C'était, malheureusement, la bonne décision à prendre: il n'y aura pas de quatrième saison de Nouvelle adresse à Radio-Canada. L'épisode que vous verrez lundi soir tirera un trait définitif sur les hauts et les bas de la famille Lapointe.

L'auteur Richard Blaimert avait pourtant presque bouclé l'écriture de trois épisodes de ce quatrième volet, mais a changé d'idée en cours de route, de peur de pondre «la saison de trop». Le débranchement de Nouvelle adresse a été officialisé jeudi soir.

Rassurez-vous: l'ultime épisode de lundi, que j'ai déjà visionné, attache toutes les grosses ficelles et ne frustrera pas les fans en les abandonnant sur un moment de suspense non résolu. À ce sujet, les producteurs de la télésérie avaient prévu le coup: un gros élément dramatique touchant un personnage principal a été retranché de l'épisode final.

Si une quatrième saison avait été mise en chantier, ce punch amovible aurait été conservé au montage afin de relancer les intrigues dans les futures émissions, prévues pour septembre 2016.

Impossible de connaître, par contre, la nature de ce ressort scénaristique. C'est quasiment un secret d'État.

Lundi soir, vous saurez ce qui advient de l'enquête policière entourant l'assassinat de Béatrice (Rachel Graton). Vous connaîtrez le sort du mystérieux et violent Mike (Jean-Sébastien Courchesne). Vous découvrirez le destin du couple - qui bat de l'aile - formé par Simon (Pierre-Yves Cardinal) et Magalie (Monia Chokri). Vous serez aussi fixé sur les relations amoureuses entre Olivier (Patrick Hivon) et Max (Sébastien Delorme), de même celle entre Émile (Antoine Pilon) et la turbulente Marilou (Alyssa Labelle).

Bref, ça se conclut très bien et la télésérie quittera les ondes de la SRC sur des images émouvantes qui vous feront verser beaucoup moins de larmes que lors de la mort de Nathalie Lapointe (Macha Grenon).

Évidemment, quelques histoires secondaires impliquant Romy (Jade Charbonneau), Jean-Daniel (David Boutin) et Magalie demeurent en suspens. Rien pour vous mettre en beau pétard, toutefois.

En accouchant d'une quatrième année, le créateur Richard Blaimert craignait également de prolonger le deuil de ses personnages trop longtemps. Rendus en septembre 2016, probablement que les téléspectateurs - moi le premier - auraient trouvé que les Lapointe mettent énormément de temps à se remettre du départ de la belle Nathalie.

Maintenir l'intensité de Nouvelle adresse dans le tapis s'est également avéré plus ardu que prévu. «Je voulais arriver à une quatrième année aussi forte que les autres», justifie Richard Blaimert en entrevue téléphonique depuis Los Angeles, où il passe plusieurs mois par année.

Les derniers épisodes de la deuxième saison de Nouvelle adresse, ceux qui ont conduit Nathalie Lapointe à son dernier repos, ont été tellement puissants que ça ne devait pas être évident de planifier la suite. Sérieusement, comment accoter ça?

Sans la présence lumineuse de Nathalie Lapointe, la série a perdu son port d'attache, son phare. D'abord, la sympathique Danielle (Macha Limonchik) a égaré sa boussole interne, rompant sèchement avec Robin (Jean-Nicolas Verreault) et sombrant dans l'alcool. Émile est parti à la dérive, abandonnant ses études et volant même 5000$ à son oncle. Et Magalie a fait entrer le diable (allô, Évelyne!) dans son ménage et en a payé le prix.

L'absence de Nathalie se faisait cruellement sentir cet automne dans Nouvelle adresse. Les trames secondaires, comme la création de la Fondation Nathalie-Lapointe par Danielle ou l'histoire de Romy qui s'inscrit à l'université en cachette, ne portaient pas de charge aussi forte que les soins de fin de vie, par exemple.

Selon Radio-Canada, les épisodes de Nouvelle adresse ont été suivis, en moyenne, par 817 000 personnes cet automne, ce qui inclut les gens qui les ont regardés en différé. À TVA, la nouveauté rivale, Pour Sarah, a cartonné - souvent autour du 1,5 million - et grugé beaucoup d'audience au clan Lapointe.

Départ-surprise chez V

Petite onde de choc dans le milieu de la télé mardi après-midi: la directrice de la programmation de V, MusiquePlus et Musimax, Nathalie Brigitte Bustos, celle qui a catapulté en ondes En mode Salvail, Les recettes pompettes et Ma mère cuisine mieux que la tienne, a annoncé son départ du Groupe V Médias.

Non, il ne s'agit pas d'un congédiement. «Ça fait 14 ans que je travaille dans la même boîte. J'aime mieux partir quand tout va bien. Et Maxime Rémillard, ce n'est pas juste un patron, c'est un mentor et un ami», explique celle que tout le monde appelle NBB dans le petit monde télévisuel.

Et de quoi est-elle le plus fière de son passage chez V? La relance de MusiquePlus, avec Lip Sync Battle, et le repositionnement de V. C'est aussi sous le règne fructueux de NBB que des succès comme SQ, 911 et Ce soir tout est permis ont vu le jour.

Pour l'instant, Nathalie Brigitte Bustos souhaite prendre du temps pour réfléchir à la suite des choses. Pris de court par cette démission non prévue, le réseau V n'a (bien sûr) pas encore déniché de successeur à NBB.