Nouveau gouvernement à Ottawa, nouveau PDG à CBC/Radio-Canada? C'est ce qu'espèrent fortement les syndiqués de la grande tour montréalaise, qui signent actuellement par centaines une pétition réclamant la démission de leur grand patron, Hubert Lacroix, ainsi que celle de tous les membres du conseil d'administration.

Cette pétition a d'abord été transmise jeudi de façon électronique aux 3000 membres du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) et une version papier circule depuis mardi dans les corridors du quartier général, à Montréal.

Selon le syndicat, Hubert Lacroix, qui a été nommé en 2007 sous le règne du premier ministre conservateur Stephen Harper, n'a plus la légitimité pour diriger la télévision publique, lui qui l'a quasiment détruite à coups de compressions massives depuis 2009.

«Hubert Lacroix a toujours tenu le discours qu'il s'arrangerait avec l'argent qu'on lui donnerait. Il a agi comme un gestionnaire. Jamais il n'a défendu l'institution de Radio-Canada», tonne la présidente du SCRC, Isabelle Montpetit.

Les employés de la SRC fondent beaucoup d'espoirs en Justin Trudeau, qui a promis de réinvestir 150 millions par année dans Radio-Canada. Pour le moment, le syndicat en a gros sur le coeur et n'a toujours pas digéré «le virage amorcé vers la privatisation», les 3000 mises à pied effectuées au cours des six dernières années et le démantèlement quasi complet de la section des sports.

La liste des récriminations syndicales ne s'arrête pas là: fermeture du costumier, fin de la captation de la musique classique, diminution du temps d'antenne des bulletins régionaux partout au Canada, abondance de reprises à la radio, tout ça justifie un balayage complet à la haute direction de Radio-Canada, estime le SCRC.

Le syndicat reproche également à l'équipe du PDG Hubert Lacroix son empressement à appliquer «les compressions imposées par l'ex-gouvernement conservateur et même à aller au-delà». Bref, ça brasse dans la tour. Encore une fois.

Est-ce que le mécontentement généralisé des Radio-Canadiens trouvera un écho au sein du nouveau gouvernement libéral? Difficile à dire. Hubert Lacroix a été confirmé comme président-directeur général de la SRC en novembre 2007 et son mandat, d'une durée de cinq ans, a été renouvelé en octobre 2012. En théorie, M. Lacroix, avocat de formation, peut donc rester derrière les manettes jusqu'à l'automne 2017.

En pratique, ne plus du tout avoir la confiance de ses troupes, tant francophones qu'anglophones, mine considérablement l'autorité d'un gestionnaire. La semaine dernière, la Guilde canadienne des médias, qui représente la majorité des salariés anglophones de Radio-Canada, a également exigé la destitution de M. Lacroix et de ses acolytes du conseil d'administration. La grogne se manifeste dans les deux langues officielles, d'un océan à l'autre.

Le président du conseil d'administration de Radio-Canada, Rémi Racine, un proche des conservateurs, a été nommé en juin 2012 pour un mandat de cinq ans. Lui aussi peut demeurer en selle jusqu'en 2017.

Quand on bavarde avec des gens de la tour, une question revient systématiquement: pourquoi Hubert Lacroix n'a-t-il jamais pris la défense de ses troupes en public et pourquoi n'a-t-il jamais tenté de freiner le sabrage du gouvernement de Stephen Harper? C'est cet abandon en période de tempête qui leur reste en travers de la gorge.

Aux communications institutionnelles de Radio-Canada, on nous répond que «le PDG de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, est encouragé par le soutien que le nouveau gouvernement a exprimé pour la radiodiffusion publique et par son engagement à réinvestir dans CBC/Radio-Canada. Il est impatient de travailler avec lui, avec nos syndicats et avec nos employés afin que les Canadiens aient accès à ce qui se fait de mieux en radiodiffusion publique». Tiens, tiens.

Comme au Banquier de TVA, cette main tendue d'Hubert Lacroix sera-t-elle acceptée ou refusée par la nouvelle administration du pays?



Gros lundi pour TVA

Trois séries de fiction de TVA ont franchi la barre du million, lundi soir, catapultant la chaîne de TVA au premier rang de l'écoute. Il s'agit de Boomerang (1 203 000), Yamaska (1 243 000) et Pour Sarah (1 271 000). À Radio-Canada, plusieurs émissions phares du lundi en ont souffert, dont Les Parent (520 000), L'auberge du chien noir (661 000) et Nouvelle adresse (624 000). Du côté de V, Ce soir tout est permis (506 000) s'en est plutôt tiré bien.