Allumez le téléviseur et c'est garanti garanti qu'un animateur chevronné, une vedette de téléréalité en goguette ou une grande actrice de télésérie consommera de l'alcool dans les minutes qui suivront. Allez, faites le test. C'est quasiment infaillible.

La boisson se consomme en shooters aux Recettes pompettes d'Éric Salvail, en coupes de vin chez Guy A Lepage, en ballons de rouge sur le canapé ivoire d'Olivia Pope de Scandal, en caisses de blanc dans la superbe maison de Danielle dans Nouvelle adresse ou en flûtes de champagne dans le joli loft de Stéphane Rousseau à Sur invitation seulement.

Ça trinque gaiement dans nos émissions préférées, où cette douce ivresse rime avec fête, détente et hédonisme. C'est assez rare que le petit écran nous montre brutalement les ravages de l'alcoolisme et la descente aux enfers de ceux qui en souffrent.

Loin de moi l'idée de jouer au curé ou à la police des bonnes moeurs ici. Les recettes pompettes de V m'ont fait mourir de rire cet hiver, particulièrement celles de Louis Morissette et de Claude Legault. Mention toute spéciale au formidable duo de Philippe Laprise et Pierre Hébert, qui a joyeusement «cochonné» la cuisine-atelier d'Éric Salvail.

Dans la «vraie» vie, tout est une question de dosage et de pondération avec la bière, le bourgogne ou le prosecco. Quelques verres de bonnes bulles (pas 17), un vendredi soir, ça finit bien la semaine, affirmeraient certainement Julie Bélanger et José Gaudet.

La nouvelle émission de cocktails de TVA, Le bon mix, a trouvé la mesure parfaite entre le plaisir de déguster des cocktails entre amis et la modération. Chacun des épisodes, dont le premier présenté mardi à 19h, commence d'ailleurs par un message de l'organisme Éduc'alcool invitant les téléspectateurs à une consommation responsable.

Contrairement aux Recettes pompettes, qui relèvent de l'émission humoristique, Le bon mix ressemble plus à Curieux Bégin, mais où l'animateur Pierre-Yves Lord ne fait que boire des élixirs alcoolisés, sans avaler aucune nourriture. Non, attendez. Mauvais exemple. Christian Bégin fait ça aussi des fois.

Reprenons. Tous les mardis soir, PY Lord reçoit chez lui, dans sa vraie maison de Sainte-Foy, deux invités du showbiz pour un 5 à 7 légèrement arrosé. À ses côtés, le mixologue barbu Patrice Plante agite frénétiquement son mélangeur en acier inoxydable.

Le premier épisode réunit Gino Chouinard et la musicienne Pascale Picard. Les deux animateurs du Bon mix préparent des cocktails avec leurs convives - dont un French 75 qui a l'air délicieux - et la chanteuse de Québec sabrera même une bouteille de champagne avec un shaker en métal.

Comme dans tout bon party de maison qui se respecte, l'atmosphère est très décontractée, PY sort le banjo et Pascale Picard poussera quelques couplets de son succès Gate 22, de même qu'un extrait de sa chanson Runaway.

À la deuxième émission, sur le thème d'une «soirée de boys», PY et Patrice ouvriront la porte à Étienne Boulay, Hugo Girard et Brigitte Boisjoli. Le bon mix pense également aux femmes enceintes et aux abstinents en concoctant des recettes liquides sans alcool. Kampaï!

Dans les deux demi-heures du Bon mix que j'ai regardées, personne n'a le vin triste, personne ne déparle ou ne s'enfarge dans le beau mobilier de PY. Certains convives sont peut-être un peu feeling ou «cocktail», comme on dit, mais ça ne paraît pas du tout.

Empruntant à l'esthétique de l'émission À la di Stasio, la facture visuelle de ce nouveau magazine produit à Québec est très jolie. Comme un mojito, c'est bien frais. Et c'est la chanson Avant de disparaître de Claude Bégin, un autre artiste originaire de Québec, qui sert de thème musical.

L'émission de Pierre-Yves Lord (Occupation double, Testé sur des humains) et Patrice Plante confirme que les Québécois s'intéressent de plus en plus à la mixologie. L'acteur Patrick Huard s'y est mis sérieusement (il l'a démontré à Tout le monde en parle, début mai) et les journaux - comme celui-ci - consacrent davantage d'espace à cet art de mélanger astucieusement divers ingrédients avec du fort.

Deux coanimatrices à Enquête

Coup de chapeau, en terminant, à Radio-Canada, qui a nommé deux journalistes chevronnées à la tête de sa prestigieuse émission Enquête. Marie-Maude Denis et Isabelle Richer formeront une équipe du tonnerre, je le sens. Elles n'ont pas peur d'aller sur le terrain pour recueillir preuves et témoignages. Elles vulgarisent bien les dossiers complexes. Et elles ont de la ténacité à revendre. Les crapules et autres fripouilles n'ont qu'à bien se tenir.

Parti réveiller les auditeurs du matin du 95,1 FM dans la grande région de Montréal, Alain Gravel a dû abandonner son poste de capitaine de l'investigation, qu'il occupait depuis six ans. Avant Enquête, il avait piloté Enjeux pendant dix saisons complètes.

Voir deux femmes aux commandes d'Enquête, ça aussi, c'est rafraîchissant. Comme un Aperol Spritz... Santé, mesdames!