La matière et les intrigues sont denses dans la minisérie Le clan de la scénariste Joanne Arseneau, que Radio-Canada lance le samedi 31 octobre à 21h. Une case horaire peu conventionnelle pour une production québécoise, avouons-le. Les samedis à 21h, Radio-Canada programme plutôt des fictions britanniques ou américaines, rarement manufacturées ici.

Un gros défi de visibilité attend donc Le clan, qui s'appuie sur une distribution solide. Heureusement que Tou.TV et les enregistreurs numériques existent.

Même si l'action décolle lentement dans les deux premiers épisodes (sur un total de six), ça vaut la peine de s'intéresser à ce suspense psychologique tourné dans la région de Québec et au Nouveau-Brunswick.

Le clan, c'est une incursion dans l'univers des délateurs, du crime organisé, de la politique municipale et des motards. C'est également une habile démonstration du poids que peuvent avoir les mensonges sur une personne qui mène une double existence et qui vit en permanence avec la peur d'être démasquée.

Car le personnage principal du Clan, campé par Sébastien Ricard, n'est pas celui qu'il prétend être. Dans sa nouvelle vie d'organisateur de festival western d'une petite municipalité québécoise tranquille, Jean-François Gagnon (Sébastien Ricard) habite avec la belle Brigitte (Karine Lagueux), la fille du maire (Luc Senay), et leurs deux jeunes enfants. Jean-François exploite une écurie renommée.

Mais huit ans auparavant, au Nouveau-Brunswick, Jean-François Gagnon était Yannick Moreau, un des membres du célèbre clan Moreau, qui trempait dans toutes sortes d'activités illicites.

Pour sauver sa peau lors d'un coup fumant qui a foiré, Yannick Moreau a vendu à la police son père Donald (Roger Léger), de même que ses trois frères Pascal (Pierre-Yves Cardinal), Steve (Louis-Philippe Dandenault) et Mathieu (Jean-Sébastien Courchesne).

Inutile de vous préciser que les Moreau, tous derrière les barreaux, haïssent Yannick/Jean-François et n'attendent qu'une seule chose: sortir de prison pour aller lui faire la peau. L'acte de délation de Yannick/Jean-François a aussi fait coffrer le chef du gang rival des Irlandais, qui a tout autant soif de vengeance.

Avec l'aide du policier Thomas Chamberland (Benoît Gouin), Yannick est devenu Jean-François et a été relocalisé au Québec, où personne ne connaît son passé de truand. À sa nouvelle femme, il a raconté revenir d'une mission de l'armée canadienne en Afghanistan. La nuit, des cauchemars l'assaillent et ses crises de panique augmentent d'intensité. Jean-François craquera-t-il? Révélera-t-il son secret? Ses frères et son père vont-ils le retracer?

Cet aspect anxiogène du Clan est fascinant. Pourtant, les deux premières heures de la série s'embourbent dans des histoires de conseil municipal, de cheval mort, d'hebdo régional, de projet de condos et de mémérage de perron d'église. Ce qui nous intéresse gravite autour de l'ancienne vie de bandit de Jean-François.

Quand un des premiers frères Moreau est enfin libéré, on se dit que l'action déboulera enfin. Mais non. Il y a tellement de personnages à présenter que le récit s'éparpille. Ce qui s'en vient dans les prochains épisodes semble toutefois bien prometteur et prenant.

La mère du clan Moreau, Carole (Denise Bouchard), est un très beau personnage. C'est une femme forte, comme une maman italienne qui protège sa famille de caïds contre vents et marées.

Le clan nous sort des grandes villes et s'intéresse à la vie en région en posant un regard non condescendant - et non ironique - sur le milieu du western. Les images du réalisateur Jim Donovan (Flashpoint, Heartland) sont superbes. La facture visuelle ressemble à une celle d'une grosse série de HBO.

Bémol, en terminant. La production aurait pu investir plus d'argent dans la perruque que porte Pierre-Yves Cardinal. C'est déconcentrant et ça nous fait décrocher du jeu très juste de cet excellent comédien. Un peu comme le postiche laid qu'avait enfilé Xavier Dolan dans Tom à la ferme. Le genre de détail qui tue.

Unité 9 au sommet

Vous avez été nombreux à réagir à ma chronique de mardi où j'exprimais des réserves concernant le virage plus violent négocié par Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) dans Unité 9.

Visiblement, la nouvelle Marie ne fait pas l'unanimité. C'est correct. Peut-être finirons-nous par mieux la comprendre? Cela dit, la popularité d'Unité 9 ne fléchit pas: sa dernière cote d'écoute a été estimée à 1 643 000 fidèles. Un chiffre impressionnant en cette période de fragmentation des auditoires.