Julie Snyder a appris le débranchement du Banquier par le truchement du Journal de Montréal, vendredi matin. Aucun patron de TVA n'a eu la délicatesse de la prévenir de la disparition de son émission avant que l'info ne sorte publiquement.

Après 20 ans passés dans une boîte où elle a toujours usiné des émissions hyper populaires, on s'entend que la démone aurait au moins mérité un appel de courtoisie, limite un courriel d'avertissement. Merci pour vos bons services, Madame Snyder, mais votre offre de prolongation de contrat est refusée. Me semble que c'est la base des relations de travail, non?

«Ça ne m'était jamais arrivé d'apprendre dans le journal que je perdais une émission. J'ai commencé à faire de la télévision à 16 ans et j'en ai 49 aujourd'hui. J'ai travaillé à TQS, Radio-Canada, France Télévisions et Vrak. Et ça fait 20 ans que je suis à TVA. C'est la première fois que ça se produit», explique Julie Snyder, à qui j'ai parlé vendredi soir.

«Au début, je me suis demandé si l'article était vrai. J'ai eu des textos de gens qui me demandaient si c'était vrai. Puis, je me suis dit: j'ai peut-être raté [jeudi] un appel ou un courriel de TVA. J'ai vérifié et personne de TVA n'a essayé de me contacter.»

Selon mes informations, la grande patronne de la programmation de TVA, France Lauzière, n'a téléphoné à Julie Snyder que vendredi matin, après que la nouvelle du Journal du Montréal eut été propagée partout sur les médias sociaux. Trop peu, trop tard.

Au bout du fil vendredi, Julie Snyder m'est apparue plutôt calme étant donné ces circonstances hors de l'ordinaire. A-t-elle encore un avenir professionnel à TVA? «Je ne le sais pas», répond-elle. A-t-elle proposé des solutions de rechange à la chaîne de Québecor Média? «Je ne peux pas répondre», glisse-t-elle.

Selon TVA, Le banquier perdait de l'argent en dépit de ses cotes d'écoute de 1,6 million de téléspectateurs. «Je ne suis pas la productrice, je ne peux pas commenter les chiffres», note Julie Snyder, recrutée par TVA bien avant que Québecor n'achète la station en 2000, ne l'oublions pas.

C'est une équipe de TVA, formée des producteurs François Carignan, Madeleine Cantin et Michèle Pelletier, qui manufacture le jeu des valises, dérivant du format Deal or No Deal. Les commanditaires prestigieux - tels Sunwing, BMR, la RBC, Nissan, Le Château, Jean Coutu et Vidéotron - s'y affichent tous les dimanches soir. Difficile d'imaginer que c'est Le banquier qui plombe les résultats financiers de TVA.

J'ai l'impression que TVA a profité du contexte économique difficile que vivent les médias pour noyer Le banquier. La 12e saison se terminera au printemps 2017 avec six nouvelles émissions, dont les enregistrements ont été bouclés en juillet.

Cet été, Julie Snyder a demandé à TVA si elle tournait sa dernière saison du Banquier, car elle souhaitait bricoler une émission spéciale d'adieu qui aurait souligné les moments forts des 12 saisons. TVA ne lui a jamais fourni de réponse.

Julie Snyder a également refusé de commenter le déroulement des rencontres exploratoires qu'elle a eues avec TVA cet automne. Selon des taupes, elle aurait soumis au diffuseur des projets télé dans la lignée d'Occupation double et Star Académie. Ses propositions auraient toutes été écartées.

Pas besoin d'être Nostradumas pour comprendre que les relations entre Julie et TVA sont loin d'être cordiales. Pas besoin, non plus, d'être un grand devin pour constater que cette histoire déborde largement le cadre professionnel.

Julie Snyder a récemment participé à La soirée est (encore) jeune à ARTV et elle a fait un tabac. Elle souhaite - et nous aussi - reprendre les rênes d'un talk-show. J'espère que quelqu'un à Radio-Canada est à l'écoute. Une joueuse nouvellement autonome semble prête pour une transaction majeure. Et elle est capable de jouer sur le premier trio.