J'ai attendu une semaine complète de diffusion avant de me prononcer sur le retour de Piment fort à TVA, 15 ans après son débranchement. Et alors? Ce n'est pas une catastrophe télévisuelle. Ce n'est pas non plus une émission qui deviendra un rendez-vous incontournable à la casa Dumas.

D'abord, la foule du Café Campus hurle beaucoup trop fort pour le niveau de drôlerie des gags. Quelques comprimés d'Ativan dilués dans les pichets de bière ne nuiraient pas.

On a l'impression que ce public survolté assiste à un match de lutte de sous-sol d'église plutôt qu'à un spectacle d'humour.

Ensuite, la qualité des émissions varie énormément d'un soir à l'autre. Mercredi, le show a démarré avec trois blagues franchement plates. Comme nous, Normand Brathwaite l'a constaté et a saisi la balle au bond: «Inquiétez-vous pas, il va y avoir d'autres jeux!» L'animateur aux chapeaux funky a même traité Dominic Sillon et Guy Jodoin de «pourris».

Les enchaînements entre les jeux manquent parfois de fluidité, car le capitaine s'accroche souvent dans son texte. Quand certaines histoires comiques portent sur le WiFi, Instagram, Tinder, un statut Facebook ou des sextos, on sent que Normand Brathwaite décroche complètement, on comprend que ces nouvelles réalités de 2016 ne l'intéressent pas du tout. Dommage, car ces sujets risquent de revenir régulièrement sur le tapis.

Au deuxième épisode, Brathwaite a poussé une craque sur Pitbull et a enchaîné: «Je viens de nommer un groupe que je ne connais absolument pas.» Pitbull, c'est un chanteur. Pas un groupe. Passons.

Par contre, Normand Brathwaite compense ses lacunes en culture populaire par de l'autodérision salvatrice. 

Il a rigolé de son «pacemaker qui tient le beat quand il joue du tam-tam» et s'est moqué de son ancien emploi à la barre du jeu Privé de sens de Radio-Canada en bitchant: «Estie que c'était plate.»

Évidemment, Brathwaite sert de défouloir aux panélistes, qui l'ont traité de «has been», ont évoqué son «burn-out» et ont pointé son double menton. C'est de bonne guerre.

La facture visuelle de Piment fort - très jolie - a été actualisée et la banque de jeux, gonflée. Il manque cependant l'esprit délinquant que possédait Piment fort à l'époque. Aujourd'hui, rien ne sort du cadre et la folie de 1998 ne se recrée pas aussi facilement.

Quand les trois invités baissent le regard, on voit très bien qu'ils lisent leur prochain punch. Ce n'est même pas subtil. Aussi, le maître ou la maîtresse de cérémonie (Denis Coderre, Enrico Ciccone, Éric Lapointe et Sophie Durocher) ne servent strictement à rien. On les aperçoit à peine 15 secondes au début et pouf! ils disparaissent. Pas nécessaire.

Autant Mariana Mazza a été excellente toute la semaine, autant Guy Jodoin en a arraché. Mais peut-on blâmer Guy Jodoin ou les scripteurs qui ne lui ont pas fourni de bon matériel?

Mariana Mazza a été franchement épatante. Sa façon de livrer les blagues, même les plus moyennes, frappait toujours fort. Bravo. Et ceux qui craignaient les vacheries envers les personnalités connues ne pourront pas râler: il n'y en a pas eu. Pierre Hébert, Tammy Verge et Michel Barrette prennent le relais cette semaine.

Cotes d'écoute de Piment fort

Lundi: 1 674 000

Mardi: 1 189 000

Mercredi: 1 091 000

Jeudi: 1 000 000

Le chiffrier télévisuel

Costaud vendredi de premières à Radio-Canada. D'abord, Virtuose de Gregory Charles a été suivie par 532 000 personnes, le Ti-Mé Show a intéressé 629 000 fans et le retour de Série noire a attiré 231 000 adeptes. À Télé-Québec, Deux hommes en or est montée à 205 000 curieux. Ça finit bien la semaine de TVA a toutefois été l'émission la plus populaire du vendredi avec 871 000 téléspectateurs.

Samedi soir, Outlander - Le chardon et le tartan a rejoint 461 000 fidèles, un très bon score. Dimanche soir, La voix (2 518 000) a bien sûr triomphé loin devant Tout le monde en parle (1 023 000).