À ajouter aux productions enterrées dans le cimetière de Télé-Québec: Une histoire vraie. Ces faux mini-documentaires, qui ont confondu bien des téléspectateurs, ont été torpillés par la haute direction en début de semaine.

Une histoire vraie s'ajoute aux productions Subito texto, Dis-moi tout de France Beaudoin, 125, Marie-Anne de Christiane Charette et Bazzo.TV de Marie-France Bazzo, qui ont toutes passé à la trappe. Comme quoi le visage de Télé-Québec changera d'apparence cet automne.

L'automne dernier, les huit épisodes de la deuxième saison d'Une histoire vraie, produits par la boîte KOTV de Louis Morissette, ont attiré une moyenne de 70 000 personnes. Dans la première fournée de «documenteurs», relayés à l'hiver 2015, celui où Joël Legendre organisait des combats illégaux de chiens avait provoqué la colère de nombreux internautes, qui avaient été mystifiés par ce récit humoristique inventé de toutes pièces.

Pour justifier le retrait d'Une histoire vraie de ses ondes, Télé-Québec affirme vouloir «privilégier des comédies avec des personnages récurrents, car il est difficile de fidéliser un auditoire en recommençant, semaine après semaine, une nouvelle histoire et avec de nouveaux comédiens». Ce qui n'est pas faux.

L'arrivée de Denis Dubois à la direction des programmes de Télé-Québec, où il a succédé à Dominique Chaloult, a provoqué la mort de nombreuses émissions phares de la chaîne publique. Des espions se demandent même si Denis Dubois, ancien cadre chez Québecor Média, n'essaie pas d'effacer toute trace de son prédécesseur dans la grille de «l'autre télévision».

Dans le camp adverse, des sources estiment que Dominique Chaloult, maintenant directrice générale de la télé française de Radio-Canada, pige un peu trop dans le bassin des vedettes associées à Télé-Québec.

La semaine dernière, Dominique Chaloult a recruté Patrick Lagacé pour coanimer Deuxième chance avec Marina Orsini, où ils intervieweront des gens souhaitant demander pardon à une vieille connaissance ou remercier un inconnu.

Dominique Chaloult a aussi embauché Bianca Gervais pour tenir les manettes, en compagnie de Sébastien Benoit, du Combat des villes, qui remplacera Les chefs! cet été. Bianca Gervais et son époux Sébastien Diaz crèchent à Télé-Québec depuis deux ans avec leur Format familial.

Ah oui, Sébastien Diaz a été mandaté pour réaliser et animer le talk-show web bricolé autour de Série noire.

C'est également Dominique Chaloult qui a promu Jean-Philippe Wauthier aux Dieux de la danse à la SRC. Vrai, Wauthier s'est fait connaître à la radio de Radio-Canada, mais il a fait ses premières armes au petit écran à Télé-Québec. D'abord à La une qui tue, puis à Deux hommes en or.

Dominique Chaloult a la réputation d'être hyper loyale envers ses collaborateurs. Autre preuve? Marc Labrèche, qu'elle a amené à Télé-Québec pour Les bobos et qu'elle ramène à Radio-Canada pour Info, sexe et mensonges. Difficile de lui en vouloir pour ça.

Déplaçons la cérémonie

Y a-t-il vraiment une «urgence urgente» de décerner des prix de cinéma à peine un mois après les révélations explosives sur la pédophilie de Claude Jutra?

N'aurait-il pas été plus prudent de déplacer le gala télé en avril ou en mai, le temps d'attribuer un nom permanent à cette cérémonie? On distribue bien les Olivier en mai et les Artis à la fin d'avril. Dans ces circonstances très graves, la saison des galas québécois aurait pu se prolonger exceptionnellement et personne n'aurait rouspété.

Parce que le 20 mars, la poussière ne sera pas retombée sur l'affaire Jutra. C'est beaucoup trop tôt. Les révélations sur le passé du réalisateur de Mon oncle Antoine ont profondément ébranlé et choqué le grand public, en plus de diviser la colonie artistique.

Honnêtement, qui a le goût de fêter, qui a le goût de défiler sur le tapis rouge? Déjà que l'assistance des (feus) Jutra a la réputation d'être la plus difficile et la plus intransigeante du showbiz, imaginez maintenant le malaise qui flottera dans la salle. Le mandat de Pénélope McQuade et Stéphane Bellavance à la coanimation se complique encore plus.

Les artisans, qui ont injecté coeur et âme dans leurs films, n'ont pas à être pénalisés par cette controverse. En lieu et place du gala des Jutra, j'aurais quasiment préféré voir une édition spéciale de Tout le monde en parle consacrée aux gagnants et finalistes.

Ç'aurait été la solution du compromis. Les meilleurs films de 2015 auraient obtenu une super visibilité, car le plateau de Guy A. Lepage génère beaucoup plus d'audience que la remise des prix du cinéma québécois. Les lauréats auraient pu s'exprimer pendant plus que 60 secondes au micro. L'abcès aurait été crevé collectivement. Et personne ne se serait senti obligé de s'étamper un beau sourire figé devant les caméras.