À lire vos messages électroniques enflammés, chers lecteurs mordus de télé, vous ne portez pas dans votre coeur (de Séraphin?) Les pays d'en haut, télésérie rebrassée sous forme de western hyperréaliste à Radio-Canada.

Vous guettez le moindre anachronisme pour hurler au sabotage du classique de Claude-Henri Grignon. Vous analysez chaque mot, chaque réplique ou chaque expression qui sonne trop moderne pour le village de Sainte-Adèle en 1886.

Vous trouvez qu'Antoine Bertrand ne ressemble pas du tout au vrai curé Labelle. Vous râlez que les valeureux colons ne devaient pas baiser de façon aussi débridée à une époque où l'Église catholique dormait pratiquement dans les chambres à coucher de ses ouailles.

Vous n'appréciez pas les scènes plus comiques entre Caroline et Jos Malterre (Anne-Élisabeth Bossé et Claude Despins), les propriétaires de l'hôtel du village. Et la nouvelle Donalda (Sarah-Jeanne Labrosse) vous tape sur les nerfs avec son air permanent de biche effarouchée. Voilà un bon résumé de deux semaines de courriels reçus au département des plaintes chez Dumas inc.

Croyez-moi, je partage votre passion pour les détails, mais vous êtes difficiles envers cette télésérie signée Gilles Desjardins, qui surpasse en qualité bien des émissions que l'on pourrait poivrer davantage.

La glissade des cotes d'écoute des Pays d'en haut semble signaler, comme vos missives, une forme de désenchantement public.

Le premier épisode a été vu par 1 416 000 téléspectateurs et le troisième, relayé lundi soir, a été suivi par 1 175 000 personnes.

Impossible de blâmer Les jeunes loups de TVA pour cet effritement, car les chiffres de la série de Réjean Tremblay ont aussi descendu, passant de 661 000 curieux la première semaine à 579 000 lundi soir.

Heureusement, les enregistrements ont propulsé le premier épisode des Pays d'en haut à 1 854 000 adeptes (hausse de 31 %) et celui des Jeunes loups à 972 000 fans (hausse de 47 %). N'empêche. On dirait que je m'attendais à plus de consommation en direct des Pays d'en haut.

Parce que j'ai vu les épisodes deux fois et je les trouve toujours aussi bons. Parce que Vincent Leclerc épate dans le rôle de Séraphin Poudrier. Parce que j'adore Délima Poudrier (irrésistible Julie Le Breton). Parce que le réalisateur Sylvain Archambault a recréé avec beaucoup de réalisme cette ambiance de Far West dans les Laurentides.

Parce que le texte original a été habilement remanié par le scénariste Gilles Desjardins. Parce que j'aime que notre télévision se donne encore les moyens de fabriquer de la série historique.

Il y a peut-être Donalda Laloge qui pourrait se défâcher, ça c'est vrai. Et je vous concède que la passion entre Donalda et Alexis Labranche (Maxime Le Flaguais) est loin d'être aussi brûlante que celle qui a dévoré Émilie Bordeleau (Marina Orsini) et Ovila Pronovost (Roy Dupuis).

Regardez Transparent!

Ça débutait jeudi soir (21 h) sur les ondes d'ARTV et vous ne vouliez pas rater cette très bonne série des studios Amazon. L'histoire de Transparent? Celle d'un père de famille californien dans la soixantaine (excellent Jeffrey Tambor), qui annonce à ses trois enfants d'âge adulte, tous aux prises avec leurs propres bibittes, qu'il vivra dorénavant en femme.

Transparent n'est pas du tout gnangnan. La transition du paternel bouscule la cellule familiale, fait ressortir des souvenirs pas trop jolis et force chacun des enfants à réévaluer sa propre existence, déjà compliquée, merci. C'est grinçant, intelligent et touchant à la fois.

La suite du Clan

Vous avez été des dizaines et des dizaines à me poser des questions sur la minisérie Le clan: pourquoi a-t-elle été retirée de la grille du samedi soir à Radio-Canada? Pourquoi l'intrigue n'a-t-elle pas été résolue?

Voici les réponses. D'abord, la première saison du Clan ne comptait que six épisodes, qui ont tous été diffusés cet automne à la SRC. Moyenne d'écoute, qui inclut les gens qui l'ont visionné en différé: 421 000 téléspectateurs.

La suite du Clan, qui comprend six nouveaux épisodes, atterrira sur ARTV à partir du mercredi 16 mars à 22 h. Radio-Canada les récupérera à son antenne principale plus tard ce printemps. Ceux qui ont raté la première tranche de cette intéressante minisérie policière pourront se rabattre sur ARTV à partir du mercredi 3 février à 22 h. Affaire classée!