Deux petites heures par jour. C'est le temps que consacre à sa télésérie favorite un téléphage en plein gavage, selon des statistiques étonnantes dévoilées mercredi dernier par le géant américain Netflix.

Donc, si vous engloutissez deux tranches d'Orange Is the New Black tous les soirs avant de sombrer dans les bras de Murphy Brown, vous entrez dans la catégorie des consommateurs compulsifs de télévision, ceux parmi les plus intenses dans leur dévotion au petit écran.

Euh, si je me fie aux sondages internes de la firme Dumas et associés, deux heures de télé pendant une soirée, franchement, c'est loin d'être de l'obsession. C'est la base. C'est l'amuse-gueule d'une vraie séance de boulimie télévisuelle qui implique a) du linge mou, b) un week-end pluvieux et c) les numéros de téléphone de tous les livreurs de bouffe minute du quartier.

N'importe qui ayant été aspiré par Breaking Bad ou Série noire le confirmera : souvent, c'est par blocs de cinq, six ou sept heures que ça défile sur nos ordis ou dans nos téléviseurs. Ça, c'est du gavage, souvent accompagné d'hallucinations visuelles et d'un coma de nourriture trop grasse.

Pour construire son échelle de binge watching, Netflix a compilé, entre octobre 2015 et mai 2016, l'écoute d'une centaine de séries réparties dans 190 pays. Et quelle production a été avalée le plus rapidement dans le monde ? Il s'agit de The Fall, un thriller policier de la BBC qui met en vedette Jamie Dornan et Gillian Anderson. C'est angoissant à souhait. On y suit un tueur de femmes en série (Dornan) que tente de coincer une formidable détective (Anderson).

Un abonné de Netflix prend cinq jours pour passer au travers de sa télésérie préférée. Les titres qui se finissent le plus vite ? Sense8, Orphan Black, The Walking Dead, Motel Bates et American Horror Story. Principalement des trucs de science-fiction, d'horreur et de suspense.

À ma grande surprise, House of Cards, la série préférée de ceux qui regardent peu de télé, ne suscite pratiquement pas d'obsession, ses adeptes préférant savourer lentement chacun de ses chapitres. En fait, House of Cards se situe au bas de l'échelle de l'écoute en rafale, loin derrière Daredevil, Bloodline, Marco Polo et Narcos.

C'est épeurant à quel point Netflix connaît la moindre petite habitude de chacun de ses clients. Temps accordé avant de décrocher d'une série ou heure à laquelle on s'installe devant nos programmes, toutes ces données sont entrées dans l'algorithme très sophistiqué de Netflix, qui se personnalise toutes les 24 heures.

Voici pourquoi la liste des propositions change si souvent et qu'elle se rapproche dangereusement de nos goûts réels. Plus on consomme de stock sur Netflix, plus Netflix raffine ses suggestions, plus on sera porté à consommer davantage sur Netflix, et ainsi de suite.

Si un consommateur ne déniche pas du bon contenu sur Netflix dans un délai de 90 secondes, il se débranchera, optera pour la télé traditionnelle ou un jeu vidéo. D'où l'importance de Netflix de nous accrocher rapidement avec une page d'accueil taillée sur mesure.

Autre détail fascinant : un utilisateur de Netflix parcourra un maximum de 20 fiches d'émission avant de se décider. Si rien ne le titille dans ces 20 suggestions, bonsoir, il est parti !

EN FRANÇAIS, SVP !

D'abord, un gros merci, lecteurs passionnés, pour votre généreuse contribution au sondage maison à propos des séries américaines ou internationales. Les courriels sont entrés par centaines et ma page Facebook a été prise d'assaut. J'ai tout lu, sur toutes les plateformes, Twitter compris.

Premier constat de l'épluchage intensif de vos missives : vous aimez découvrir de la bonne télévision, peu importe sa provenance. L'offre est tellement volumineuse (Netflix, chaînes spécialisées, iTunes) que vous aimez que l'on fasse un solide tri en amont. C'est noté.

Ensuite, beaucoup d'entre vous ne rechignent pas du tout à visionner une télésérie en anglais. Et si votre anglais n'est pas à point, les sous-titres aident toujours, surtout pour les productions britanniques ou australiennes (allô, Wentworth, autre émission à découvrir).

Les mauvais doublages vous agacent (celui de RélleMENT, une série pourtant si bonne, est atroce). Vous payez pour Super Écran, mais aussi pour HBO Canada ou The Movie Network.

Mais ce qui ressort le plus de votre courrier, c'est qu'il y a de la place pour tout dans cette chronique. Que ce soit Rectify, Mensonges, Occupied ou Ruptures, vous êtes des curieux insatiables, et ça me plaît énormément. Alors, on continuera de se jaser ici de ce qui nous allume, avec un accent québécois plus prononcé !