Après deux épisodes de la cinquième saison de House of Cards, en ligne sur Netflix depuis mardi matin, j'étais prêt à larguer le couple Underwood. Sérieusement, il y a des limites à orchestrer des attaques informatiques sur le sol américain ou à tuer des témoins gênants sans jamais se faire pincer. Soyons sérieux deux minutes.

Le machiavélisme exacerbé de Claire et Frank, joués avec brio par les acteurs Robin Wright et Kevin Spacey, ne tenait plus la route. Impossible pour eux de camoufler les traces de tous les gestes illégaux qu'ils ont faits ou de ne pas payer pour les bras qu'ils continuent de tordre comme s'il s'agissait de vieilles guenilles. Im-po-ssi-ble.

Également à classer dans la filière des intrigues peu crédibles : la relation amoureuse entre Claire Underwood et son rédacteur de discours, le très ennuyeux Tom Yates (Paul Sparks), qui n'a jamais été éventée, même si les deux amants partagent le même lit, avec l'approbation du président Frank.

À Washington, ville de commérage par excellence, ce ménage à trois aurait été exposé par la presse et aurait déclenché une tempête médiatique de type typhon. En même temps, l'as reporter du Washington Herald, Tom Hammerschmidt (Boris McGiver), publie un papier tous les six mois - et encore. Claire, Tom et Frank peuvent dormir en paix. Ensemble ou séparés.

Bref, je râlais jusqu'au début du quatrième épisode, où ça débloque enfin, mais que je ne peux dévoiler pour des raisons susceptibles de divulgâcher votre plaisir.

La fin du cinquième épisode nous force quasiment à déclencher le suivant, et voilà, je savais maintenant que je me rendrais jusqu'au bout de ce House of Cards 5.

Avec tout ce qui se déroule en temps réel à la Maison-Blanche, les revirements fictifs de House of Cards ne surprennent peut-être plus autant qu'avant. Donald Trump s'avère, hélas, plus divertissant et inquiétant que le dangereux Frank Underwood, qui ne recule devant rien, mais vraiment rien, pour consolider ses appuis.

Mais ce n'est plus lui, le président magouilleur, qui commande l'attention dans House of Cards. C'est elle, Claire Underwood. Encore plus maintenant qu'elle flirte avec la vice-présidence des États-Unis. Sa posture parfaite, sa façon de bouger avec grâce, ses gestes parfaitement mesurés, ses vêtements à la coupe impeccable et son ton qu'elle lève avec parcimonie la rendent plus crédible que son mari, devenu une caricature de lui-même.

Si vous avez embarqué dans les rebondissements à répétition du quatrième chapitre de House of Cards, celui-ci ne vous dépaysera pas du tout. L'action reprend là où elle avait cessé l'an passé, à deux semaines des élections américaines.

Le jeune candidat républicain Will Conway (Joel Kinnaman) gagne en popularité, et les Underwood, pour faire diversion, plongent le pays dans la peur - non fondée - du terrorisme intérieur.

C'est un peu le monde à l'envers. Nous avons ici affaire à une administration démocrate qui déclare la guerre au groupe État islamique et qui ferme ses frontières aux immigrants. Les républicains, plus modérés, mènent une campagne propre et refusent d'appuyer les visées belliqueuses du clan Underwood.

Soyons honnête : c'est loin d'être la meilleure édition de House of Cards. Reste qu'une moins bonne saison de House of Cards demeure meilleure que 80% de toutes les téléséries américaines sur le marché.

Deux personnages fascinants ont malheureusement été rayés du scénario, soit l'ancien lobbyiste Remy Denton (Mahershala Ali) et l'ex-whip Jackie Sharp (Molly Parker). Honnêtement, les producteurs auraient mieux fait de se débarrasser de la conseillère LeAnn Harvey (Neve Campbell), qui n'est capable d'exprimer qu'une seule émotion : elle capote un peu. Là, elle capote une petite coche de plus, mais pas tant que ça, finalement.

Le tourmenté chef de cabinet Doug Stamper (Michael Kelly) a longtemps été un de mes personnages favoris de House of Cards. Mais lui aussi semble avoir reçu une injection du même Botox émotif que LeAnn : il est juste toujours fâché, fâché. Ça devient lassant. Sa relation compliquée avec la veuve de l'homme qui a donné son foie au président Underwood ne mène à rien.

Et à tous ceux qui déploraient le fait que Frank s'adressait moins directement à la caméra la saison dernière, vous allez être choyés cette année. Frank se gâte dans les confidences (pas toujours utiles), au point où ça sent le gros remplissage.

Autre point agaçant? L'imposant cortège de sénateurs, de gouverneurs ou de membres du Parti démocrate qui défilent à l'écran, sans que l'on puisse se rappeler qui faisait quoi déjà dans l'histoire. Ce précieux temps d'antenne aurait dû être alloué à Will Conway, dont le parcours méritait plus de coffre.