RECTIFICATIF: Dans cette chronique parue le 27 juin dernier, nous avons écrit que l’animatrice Julie Snyder avait été congédiée par TVA en novembre 2016. Or, TVA précise qu’elle a mis fin à l’émission Le Banquier à ce moment pour des considérations d’ordre économique. Mme Snyder n’avait pas de lien d’emploi avec TVA, mais était plutôt liée par un contrat de services pour l’animation de cette émission. Il ne pouvait donc pas s’agir d’un congédiement. La relation contractuelle a toutefois pris fin avec la disparition de l’émission Le Banquier. Nos excuses.

Cela fait bientôt 17 ans que Julie Snyder renouvelle sans embûche son option de production pour Star Académie, un format de télé-crochet qui appartient au géant néerlandais Endemol Shine.

Quand la démone a paraphé son contrat pour l’animation d’un talk-show quotidien prévu en janvier 2020, la chaîne V a signifié son intérêt pour une éventuelle résurrection de Star Académie à son antenne. Aucun problème. Julie Snyder, qui a produit et animé cette émission pendant cinq saisons, a échafaudé un budget. S’il y a une personne au Québec qui connaît la mécanique de Star Académie, c’est bien Julie Snyder.

Dans le petit milieu de la télévision québécoise, le mot a rapidement circulé que V zieutait Star Académie, qui a pétaradé à TVA en 2003, 2004, 2005, 2009 et 2012. Après autant de succès en ondes, Julie Snyder ne s’imaginait pas qu’Endemol Shine chipoterait à reconduire sa licence pour Star Académie, qui expire ce dimanche 30 juin.

D’autant plus que l’animatrice, avant que TVA la congédie en novembre 2016, avait proposé à son ancien employeur de relancer Occupation double et Star Académie. Elle a essuyé deux refus catégoriques de la part de TVA : pas de Star Ac, pas d’OD, désolé. Ces offres sont refusées.

Julie Snyder a alors déduit que TVA se fichait de Star Académie. Erreur. Quelques semaines avant l’expiration du contrat entre Julie Snyder et Endemol, coucou, TVA s’est manifesté du champ gauche.

La chaîne appartenant à Pierre Karl Péladeau, ancien conjoint de Julie Snyder, souhaitait enrôler une nouvelle cohorte d’académiciens pour l’hiver 2021 afin d’accorder une pause à La voix. Tiens, tiens.

Les médias de Québecor ont ensuite testé la température de l’eau. Que pensez-vous d’un possible retour de Star Académie à TVA ? La question a circulé sur plusieurs plateformes numériques du groupe, ainsi que sur des sites populaires comme Monde de stars ou Showbizz.net.

L’animateur Jean-Philippe Dion (La vraie nature), que Julie Snyder a formé sur le plateau de Star Académie, a lui aussi publié ce sondage informel sur sa page Facebook. Les résultats n’ont probablement pas été ceux attendus par TVA. « Sans Julie Snyder, ça ne sera jamais pareil. » « Oui au retour de Star Académie, mais seulement si Julie Snyder en fait partie. » « Sans Julie et Stéphane [Laporte], ça ne sera pas pareil. »

Avec TVA dans le décor, Julie Snyder n’a plus aucune chance de sécuriser les droits de Star Académie pour V. En effet, en octobre 2016, Endemol et TVA ont conclu une entente d’exclusivité de trois ans qui garantit l’accès à certaines franchises, comme MasterChef, The Biggest Loser et The Wall, que Maripier Morin a refait sous le nom de Face au mur, alias le jeu des balles rouges et vertes.

Si TVA pointe Star Académie dans le catalogue de titres disponibles, Endemol lui donne. C’est logique, d’autant plus que le lien unissant Endemol à Julie Snyder expire dans trois jours.

TVA demeure la chaîne la plus regardée au Québec et s’appuie sur une machine capable de fabriquer des vedettes en claquant des doigts. Endemol le sait. Et Endemol sait que V ne dispose pas des mêmes outils promotionnels.

Maintenant, voici la délicate question que je me pose : TVA désire-t-elle vraiment ramener Star Académie à l’écran ou souhaite-t-elle simplement bloquer le projet développé par Julie Snyder et V ?

Le cas d’Occupation double justifierait, en quelque sorte, une tactique d’entrave. Écartée de TVA, la téléréalité cupidon conçue par Julie Snyder a cartonné en traversant chez V, forçant même TVA à en manufacturer une pâle copie, XOXO, qui a été un fiasco.

D’un côté, je comprends TVA de ne pas vouloir que l’une de ses anciennes marques, dans laquelle des millions ont été injectés, brille sur un autre poste. De l’autre, je comprends Julie Snyder de vouloir faire rouler sa compagnie avec un concept de téléréalité musicale hyper séduisant.

Mais n’y aurait-il pas moyen de trouver un compromis raisonnable, qui satisferait les deux parties impliquées ? Parce que là, on se croirait dans un remake de Kramer contre Kramer, dont l’enjeu n’est pas la garde d’un enfant, mais bien celle d’un format de téléréalité.

Joint hier à Los Angeles, le vice-président aux communications d’Endemol, Joe Schossler, a préféré ne pas se prononcer. Ni TVA ni Julie Snyder n’ont répondu à des demandes d’entrevue hier.

Et le vrai soleil, lui ? Personne ne l’a encore vu.