Désolé pour les amateurs de théories du complot, mais Véronique Cloutier n'a pas fumé le calumet de la paix avec Julie Snyder au Banquier pour faciliter la vente au Groupe TVA du magazine qui porte son prénom. Bien au contraire.

«Je ne le savais pas. Je me fais maintenant accuser d'avoir vendu mon âme à l'ennemi. C'est faux. TC Média était parfaitement en droit de ne pas me consulter avant de vendre, car le magazine lui appartient. C'est un choc, je l'avoue. C'est une situation très particulière et délicate. Qu'est-ce que je vais faire? Je ne le sais pas. Il reste plein de choses à analyser. Ce serait prématuré d'annoncer quoi que ce soit maintenant», confie Véronique Cloutier en entrevue.

Dimanche soir, peu de temps avant la diffusion de Tout le monde en parle, où elle était invitée avec son époux, Louis Morissette, Véronique Cloutier a reçu un texto de Lise Paul-Hus, l'éditrice du magazine Véro chez TC Média. C'est Louis Morissette qui a rappelé la patronne. Une bombe a alors été larguée: le Groupe TVA s'apprête à avaler 15 magazines de TC Média, dont Elle Québec, Coup de pouce, Décormag, Le bel âge et... Véro. Une énorme bouchée valant 55,5 millions.

Avant ce texto, ni Louis ni Véro n'avaient été mis au parfum d'un transfert possible du magazine Véro, qui a été lancé à l'automne 2013. «On ne l'avait vraiment pas vu venir. Le passage de Véro au Banquier donne l'impression que tout ça fait partie d'un plan orchestré pour se rapprocher de Québecor. Peut-être qu'eux, chez Québecor, savaient que ça s'en venait. Pas nous», explique Louis Morissette.

Fin septembre, Julie Snyder ne détenait aucune «information privilégiée» quand elle a contacté Véronique Cloutier pour l'inviter au Banquier, spécial gala Artis. «Je ne savais pas du tout, du tout, du tout qu'il y allait avoir cette transaction-là. Je peux le jurer sur la Bible et sur la tête de mes enfants. J'ai trouvé ça irréel, moi aussi», assure Julie Snyder.

Véronique Cloutier n'est pas propriétaire du magazine Véro, qui paraît quatre fois par année. Par contre, en raison d'une entente nouée avec TC Média, elle retire des redevances sur chacun des exemplaires vendus en kiosque.

Dans son contrat, une clause de type «porte de sortie» permet à Véronique Cloutier de retirer son nom ainsi que son image du magazine Véro advenant un changement de propriétaire. Le fera-t-elle avec l'annonce d'hier? C'est une question cruciale à laquelle il n'y a pas encore de réponse claire.

Le Groupe TVA possède déjà le magazine Moi & cie (associé à Patricia Paquin), qui est aussi une chaîne de télé spécialisée de la galaxie TVA et qui vise exactement la même clientèle que Véro. Les revues Moi & cie et Véro pourraient-elles survivre dans le même écosystème? Ça m'étonnerait. Et sans la marque Véro, la transaction entre TC Média et Groupe TVA vaut-elle encore 55,5 millions? Pas certain non plus.

Si Véronique Cloutier refuse de se joindre à la grande famille Québecor Média, assisterons-nous au retour de la guerre froide entre TVA et le couple Cloutier-Morissette? Après plus de dix ans d'acrimonie et de tiraillements, la trêve était bienvenue, mettons.

Sinon, quelle autre entreprise de presse pourrait publier Véro? À part Rogers (Châtelaine, L'actualité), le Groupe TVA possède pas mal tout ce qui reste de magazines populaires au Québec, comme La semaine, 7 Jours et Clin d'oeil.

Québecor Média désire poursuivre le partenariat avec Véronique Cloutier, si elle accepte, bien sûr, le changement de garde. «Véro est un magazine de très grande qualité. Nous souhaitons beaucoup travailler avec elle», affirme le porte-parole Martin Tremblay.

On attend la suite du feuilleton avec impatience. Une rencontre entre Véronique Cloutier et Québecor Média est inscrite à l'agenda de jeudi. C'est encore plus intrigant que Mémoires vives.

Fini les téléromans aux Gémeaux

Mes taupes ont fouiné frénétiquement pour déterrer les grandes lignes de la réforme qui se trame à l'Académie des prix Gémeaux afin de sortir la chicane de la cabane. Et leur récolte a été fructueuse.

Pour résumer rapidement les travaux majeurs qui ont été achevés, sachez que le mot «téléroman» disparaîtra des prochains galas des Gémeaux.

Il y aura désormais trois catégories distinctes, qui regrouperont autant les séries dramatiques que les téléromans. Une première pour les productions comprenant 13 épisodes ou moins, comme 19-2 ou Série noire. Une deuxième pour les séries de 14 à 30 épisodes par année telles Unité 9 et Au secours de Béatrice. Et une troisième, qui inclurait les séries à gros volume comme En thérapie ou 30 vies.

Le système de sélection des finalistes aux prix Gémeaux a aussi été repensé complètement. Un président honoraire, nommé par le conseil d'administration de l'Académie, supervisera l'ensemble du processus d'attribution des trophées.

Ensuite, pour évaluer les catégories «émissions», «réalisation» et «textes», quatre grands jurys composés de huit personnes chacun seront formés. Le président honoraire s'assurera que les jurés proviennent de tous les réseaux et de toutes les boîtes pour éliminer les apparences de conflits d'intérêts. Les noms de ces 32 jurés seront rendus publics. On ne badine plus avec la transparence.

Dans les catégories des émissions, l'opinion des grands jurys vaudra pour 70% de la note finale. Le vote des membres de l'Académie comptera pour 20% et les 10% restants tiendront compte des données d'écoute, ce qui représente une nouveauté aux Gémeaux.

Évidemment, tout ça reste à être peaufiné et approuvé. Chose certaine, la réconciliation, ça sent bon. Très bon, même.