Sébastien Benoit et Bianca Gervais se complètent très bien, les juges Daniel Vézina et Normand Laprise dosent adéquatement la sévérité de leurs remarques, le stress grimpe de façon dramatique au quartier général, mais il manque un ingrédient magique, une épice secrète, pour transformer Le combat des villes en incontournable de la télévision estivale.

Quoi exactement? L'aspect «tournoi» de la téléréalité de Radio-Canada encourage une forme d'arrogance et de fanfaronnade, qui épuise à la longue. Parfaitement à l'aise devant les caméras, ces nouveaux joueurs en beurrent épais pour donner un spectacle, comme l'ultra-confiant Jean-Claude, de Chelsea, et les deux Longueuillois, Rock et Dany, dont le mâche-patates ne comporte pas de bouton pause, visiblement.

Les deux profs de Longueuil à l'énergie thermonucléaire ont été difficilement supportables lors de leur premier défi. En plus, les bottines n'ont pas suivi les babines: le bavard duo du 450 a été battu par les cuistots de Granby. Oups.

La formule en couple complique l'attachement aux candidats, car dans un tandem, il y a toujours un participant que l'on aime et un autre qui nous laisse de glace. Comment alors se ranger derrière une ville et l'encourager jusqu'au dernier épisode? Jusqu'à présent, l'équipe de Saguenay demeure ma préférée, suivie de celles de Montréal et de Granby.

En recrutant des cuisiniers professionnels, plutôt que des aspirants comme dans Les chefs!, la progression de ces cordons bleus est moins évidente à suivre. Ils commettent des gaffes, certes, mais ils maîtrisent la plupart des techniques, en excluant le massacre du veau à la scie au quatrième épisode.

Et on apprend moins de trucs et d'astuces dans Le combat des villes que dans Les chefs!, où les jeunes s'amélioraient sous nos yeux, de semaine en semaine.

Les téléspectateurs s'identifient plus à un cuisinier qui commet des bourdes et qui les corrige qu'à un pro qui se fait chicaner parce qu'il n'a pas - scandale! - manchonné sa pièce de viande.

Les retours à l'hôtel de ville et la chasse aux aliments qui en découle, de style Amazing Race, ne servent pas à grand-chose, à part peut-être combler une obligation de contenu régional. Ce qu'on aime dans une compétition culinaire, c'est ce qui se passe aux fourneaux, pas au volant d'une auto.

Les concurrents du Combat des villes associés à des restaurants connus (Le pied bleu, Les enfants terribles, le 357c, l'Antidote Foodlab ou le Clocher penché) risquent gros, je trouve. Iriez-vous dépenser plus de 150 $ dans un endroit réputé où le chef-propriétaire est incapable de cuire correctement des asperges, comme nous en avons été témoins au dernier épisode? Pas moi.

J'adore la dynamique entre les juges Daniel Vézina et Normand Laprise, à qui rien n'échappe. Au troisième épisode, ils ont sermonné les gars de Granby, super relax, qui ont pris le temps de se concocter un cocktail en plein défi. Ça ne se fait pas! ont tonné Vézina et Laprise.

Leurs observations affûtées tranchent comme des couteaux. Comme ils évaluent des gens d'expérience et non des jeunes pousses, ça passe comme du beurre dans la poêle. J'en prendrais une portion supplémentaire.

De tous les chefs invités, c'est Martin Juneau du Pastaga et Marc-André Jetté du Hoogan & Beaufort qui ont été les plus pertinents. À l'opposé, Charles-Antoine Crête du Montréal Plaza a été peu bavard, et le français de Joe Mercuri a été difficilement décodable.

Le mythe du chef tatoué n'aura pas été démoli cette année: à peu près tous les hommes du Combat des villes ont de l'encre sous la peau, dont le chanteur de «metalcore» de Sherbrooke, Jonathan Cabana, ancien leader de la formation Blind Witness.

Notons aussi la présence du sosie de l'acteur Mikhail Ahooja (Walter Roy, de Montréal). Même le célèbre Thermomix a fait un retour en force cet été.

Dernier truc qui chicote. Avant le générique du début, les animateurs résument l'épisode de la semaine précédente et nous révèlent qui s'affrontera ce soir. Puis, après le panneau d'ouverture, Bianca et Sébastien procèdent à la pige des équipes comme si personne n'avait écouté leur introduction. On s'entend: il n'y a plus aucun suspense ici, le punch ayant déjà été dévoilé.

Aux audimètres, les deux premiers épisodes du Combat des villes ont captivé 511 000 personnes, ce qui inclut les téléspectateurs qui les ont enregistrés. À titre comparatif, les deux premières émissions de Les chefs! - La brigade avaient planté 724 000 curieux devant leur poste en 2015.

La ronde de la dernière chance s'annonce croustillante lundi. Est-ce que nos vantards du début afficheront la même superbe? Ça m'étonnerait, on dirait.