La retraite? Pas pour le nouveau prof de 30 vies, Jean-François Mailloux (excellent Denis Bouchard), complètement rébarbatif à l'idée de déserter le Vieux-Havre pour jouer à la pétanque avec les petits vieux.

La retraite? Oui pour le directeur Pierre Champagne (Rémy Girard), qui videra son bureau après l'année scolaire en cours. C'est d'ailleurs Champagne qui talonne Mailloux afin qu'il cède son poste à un professeur plus branché, moins encarcané.

Et la retraite pour Fabienne Larouche? Oui pour l'écriture d'une série quotidienne. Après 20 ans de Virginie et de 30 vies, l'auteure débranche son clavier, sans doute ultra-usé par ce rythme de travail essoufflant. Au printemps 2016, 30 vies fermera donc ses classes pour de bon.

«J'ai un autre travail que j'aime beaucoup, celui de showrunner», glisse une Fabienne Larouche très zen par rapport à sa décision.

Un peu comme Shonda Rhimes qui supervise les productions Grey's Anatomy, Scandal et How to Get Away with Murder, Fabienne Larouche s'assure du bon roulement de Blue Moon pour le Club illico du Groupe TVA, de Ruptures et Unité 9 pour Radio-Canada, en plus de son 30 vies. Ah oui, elle développe aussi un projet à Séries+ avec Guillaume Lemay-Thivierge et Mariloup Wolfe, qui joueront un couple d'acteurs «passé date» en quête de nouvelle gloire.

Il faut ajouter à la pile de Fabienne Larouche son ambitieuse télésérie historique intitulée Terre de sang, qui détaillera la vie difficile des jeunes femmes débarquées à Ville-Marie (Montréal) en 1663. Mettons qu'elle ne chômera pas.

Mais revenons au nouveau chapitre de 30 vies, qui s'ouvre lundi à 19h. Jean-François Mailloux y dirige le projet intégrateur de cinquième secondaire, qui permet de potasser toutes les matières déjà apprises. Une des élèves du programme, Kelly-Anne, soumettra à Mailloux un projet scolaire osé: celui d'avoir une expérience lesbienne.

Il faut savoir que Kelly-Anne vit avec son père célibataire Nicolas (Alexandre Fortin) et sa tante Sylvie (Sophie Cadieux, très bonne), qui est homosexuelle. Mais Kelly-Anne ne comprend pas pourquoi sa tante Sylvie, qui n'aime pas les hommes, tient tant à leur ressembler physiquement.

D'autant plus que la mère de Sylvie (glaciale Christiane Pasquier), donc la grand-mère de Kelly-Anne, rejette complètement la «perversion» de sa fille. Bref, Kelly-Anne, qui n'est pas gaie, est bien mêlée.

En parallèle, Katia (Jessica Barker) se relève difficilement de son autre fausse couche, ce qui attriste son bon bougre de copain Éric Pothier (Michel Charette). Ce dernier facilitera le transfert au Vieux-Havre d'une mystérieuse élève voilée, Warda al Saoud, dont le passé est nébuleux. Cette intrigue ne se dirigera pas du tout là où vous le pensez. Une scène dans le vestiaire des filles au quatrième épisode - celui de jeudi - nous amène complètement ailleurs.

Julie Perreault campe la femme (plus jeune) de Jean-François Mailloux, qui travaille comme conseillère d'orientation au Vieux-Havre. Rivalité à prévoir avec la psy Émilie (Myriam LeBlanc).

Rajoutez à tout ça une guéguerre interne pour la succession de Champagne ainsi que des chansons d'Ariane Moffatt (Mon corps) et Koriass (Devenir fou), et vous obtenez une série bien de son temps, très bien construite. Et le nouveau générique d'ouverture est magnifique.

Urgence aux urgences

Quelques mots sur la docuréalité De garde 24/7, que catapulte en ondes Télé-Québec lundi à 19h30. C'est diablement captivant. C'est Trauma, mais avec de vrais patients, de vrais médecins et du vrai sang. Il faut impérativement l'ajouter à votre menu télé de l'automne.

Les téléspectateurs allergiques aux images d'opérations explicites se cacheront sûrement les yeux plusieurs fois par épisode. Difficile de rester de glace quand un chirurgien entre une perceuse dans le coude d'une fillette anesthésiée. Ou quand un patient cancéreux perd 26 litres de sang - cinq fois le volume sanguin de son corps - pendant une intervention risquée.

De garde 24/7 nous entraîne dans les corridors achalandés de l'hôpital Charles-Le Moyne, sur la Rive-Sud de Montréal. Une douzaine de médecins ont accepté que des caméras filment presque toutes leurs interventions avec des patients parfois très amochés, mais toujours à visage découvert.

Chacun des docteurs devient un beau «personnage» de cette téléréalité nerveuse, intelligente et instructive. Il y a l'urgentologue Laurent Boisvert, un vieux routier en contrôle de sa salle. Il y a la jeune gynéco-obstétricienne Christine Alexander, une de mes préférées de l'émission, qui jongle avec une césarienne d'urgence et une hystérectomie.

Il y a le gastro-entérologue Michaël Bensoussan, rempli de compassion. Il y a l'interniste Chantal Vallée, toujours à l'écoute des malades, et il y a le chirurgien orthopédique Karl Fournier, qui ressemble beaucoup au comédien Marc Béland.

À la caméra, les médecins se confient sans censure, notamment quand une opération les stresse énormément. L'anxiété grimpe dramatiquement au deuxième épisode quand le Dr Boisvert n'arrive pas à trouver ce qui est en train de tuer une dame âgée aux urgences.

Hypocondriaques et hypersensibles, s'abstenir. Les autres, préparez-vous à des demi-heures intenses.