Le choix de la chanson à l'étape des duels de La voix propulse ou coule un candidat. Aussi radical que ça. La sélection de la pièce par le coach indique (trop) souvent de quel côté du ring il penche.

La première bataille de dimanche soir a, une fois de plus, prouvé cette théorie presque scientifique. À la première ronde, le jeune crooner Markos Gonzalez Clemente, 15 ans, avait épaté la foule avec sa dégaine de Frank Sinatra, en version miniature, rappelez-vous.

Et qu'est-ce qu'Éric Lapointe a proposé pour son affrontement contre Haingo Nirina, 33 ans? Le classique Cheek to Cheek de Fred Astaire et Ginger Rogers. Allô le match parfait pour Markos. Sans surprise, l'ado a triomphé. Aucune chance pour Haingo ici.

Les arrangements «swing» de Suddenly I See de KT Tunstall ont également favorisé Tim Brink, 40 ans, quand il a partagé la scène avec Stefanie Parnell, 25 ans. Pour son sourire contagieux, ses mouvements fluides et sa voix ronde, Tim a été promu à l'étape suivante. Il le méritait.

Des quatre coachs, Ariane Moffatt a été celle qui a assemblé les duels les plus équilibrés et les moins prévisibles, dimanche.

Déterminer qui allait l'emporter entre Mary-Pier Guilbault, 30 ans, et Élie Haroun, 40 ans, sur la chanson Sunny (en français), c'était loin d'être évident, car nous avions affaire à de vrais pros.

Ces deux compétiteurs ont à ce point brillé qu'avant même qu'Ariane ne tranche, Pierre Lapointe et Marc Dupré avaient signalé leur intention de voler l'exclu. Cela ne se voit à peu près jamais. Ariane a conservé son ami Élie et Mary-Pier a marché vers Marc Dupré.

Le moment le plus surprenant, voire incompréhensible, de l'émission est survenu quand Éric Lapointe a écarté la puissante Stéphanie St-Jean, 25 ans, pour garder l'écorché Thomas Argouin, 21 ans. Pardon? Stéphanie avait pourtant écrabouillé son adversaire, qui compensait par des sauts de puce à la verticale.

Sans tomber dans la psychologie à deux cennes, on a senti qu'Éric s'est reconnu dans le parcours de vie rock'n'roll du Beauceron et qu'il a voulu le sauver, dans tous les sens du terme. Dieu merci, Pierre Lapointe a eu l'intelligence de récupérer Stéphanie. Ç'aurait été du gaspillage que de l'éliminer aussi tôt dans la compétition.

Autre moment bizarre: le vol de Rafaëlle Lafrance, 50 ans, par Ariane Moffatt. Pour être 100 % honnête, je ne comprends pas du tout l'engouement collectif autour de cette femme à la voix enfantine. Même chose pour l'imitateur d'Elvis, alias Alexander Brown, 27 ans: je vois difficilement comment il pourrait remporter les grands honneurs.

Par contre, Mélanie Cormier, 30 ans, l'ex-coéquipière d'Alexander dans l'équipe de Marc Dupré, possède ce joli timbre country qui séduit les téléspectateurs de La voix. Preuve convaincante: la «carrière» de Yoan Garneau.

Deux numéros n'ont pas cassé la baraque, dimanche. Super nerveuse, la Janis Joplin de Montréal, Pastel Soucy-Gagné, a été décevante, elle qui avait été si ravissante aux auditions à l'aveugle. Le choix de chanson, Octobre des Cowboys fringants, a failli avoir sa peau.

Puis, Sabrina Bellemare, 31 ans, et Anna-Kim Léveillé, 22 ans, ont repris Les brunes comptent pas pour des prunes, pièce popularisée par Lio au milieu des années 80. Personne ne peut bien paraître là-dessus. Au risque de radoter, encore un choix douteux de chanson. Un autre.

Sabotage presque parfait

Coup de pub parfaitement réussi pour l'humoriste et vlogueur Julien Bernatchez, qui a marqué, par sa performance volontairement pourrie, la dernière semaine d'Un souper presque parfait sur les ondes de V.

Avant la «concoction» de son repas dégueulasse à thématique «fête d'enfant», peu de gens connaissaient ce «comique» barbu à lunettes. Aujourd'hui, sa soupe à l'eau avec des grumeaux de chou-fleur et son château de saucisses Hygrade lui ont valu une percée auprès du grand public.

Pour Julien Bernatchez, c'est mission accomplie. Son «personnage» décalé a provoqué un bon buzz sur les réseaux sociaux, car sa note catastrophique - 9 sur 40 - a été la pire de toute l'histoire d'Un souper presque parfait. C'est, bien sûr, ce qu'il cherchait en servant de la bouffe trash dans des couverts en plastique achetés au Dollarama: battre un record de médiocrité pour faire parler de lui.

Mais était-ce drôle et subversif? Pas trop, non. C'était surtout plate pour les quatre autres concurrents de la téléréalité, qui, eux, se sont forcés pour recevoir avec des aliments de qualité.

Peter le barman, Anne-Sophie l'étudiante, Céline la travailleuse de rue et Jonathan l'électricien, qui ont été embarqués dans cette «expérience» malgré eux, ont été bien gentils de ne pas revirer Julien Bernatchez comme une crêpe. Il n'y avait rien de rigolo à le voir tout bâcler en cuisine.

À Un souper presque parfait, je préfère les personnages authentiques, qui jouent leur propre rôle, à ceux qui s'inscrivent pour les mauvaises raisons. Vive les Rosaire. Désolé, Julien.