J'ai visionné hier cinq des dix épisodes de la deuxième saison de Cheval-Serpent, mise en ligne au petit matin sur l'Extra de Tou.TV. Comment vous résumer ça ? Ce n'est ni mieux ni pire que le premier chapitre, qui a été relayé l'hiver dernier à la télévision traditionnelle de Radio-Canada.

Ça demeure moyen et peu subtil. Le concept du bien et du mal guide encore (trop ?) l'auteure Danielle Trottier (Unité 9) dans l'écriture de cette deuxième saison. Les bien nantis St-Pierre contre les Gauthier qui en arrachent. Le vice contre la vertu. Caïn contre Abel. La raison ou la passion. Ça se répète, en boucle, sur plusieurs heures.

Ah oui, si vous enfiliez les épisodes de Cheval-Serpent pour admirer des plaquettes d'abdominaux saillants ou des fesses rebondies, passez votre tour. 

Il y a beaucoup moins de scènes alcoolisées festives et de chorégraphies tournées dans le bar de danseurs. Comme si la police des moeurs avait passé la serpillière dans les éléments croustillants du scénario.

Ne cherchez plus le chanteur Claude Bégin, alias la taupe Franck James, qui a émoustillé, lors d'une danse lascive privée, la bourgeoise coincée campée par Marie Tifo. Franck détale dans les premières minutes de la série. Bye-bye, mon cowboy.

Ce qui n'a pas changé, c'est l'obsession maladive du maire Laurent St-Pierre (Daniel Parent) pour la fermeture définitive du cabaret érotique exploité par David (Guillaume Lemay-Thivierge) et Dorice (Sophie Prégent). Sérieusement, là. Ça devient quasiment ridicule.

Le maire, sa maman manipulatrice Margaret (Marie Tifo) et le chef de police psychorigide (Hugo Dubé) n'en démordent pas : le Cheval-Serpent corrompt les Montréalais et compromet leur sécurité. Rien de moins. Alerte au divulgâcheur ici : ce dossier mineur, qui ne mérite pas l'attention de tout l'état-major municipal, seigneur, ne se réglera pas rapidement.

L'action de Cheval-Serpent 2 reprend au lendemain de la descente policière, qui a permis de découvrir du GHB (scandale !) et une arme (au secours !) dans la réserve du bar. Une longue bataille judiciaire s'enclenche.

Les dossiers ouverts dans la première année ne se ferment pas vite. Au troisième épisode, les personnages s'obstinent encore à propos de la validité - ou non - du testament de l'ancien maire Bernard St-Pierre (Paul Savoie). La pauvre Odile Gauthier (Louise Portal), qui gagne en importance, boira sa peine jusqu'au coma éthylique.

Plusieurs intrigues tournent maintenant autour des problèmes de gestion interne du Cheval-Serpent. L'embauche d'un nouveau chorégraphe, le recrutement d'effeuilleurs, le rajeunissement de la clientèle et le rôle grandissant confié à Simone (Catherine St-Laurent) dans les activités quotidiennes. À mi-parcours, la télésérie amorce un vrai virage politique qui nous conduira, on l'imagine, vers l'ultime affrontement.

Le niveau de langage employé varie beaucoup d'une scène à l'autre. Entendre Odile sacrer à répétition, ça passe, ça colle à sa personnalité colorée. Par contre, quand le chef de l'opposition déclare au maire : « Je veux que tu sortes les tout-nus qui viennent se faire crosser dans mon arrondissement. Tu veux une pipe ? Tu pourrais avoir une matraque dans le cul », ça égratigne le tympan.

Dans un retour en arrière, Bernard St-Pierre prodigue un chic conseil à son fils Laurent, qui va comme suit : « Quand tout va mal, tu lèves les pieds et tu vas rejoindre la femme la plus cochonne de Montréal ». Merci, bonsoir.

Lentement, Dorice, David et Dominique (Élise Guilbault), celle qui souffre de SLA, dévoilent leurs failles. Le passé de ce trio mérite quelques éclaircissements.

Cheval-Serpent 2 se classe dans la catégorie des soaps, où s'affrontent, vous l'aurez deviné à ce stade-ci, les bons et les méchants, en buvant du scotch dans des verres de cristal hors de prix.

Les cotes d'écoute du premier volet ont atteint 925 000 fans, un excellent score.

Ce qu'il manque, c'est la notion de plaisir associé à un soap, les frivolités sulfureuses, les revirements imprévus et les moments « Oh, mon Dieu, je ne peux pas croire ce qui vient de se passer ».

Il aurait peut-être fallu desserrer le noeud de cravate, sabler le champagne plus souvent et monter le volume dans la place.