À la cérémonie des prix Emmy internationaux, la quotidienne 30 vies de Radio-Canada s'est presque toujours fait éclipser par des télénovelas fabriquées au Brésil. C'en était devenu une (mauvaise) blague récurrente.

« Les Brésiliens, ils sont imbattables dans cette catégorie-là », nous répétait Fabienne Larouche, jamais découragée, après chacun de ces galas qui se déroulent à New York.

Douce revanche pour la série créée par la prolifique auteure et productrice : son concept de 30 vies a été racheté et refait par Globo, l'une des plus influentes stations de télévision... du Brésil. La diffusion de Vidas Brasileiras a même débuté cette semaine avec des parts de marché oscillant autour de 20 %.

Globo ne relaie pas des versions doublées ou sous-titrées de 30 vies : la chaîne a tourné un « remake » de la production québécoise, avec une distribution entièrement brésilienne. Les scénarios suivent à la lettre ceux des 240 premiers épisodes écrits par Fabienne Larouche, ce qui correspond environ à deux années complètes de diffusion.

C'est une très grosse vente pour l'entreprise Aetios, dirigée par Fabienne Larouche et Michel Trudeau. « Les histoires venues du Nord intéressent le Sud. On est très contents », s'exclame Fabienne Larouche, jointe en Floride.

En 2011, le premier prof de 30 vies, Gabrielle Fortin, était joué par Marina Orsini. Gabrielle enseignait le français au Vieux-Havre, dans le quartier Centre-Sud de Montréal.

Au Brésil, le premier prof de Vidas Brasileiras porte le nom de Gabriela Fortes. Elle enseigne le portugais et la littérature au collège Sapiencia, dans le quartier populaire de Botafogo, au sud de Rio de Janeiro. L'actrice qui campe Gabriela s'appelle Camila Morgado.

Dans 30 vies, Gabrielle formait un couple avec le propriétaire d'un bistro, interprété par Jean-Nicolas Verreault. Dans Vidas Brasileiras, Gabriela fréquente elle aussi un chef. Bref, presque tous les aspects de l'émission originale ont été transposés tels quels dans le remake.

Les discussions pour la vente de 30 vies au Brésil ont été amorcées il y plusieurs années. « Au Brésil, les télénovelas sont très rassembleuses et souvent axées sur des familles aux relations compliquées. Et c'est joué de façon plus intense que nous », explique le producteur Michel Trudeau.

« Pour Globo, mettre en ondes 30 vies, qui parle de la relation entre une prof et ses élèves, c'est assez audacieux », ajoute-t-il. 

On râle beaucoup contre la télé québécoise qui s'abreuve beaucoup trop aux formats internationaux (Face au mur, La voix, Tout le monde en parle, alouette). Là, nous avons un autre bel exemple d'une création d'ici qui sort de nos frontières.

« Au-delà de l'argent, ce qu'on veut faire, c'est que notre télé s'exporte et qu'elle participe au rayonnement du Québec à l'étranger », poursuit Michel Trudeau.

Longue vie à 30 vies, version brésilienne.

ROUSSEAU S'AMÉLIORE

Déjà mercredi soir, on sentait Stéphane Rousseau plus à l'aise sur le plateau de son talk-show à V. L'animateur travaillait pour la première fois avec une oreillette, où son producteur peut maintenant lui chuchoter des infos susceptibles de relancer les conversations.

Aussi, le band paraissait plus près de l'action. C'est dommage, par contre, que Sonia Cordeau ait dû s'absenter pour une tournée de théâtre. C'est un mauvais concours de circonstances, car ce rôle d'acolyte nécessite encore plusieurs ajustements importants, qui n'auront pas été faits.

Tranquillement, Rousseau assume davantage son mandat d'intervieweur. Dans ses premières entrevues, l'humoriste laissait trop ses invités se donner en spectacle et occuper tout le plancher. C'était frappant mardi soir, où Magalie Lépine-Blondeau, Pier-Luc Funk et Jay Du Temple jasaient entre eux, tandis que Stéphane Rousseau observait, en spectateur, sur la ligne de côté. 

C'est son émission. Il doit lui donner ses couleurs et en assurer le rôle de capitaine.

Mercredi soir, avec François Bellefeuille, Claude Legault et Laurent Duvernay-Tardif, c'était nettement mieux. Rousseau relançait ses invités avec des questions pertinentes. Il impliquait les autres convives dans les discussions et c'était nettement plus fluide.

Les vidéos préenregistrées, dont celle avec son fils Axel, confié à divers spécialistes pour la semaine de relâche, sont très rigolotes. Cela fonctionne bien.

J'aime également le calme et la coolitude affichés par Stéphane Rousseau. Je m'attendais à plus de cabotinage et de pitreries de sa part, style Madame Jigger sur le 220. Mais non. La sagesse de Rousseau lui va bien.