On le fait pratiquement tous. Moi, vous, votre belle-soeur, Yannick Nézet-Séguin, tout le monde. On se rend à l'aéroport pour déposer un ami - ou pour cueillir un membre de la famille - et on attend.

Et c'est souvent long, très looong. Pour écouler le temps, on examine les gens qui nous entourent et on s'imagine à quoi peuvent bien ressembler leurs vies. Qui recevra cet immense bouquet de roses? Pourquoi cette jeune dame pleure-t-elle autant?

C'est exactement ce type d'histoires de départs et d'arrivées, gorgées d'émotions, que présente la nouvelle émission de V, Ici comme ailleurs, qui décolle tous les jeudis à 19h. C'est vraiment touchant. Une jolie découverte à ajouter à l'horaire.

Je l'avoue, je ne m'attendais à rien de bien transcendant avec Ici comme ailleurs, adapté du format néerlandais Hello Goodbye. J'ai donc visionné le premier épisode à reculons, avec beaucoup de scepticisme. Après les 22 minutes règlementaires, j'étais conquis. Je vous mets d'ailleurs au défi de ne pas verser une larme en plongeant dans les récits très personnels de ces inconnus, qui se confient à coeur ouvert à l'animateur David Bernard.

Ici comme ailleurs repose sur un concept tellement simple que l'on s'étonne que personne n'ait allumé avant. David Bernard et sa petite équipe accostent des voyageurs à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, qui racontent à la caméra la raison de leur visite à l'aérogare. Une sorte de confession-réalité, dans l'aire des départs ou celle des arrivées.

Dans le premier épisode, on a vu une jeune femme attendre impatiemment son mari marocain, qui débarquait au Canada pour la première fois. Le couple ne s'était pas vu depuis un an. Bonjour les émotions, surtout avec les violons rajoutés au montage.

L'histoire des quatre amies, dont une devait retourner en France après un séjour d'un an au Québec, a été la plus vibrante. Comment on se dit au revoir?, a alors demandé l'animateur David Bernard. «On pleure. On s'embrasse, on se serre fort et on se dit qu'on s'aime parce qu'on ne se le dit jamais assez», a répondu la voyageuse avant de regarder une dernière fois ses copines. Impossible de rester insensible à ça, surtout avec quelques accords de guitare sèche en fond sonore. Les images d'étreintes qui entrecoupent les segments émeuvent tout autant.

Avant de signer son contrat, David Bernard, 37 ans, s'est assuré qu'Ici comme ailleurs ne soit pas seulement «un show de braillage, sirupeux et quétaine». Après avoir vu quelques épisodes européens, il a craqué pour cette proposition de télé charmante et divertissante.

Mannequin commercial, David Bernard a débuté à la télévision comme porteur de la valise 26 au Banquier de TVA. Il a ensuite migré au magazine Sucré, salé, puis à District V aux côtés d'Herby Moreau. «Mais moi, je ne suis pas un gars glamour. Je suis toujours en linge mou et j'ai la barbe pas faite», plaisante-t-il.

À propos d'Ici comme ailleurs, David Bernard jure que tout ce que nous voyons à l'écran est authentique. «Il n'y a rien d'arrangé. Tout est spontané», assure-t-il.

L'animateur opère sans filet et sans dossier de recherche. Accompagné par deux caméramen, une recherchiste, une assistante, un producteur et un perchiste, David Bernard se pointe à l'aéroport Trudeau et part à la pêche aux bonnes histoires. Il se maquille lui-même dans les toilettes pour handicapés. C'est quasiment de l'artisanat.

«On fait des petits miracles. Aux Pays-Bas, ils ont 13 jours pour tourner une seule émission. Nous, on enregistre 13 shows d'une demi-heure en 20 jours», indique David Bernard, originaire de Drummondville.

Plusieurs récits reviennent souvent, dont les amours à distance, les cas d'adoption internationale et le cliché de la Québécoise dans la cinquantaine qui a épousé un Cubain beaucoup plus jeune qu'elle. «Il y a des trucs improbables, malaisants, drôles et tristes. La ligne directrice que l'on se donne, c'est l'émotion», note David Bernard.

La chose la plus flyée qu'il a vue? Le parcours d'un jeune homme de Montréal qui a rencontré sa femme libanaise en jouant à World of Warcraft en ligne. «Les deux sont tombés amoureux uniquement en voyant leurs avatars», dit-il.

David Bernard a l'impression qu'Ici comme ailleurs fait du bien aux personnes qui la regardent. Il a tout à fait raison là-dessus. Cette nouveauté incarne parfaitement la définition de télévision doudou: réconfortante, invitante et chaleureuse. Et c'est parfait pour notre début d'automne frisquet.