Lisez la phrase suivante à voix haute: Véronique Cloutier, nouvelle employée du Groupe TVA et membre de la grande famille de Québecor Média. Avouez que ça sonne bizarre, que ça cloche, que c'est irréel comme scénario.

Mais cela ne se produira pas. La blonde animatrice - et maintenant humoriste - a confirmé lundi qu'elle retirait sa publication saisonnière Véro de la vente au Groupe TVA des 15 magazines appartenant à TC Média, dont Elle Québec, Coup de pouce et Décormag. Coût de la transaction: 55,5 millions.

Le populaire magazine Véro est officiellement orphelin et le numéro estival présentement en kiosque sera le dernier sous la houlette de TC Média. Huit éditions de Véro auront été commercialisées en deux ans d'existence.

La marque Véro n'est cependant pas morte, loin de là. Grâce à la clause «porte de sortie» que Louis Morissette a fait inclure dans le contrat de fondation du magazine, Véronique Cloutier récupère tous les droits, les archives et les photos de sa publication. Si un nouveau partenaire d'affaires se pointe (Rogers peut-être?), la revue pourrait ressusciter aussi rapidement qu'à l'automne ou à Noël, au plus tard. En version papier glacé ou en format numérique, rien n'a encore été décidé.

C'était presque impensable que Véronique Cloutier et Louis Morissette s'associent au Groupe TVA. D'abord parce que le magazine Véro a été fondé expressément, à l'automne 2013, pour s'extraire de la guerre que se livraient alors l'éditeur de La semaine, Claude J. Charron, et les magazines concurrents (7 Jours, Échos Vedettes) de Québecor Média.

Avec son magazine calqué sur celui de la papesse Oprah Winfrey, Véronique Cloutier contrôlait parfaitement son image publique, sans contrainte commerciale, sans obligation de convergence. Pourquoi sacrifierait-elle cette indépendance et cette immense liberté?

Selon mes informations, le clan Cloutier-Morissette n'a rencontré qu'une seule fois les têtes dirigeantes du Groupe TVA, soit trois jours après l'annonce de l'entente avec TC Média, à la mi-novembre. Ni Véronique ni Louis n'avaient envisagé que le magazine Véro puisse être cédé un jour au Groupe TVA. Disons que l'onde de choc de cette transaction surprise les a solidement ébranlés.

Même s'ils cogitent depuis plusieurs mois sur l'avenir du magazine, Louis et Véro n'ont jamais eu l'intention de traverser chez Québecor Média, me dit-on. Depuis le début, leur idée était faite: pas question de céder leur bébé à des étrangers, encore moins à d'anciens adversaires.

N'oublions pas que le couple chouchou des Québécois sort d'une décennie de querelles plus ou moins publiques avec différentes branches de l'Empire. Le sketch de Séraphin Péladeau dans Ceci n'est pas un Bye Bye en 2003, le congédiement de Louis Morissette de la téléréalité Pour le meilleur et pour le pire ou le boycottage du Journal de Montréal après la publication - post-Bye Bye 2008 - de photos de paparazzi prises à l'aéroport, les relations de Véro et Louis avec Québecor ont longtemps été acrimonieuses.

Et la loyauté du couple se situe du côté de Radio-Canada. Après sa sortie de MusiquePlus, c'est à la SRC que Véronique Cloutier a animé toutes ses émissions. C'est également la télévision publique qui a appuyé Louis Morissette dans ses bons coups (Les enfants de la télé, les derniers Bye Bye) et ses échecs (le magazine humoristique VIP, le Bye Bye 2008). Voir ces deux vedettes décamper chez l'ennemi aurait été aussi étonnant que d'entendre Yoan Garneau pousser des notes aiguës.

La réconciliation entre Julie Snyder et Véronique Cloutier, scellée au Banquier spécial gala Artis du 2 novembre, a réchauffé les relations, mais de là à unir ces deux familles rivales, il y a des limites au pouvoir infini du câble.

Véronique Cloutier n'a pas accordé d'entrevues lundi. Sur sa page Facebook officielle, elle a exprimé le souhait de «poursuivre cette belle aventure», en publiant elle-même le magazine ou en s'associant à d'autres partenaires. Joint lundi matin, Louis Morissette n'a pas commenté non plus.

C'est TC Média qui a informé le Groupe TVA que Véronique Cloutier soustrayait son magazine de la mégavente à 55 millions.

«On souhaitait vraiment poursuivre notre relation d'affaires avec Véronique Cloutier. C'est un magazine respecté et reconnu, que l'on aurait continué à distribuer et à diffuser. Nous respectons toutefois sa décision», indique la vice-présidente aux communications du Groupe TVA, Véronique Mercier.

Finale coup de canon

La voix de TVA a terminé sa troisième saison en force dimanche soir avec 2 715 000 téléspectateurs qui ont assisté au triomphe de Kevin Bazinet. À Radio-Canada, Tout le monde en parle a intéressé 1 169 000 personnes. Le passage remarqué de Claude Poirier n'est pas étranger à la remontée dans les sondages du grand plateau de Guy A. Lepage.

À TVA, LOL: -) a été la troisième émission millionnaire du dimanche avec 1 310 000 fidèles au poste. Un jour, il faudra que vous m'expliquiez ce qui vous fait tant rire dans les sketches de LOL: -).