendredi à Los Angeles par le commissaire de la MLS, Don Garber, représente une nouvelle tuile pour la métropole.

 

Elle soulève par ailleurs des questions sur les circonstances exactes ayant mené à l'exclusion de la candidature parrainée par Gillett et Joey Saputo, président de l'Impact et du Stade Saputo.

Dans son discours annuel sur l'état de la MLS, vendredi, le commissaire Garber a clairement indiqué que le groupe Saputo-Gillett s'était retiré pour des raisons financières. «Les dirigeants de Montréal ont dû évaluer quels types de capitaux privés étaient nécessaires pour refinancer leur stade et obtenir les fonds nécessaires pour payer les frais exigés pour l'expansion, et quel type de soutien public ils obtiendraient. Je ne suis pas sûr qu'ils aient pu obtenir les garanties nécessaires dans le type d'environnement économique qui prévaut», a-t-il déclaré.

Joint au téléphone par La Presse, hier, M. Garber a essentiellement repris ses propos de la veille mais, nuance importante, a cette fois soutenu que «le groupe Saputo-Gillett n'a pas retiré la candidature de Montréal».

Plutôt, a-t-il dit, «le dossier présenté ne respectait pas toutes les exigences du processus d'expansion» et a donc été écarté. «Pour cette raison, nous ne pouvons aller de l'avant avec Montréal pour la prochaine phase d'expansion. Mais ils pourront revenir à la charge dans la phase suivante, qui pourrait avoir lieu en 2013.»

Dans un communiqué laconique, le comité de candidature de Montréal a fait écho à la version revue et corrigée des propos de M. Garber. «Le groupe de candidature aimerait apporter une mise au point importante: Montréal n'a pas retiré sa candidature de la Major League Soccer, mais a plutôt été informé que la ligue ne (la) retenait pas.»

Impossible hier de tirer au clair les explications pour le moins contradic»Par respect pour les festivités de la Coupe Grey», qui battent leur plein ce week-end, Joey Saputo ne rencontrera les médias que demain, tandis que le Canadien a indiqué que M. Gillett et le président de l'organisation, Pierre Boivin, n'accorderaient pas d'interview.

En entrevue, M. Garber a été avare de détails sur les exigences de la MLS que le groupe Saputo-Gillett n'aurait pas respectées. Il a toutefois indiqué que «le manque de financement public» était l'un des éléments en cause.

L'affirmation a de quoi surprendre, car le dossier de candidature du groupe, dévoilé en primeur par La Presse, en mars, ne faisait aucune allusion à une quelconque aide gouvernementale. L'agrandissement du Stade Saputo - qui devrait passer de 13 000 à 20 000 places pour respecter les normes de la MLS - devait être financé par un investissement de 12 millionsUS de Gillett et Saputo. Un des partenaires a-t-il décidé qu'il ne voulait ou ne pouvait plus apporter sa contribution? Mystère.

Une chose est sûre: Joey Saputo n'a jamais caché qu'il jugeait excessif le prix d'entrée dans la MLS, fixé à 40 millionsUS. Le dossier soumis par Montréal à la MLS estimait plutôt à 30 millions la somme qui permettrait à l'équipe d'être rentable. Considérant que la moitié des 14 équipes de la ligue ont enregistré une baisse d'assistance cette saison et que les cotes d'écoute sur ESPN2 ont chuté légèrement, Saputo n'a peut-être pas tort d'être réticent à payer le gros prix.

Au téléphone, M. Garber n'a pas voulu confirmer si le groupe Saputo-Gillett avait offert moins que les 40 millions requis, mais a indiqué que les six autres villes sur les rangs pour les deux franchises disponibles (Miami, Ottawa, Vancouver, Portland, Atlanta et St. Louis) avaient répondu à cette exigence.

Il s'est dit «fortement impressionné» par la candidature d'Ottawa et a qualifié d'«une des meilleures qu'il ait jamais vues» la présentation de Vancouver. Mais il s'est empressé de souligner qu'une expansion au Canada, nonobstant le succès aux guichets du Toronto FC, seule franchise actuelle au nord de la frontière, «ne donne pas grand-chose pour nos intérêts commerciaux aux États-Unis». «Il faut atteindre un équilibre entre nos besoins aux États-Unis et l'occasion réelle, mais à plus long terme, qui se présente au Canada.»

À très long terme, serait-on tenté de dire ce matin à propos de Montréal.