Le voilà, le buzz télé de l'été. Tous les téléphages - et quelques cinéphiles égarés - ne jurent que par cette télésérie-là: Stranger Things du service Netflix, qui chatouillera assurément votre fibre nostalgique, si elle n'est pas trop usée, pour les années 80.

Stranger Things, c'est exactement comme un bonbon sucré Gobstopper qui changeait 12 fois de couleur avant de se dissoudre complètement. La première enveloppe de la série évoque le très bon long métrage Stand by Me de Rob Reiner, adapté d'une nouvelle du maître de l'angoisse Stephen King.

La deuxième strate puise abondamment dans le catalogue de Steven Spielberg avec un tas de références à Poltergeist, E.T. et The Goonies. La troisième épaisseur rappelle des classiques plus sombres comme Alien de Ridley Scott ou Halloween de John Carpenter, pour la musique d'accompagnement, entre autres.

Rendu à la quatrième couche, ça se balade dans les eaux d'excellentes productions d'ados du cinéaste John Hughes (Pretty in Pink ou Some Kind of Wonderful).

Étonnamment, les touches d'horreur, de science-fiction et de comédie dramatique se mélangent parfaitement, ce qui débouche sur une série de huit épisodes bien construits, aucunement décousus.

C'est actuellement offert sur Netflix, en anglais et en français, et c'est une consommation d'été parfaite.

Bien sûr, Stranger Things résonnera beaucoup plus chez ceux qui ont connu les téléphones à roulette, les bicyclettes à siège banane et les voitures avec portières en bois. Pour les autres, ça ne collera pas autant. Et qui de mieux que l'icône des années 80 et 90 Winona Ryder pour porter un tel projet?

Stranger Things se déroule à l'automne 1983 dans un village tranquille de l'Indiana. Quatre enfants de 12 ans un peu geek y forment une bande tissée serré qui trippe sur le jeu Donjons et dragons et les figurines de Star Wars. Le soir d'un violent orage, l'un d'entre eux, le petit Will, disparaît après avoir été pourchassé par une créature surnaturelle.

Le lendemain, une enfant aux cheveux hyper courts débarque dans un casse-croûte vêtue d'une chemise d'hôpital. Sur son poignet, un tatouage du chiffre 11. Se serait-elle enfuie d'un laboratoire militaire situé tout près, où le mystérieux Dr Martin Brenner (Matthew Modine) mène des expériences ultra-secrètes?

Alors qu'ils recherchent leur copain Will, les trois camarades croisent l'énigmatique fillette du snack-bar au crâne rasé et la prennent sous leur aile. La préado parle peu, mais possède des pouvoirs mystérieux, dont celui de télékinésie. Et elle identifie Will sur une photo, même si elle ne l'a jamais croisé en vrai.

En parallèle, la maman de Will (Winona Ryder), une femme pauvre qui bosse au magasin général, perd les pédales. Elle reçoit des appels anonymes où elle entend le souffle de son fils avec des bruits atroces en arrière-plan. Les lumières clignotent, le téléphone prend en feu, et le chien familial détecte une présence anormale. Manifestement, un monstre invisible habite chez elle.

À l'école secondaire, la grande soeur d'un des membres du gang des nerds vit sa première histoire d'amour avec le gars cool de la place. Lors d'une fête chez ce garçon dans le vent, une ado est capturée par la bibitte gluante non identifiée. La police locale, peu habituée à autant de drames, en arrache.

La grande vedette de Stranger Things n'est pas Winona Ryder, même si elle campe brillamment cette mère hystérique. Il s'agit plutôt des enfants de la série, qui sont exceptionnels. Vraiment, ils éclipsent tous les acteurs adultes de la production.

La reconstitution de l'époque, à la façon de The Americans, est irréprochable: les immenses montures de lunettes, les jeans à taille haute, les meubles bruns, la Pinto, le dessin animé He-Man et la montre-calculatrice, tout y est.

Quant à la trame sonore, elle est délicieuse avec des pépites hétéroclites telles Africa de Toto, Should I Stay or Should I Go de The Clash, I Melt With You de Modern English et Waiting For a Girl Like You de Foreigner.

Stephen King et Guillermo del Toro ont déjà gazouillé leur amour pour cet hommage réussi aux superproductions des années 80. On s'entend: le scénario de Stranger Things ne révolutionne absolument pas le petit écran, mais comment résister à un cube Rubik, un Commodore 64 et une affiche du film Evil Dead?