Avec une couette moelleuse, un pyjama tout neuf et un gros café, quoi de mieux qu'une bonne série télé pour décrocher pendant la douce période comprise entre Noël et le jour de l'An?

Bon, on pourrait aussi aller faire du ski pour s'aérer l'esprit, mais qui a vraiment le goût de côtoyer une bande de touristes gueulards qui suintent encore le lait de poule dans la gondole? Tel un Gaétan Frigon devant une invention complètement ridicule, je passe.

Maintenant que les Salomon resteront bien rangés dans le garage, j'attire votre attention sur une des belles surprises de la télé américaine cet automne, soit la captivante série The Affair du réseau Showtime. Vous pouvez l'attraper en anglais sur The Movie Network et la version française ne tardera pas à atterrir sur une chaîne spécialisée, probablement Super Écran, ce qui n'a pas été confirmé officiellement.

The Affair détaille une histoire d'adultère assez classique. En vacances d'été à Montauk avec sa femme et ses quatre enfants, un professeur et écrivain de New York s'amourache de la jeune serveuse du resto familial du coin, avec qui il entreprend une longue et tumultueuse relation. Rien de bien nouveau ou extraordinaire ici.

C'est la façon de raconter cette liaison illicite qui est formidable dans The Affair. On nous montre d'abord comment l'homme a vécu certains événements charnières qu'a traversés le couple clandestin. On nous montre ensuite les mêmes évènements, mais du point de vue de la femme. Et ce n'est plus du tout le même récit.

Qui ment? Qui essaie de se donner le beau rôle? Qui a séduit qui et de quelle façon? Que s'est-il vraiment passé entre ces deux personnes-là? C'est ce que le téléspectateur tente de démêler pendant les dix épisodes de The Affair, un suspense psychologique habilement tissé par deux auteurs du feuilleton In Treatment (En thérapie chez nous). Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, pour citer un ouvrage de l'écrivaine Nadine Bismuth.

Comme dans True Detective, les deux protagonistes de The Affair se confient à un enquêteur de police, ce qui nous indique, dès le premier épisode, que leur relation s'est très mal terminée. Quelqu'un est mort, semble-t-il. Interrogés séparément, les deux infidèles remontent au premier jour où leurs regards se sont croisés et leurs souvenirs ne concordent pas du tout.

Lui, c'est Noah Solloway, enseignant, romancier et papa cool de quatre enfants, dont une grande adolescente. Noah est campé par Dominic West, que l'on a aussi vu dans The Hour et dans The Wire, où il jouait le détective McNulty. Noah est marié à Helen (Maura Tierney) et habite une magnifique maison de Brooklyn. Noah mène une vie parfaite. En apparence.

Elle, c'est Alison Lockhart, serveuse par dépit et mariée à Cole (Joshua Jackson), qui gère le ranch familial. Alison, de 10 ans plus jeune que Noah, est interprétée par Ruth Wilson, celle qui incarne la psychopathe Alice dans la minisérie Luther. Alison habite une coquette maison sur la plage, héritée de son grand-père. Son couple se remet péniblement d'une tragédie.

Il n'est pas étonnant que Dominic West et Ruth Wilson aient été mis en nomination au gala des Golden Globes, qui se tiendra le dimanche 11 janvier. Ils sont fabuleux. The Affair se frottera également à Downton Abbey, Game of Thrones, House of Cards et The Good Wife pour le trophée de la meilleure série dramatique.

Soyez attentifs au moindre petit détail quand vous vous assoyez devant The Affair. Examinez comment Noah et Alison se regardent, en fonction de qui déballe l'histoire. Remarquez les vêtements qu'ils portent, car cela change selon les souvenirs de Noah ou d'Alison. Dites-vous que rien de tout ça n'est anodin. Mais le résultat donne de la maudite bonne télévision. Complexe, touchante, profonde, intelligente et prenante.

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