La guerre des réseaux a connu une période d'accalmie dans les dernières années. Les vedettes se baladaient aisément d'une chaîne à l'autre, peu importe leur allégeance à TVA, V ou Radio-Canada. Et c'est le téléspectateur qui en ressortait gagnant.

Cet hiver, des tensions ont ressurgi sur le terrain, et les frontières se sont resserrées entre les grandes puissances de la télé québécoise. En fait, selon ce que rapportent plusieurs sources, TVA garderait davantage ses personnalités phares au sein de l'Empire afin qu'elles ne brillent pas chez les concurrents.

Cette nouvelle vague de guerre froide coïncide avec le retour de Pierre Karl Péladeau à la barre de Québecor, en février.

En voici un exemple. Pour souligner les sélections du 32gala Artis, la fête de toute la télévision, Guy A. Lepage a été incapable d'obtenir au moins une grosse pointure de TVA pour son émission du 16 avril. Il a donc reçu trois Radio-Canadiens, soit France Beaudoin (En direct de l'univers), Martin Petit (Les pêcheurs) et Gildor Roy (District 31).

À la même période l'an passé, Marie-Claude Barrette (Deux filles le matin), Julie Bélanger (Ça finit bien la semaine) et Chantal Fontaine (Yamaska), trois stars de TVA, placotaient avec Guy A. Lepage et Dany Turcotte. Tout un revirement de situation.

«Ça se négocie plus facilement avec les têtes d'affiche comme Pierre Bruneau ou Gino Chouinard. C'est plus compliqué avec les employés de TVA, ceux qui sont staff. Par exemple, Michel Bergeron, on essaie souvent de l'avoir, mais ça ne marche jamais. C'est à lui que j'ai téléphoné en premier quand René Angélil est mort, mais il n'a pas pu venir», se souvient Guy A. Lepage.

Le grand manitou de Tout le monde en parle précise toutefois : «J'ai senti un resserrement, mais je suis un mauvais exemple. Je réussis quand même à avoir des gens de TVA. Pendant La voix, c'est plus compliqué», note Guy A. Lepage. «Ma théorie reste la même. Ce sont les artistes qui rendent les postes populaires. Il faut arrêter d'être possessif.»

Au printemps, TVA aurait interdit à l'animateur d'Accès illimité, Jean-Philippe Dion, de fouler le plateau d'En mode Salvail à V. Éric Salvail devait, de son côté, participer au dernier épisode d'Accès illimité à TVA, mais s'est désisté à la dernière minute. Un geste de représailles, du genre «tu ne fais pas mon émission, je ne fais pas la tienne»?

Non, jure le king de V. «J'étais trop débordé pour les tournages d'Accès illimité. C'est tout», assure Éric Salvail. Jean-Philippe Dion n'a pas commenté. TVA a refusé ma demande d'entrevue.

En mode Salvail a réussi à obtenir, depuis l'automne, des entrevues avec Marie-Claude Barrette, Gino Chouinard, Charles Lafortune et Dave Morissette, des célébrités associées à TVA. «Ce sont toujours de très longues discussions avec TVA. Il faut que ça soit un bon timing pour eux autres, mais ça finit par marcher», remarque Éric Salvail.

Il a cependant été impossible pour Éric Salvail, malgré des essais répétés, d'accueillir Pierre Bruneau ou Denis Lévesque en studio. Ils sont quasiment cadenassés à leurs pupitres de TVA-LCN.

Aux Échangistes à Radio-Canada, les recherchistes se font systématiquement dire non quand ils sollicitent des commentateurs de TVA Sports. Guy Jodoin, qui a visité Pénélope en 2016, n'ira pas cette année. « Il y a deux ou trois années où c'était plus lousse », constate Pénélope McQuade.

Selon elle, il faudra attendre à la fin du mois d'août pour dresser un bilan des «victimes» de la guerre froide, s'il y a lieu. «Pour l'instant, je ne sais pas trop si c'est une conjecture ou un resserrement», confie Pénélope McQuade.

Radio-Canada assure que ses artisans peuvent «aller donner des entrevues où ils le souhaitent, ailleurs que sur [ses] plateformes».

En même temps, il ne faut pas se leurrer. Les émissions de Radio-Canada, autant à la radio qu'à la télé, reçoivent de plus en plus de vedettes de la tour qui parlent de projets conçus par et pour la télévision/radio publique. Ne pas l'évoquer serait bien malhonnête.

Shooter pour les Barmaids!

Bonne nouvelle pour les fans - avoués ou non - de la téléréalité Barmaids de MusiquePlus. Elle a été reconduite pour une deuxième saison, qui débarquera dans vos télés cet automne, me rapportent des taupes fouineuses.

Marilyne, Carolane et Sandrine reprendront du service derrière le zinc, et trois nouvelles travailleuses de nuit se joindront à elles, soit Ann-Gaël, Eve et Vanessa. Vues dans la première saison, Jessica et Rachel, qui ont réduit leurs heures dans les clubs, feront de courtes apparitions, sans plus. Éliane ne fait plus partie du décor.

Les trois recrues bossent dans des établissements montréalais (Taverne St-Sacrement, École privée et TRH bar), ce qui nous sortira de l'univers 450 de Carolane, Jessica et Marilyne.

Selon le réalisateur et concepteur de Barmaids, Simon Sachel, Ann-Gaël est la punk tatouée du groupe et Vanessa, la rockeuse et aspirante humoriste. Eve est plus studieuse, mais sait faire lever un party.

Et à quoi ressemblent les tournages, qui ont démarré il y a quelques jours? «Ça brasse beaucoup. C'est Barmaids à la puissance dix», répond Simon Sachel.

Les Appendices, pas morts, mais pas forts

Je sonnais l'alarme en décembre à propos de l'avenir pas très rose des Appendices à Télé-Québec. Six mois plus tard, leur sort a enfin été confirmé : le groupe humoristique perd son rendez-vous hebdomadaire pour la prochaine saison et n'hérite que de deux émissions spéciales, une de fin d'année et l'autre pour célébrer les 50 ans de Télé-Québec.

Ils n'ont pas été débranchés, mais c'est tout comme. C'est triste. Très moche, même. D'autant plus qu'ils s'apprêtaient à célébrer leur dixième saison en ondes.

Une vidéo expliquant le changement et la réduction du format des Appendices devrait être mise en ligne ce matin. Je m'ennuie déjà de Guy et René, de Monsieur Pouel, de Téton et Tétine, de Sylvie rencontre et de toutes leurs parodies délirantes.