On n'a jamais une deuxième chance de réussir sa première impression, disait une vieille pub de shampoing Head & Shoulders à la fin des années 80.

C'est exactement ce qui s'est produit avec Vol 920 cet automne à TVA. Les téléphages québécois ont été réticents à embarquer dans ce deuxième tour du monde en raison des mauvais souvenirs laissés par la première mouture, qui a mal décollé et raté son atterrissage l'an dernier.

Épreuves trop faciles, personnalités moins fortes des globe-trotteurs ou une drôle d'impression de visionner une vidéo corporative de Vision mondiale, c'est ce qui est resté dans la tête de nombreux fans de téléréalité, qui n'ont pas renouvelé leur passeport pour la deuxième manche.

Pourtant, Vol 920 a été fort distrayant avec des défis autrement plus corsés, des candidats beaucoup mieux choisis et de la romance qui a mené à la formation de deux vrais couples, soit Carl et Audrey, de même que Chris et Marie-Josée.

Dans le meilleur des mondes, ce sont ces quatre-là qui auraient dû accéder à la finale. Parce qu'ils ont été de redoutables compétiteurs, parce qu'ils ont été authentiques pendant tout le voyage et parce que le but de Vol 920 est justement de former un couple durable. Mais, bon. La stratégie et la ruse déployées par Gabriel - quel bon joueur - ont modifié la trajectoire de plusieurs participants. C'est aussi ça, la téléréalité.

Dimanche soir sur les ondes de TVA, les deux derniers duos de Vol 920 qui s'affrontaient pour gagner des Jeeps, soit Marc-Olivier et Virginie (les Bleus), ainsi que Gabriel et Ariane (les Jaunes), n'étaient que des amis, rien de plus. Aucun amour ne flottait dans l'air.

Et auparavant, Marc-Olivier avait formé une équipe avec Ariane, tandis que Gabriel s'était déjà allié avec Virginie. C'est comme si ces quatre-là avaient pratiqué l'échangisme amical.

Ça risque donc de donner une finale bien ennuyeuse, ai-je pensé. Erreur. Le grand prix de Vol 920 s'est joué dans les cinq dernières secondes de la dernière étape du rallye. Gabriel et Ariane, très en avance sur leurs rivaux, avaient alors monté une solide structure de briques et, catastrophe!, l'ajout d'une ultime pierre a été fatal.

La tour des Jaunes, plus haute que celle de leurs adversaires, s'est écroulée comme un jeu de Jenga. Les Bleus, qui traînaient solidement de la patte, leur ont ainsi volé la victoire à l'arraché. L'animateur Yan England n'y croyait pas. Ariane a fondu en larmes. Gabriel aussi. Les quatre amis se sont finalement sauté dans les bras, Marc-Olivier et Virginie s'excusant presque de leur consécration.

Même s'il a provoqué un moment de télévision épique, ce revirement a été cruel pour Ariane et Gabriel, eux qui avaient dominé pendant presque tout l'épisode. Honnêtement, ils auraient mérité de triompher, d'autant plus que Virginie, 25 ans, a été une piètre compétitrice dimanche soir. Franche et directe, elle l'a elle-même admis à la caméra.

Végétarienne convaincue, Virginie a laissé Marc-Olivier, 24 ans, engloutir le festin péruvien (rein de boeuf, oeil d'agneau) à lui seul. Et elle a été un véritable boulet dans l'étape des bassins de sel. On sentait toujours Marc-Olivier à un (long) cheveu de rabrouer sa coéquipière.

Au départ, personne n'aurait pu prédire que Virginie progresserait autant dans le tournoi. Quand sa soeur Mélo a été éliminée au tout début, Virginie a bien failli passer à la trappe également. Elle s'est accrochée et s'est associée aux bonnes personnes. C'est aussi ça, la téléréalité.

Encore dimanche soir, les images du Machu Picchu ont été époustouflantes. Vraiment, de la Norvège aux îles Fidji, on ne s'est pas ennuyé en suivant les péripéties de ces 20 célibataires, surtout quand ils croupissaient au camp des exclus.

Comme dans toute téléréalité qui se respecte, des personnages ont été marquants, dont le manipulateur (Marc-André), le clown sympathique (Fousseni), l'agent perturbateur (Éric), l'intello sensible (Raphaël), la fille loyale (Mélanie), l'amoureuse intense (Mélodie) et la hippie-intello (Marie-Ève), qui a cité du Albert Camus quand elle a été évincée.

Ça changeait des «lâche pas eul'gros, on se revoit à Montréal pis on va virer tout un party».

Image fournie par TVA

Virginie et Marc-André ont remporté la deuxième saison de Vol 920 à l'arraché.