Il y a eu cette scène poignante l'an passé où la détenue Annie Surprenant (Anne Casabonne) a exhibé, lors d'une fouille à nu, les longues cicatrices témoignant de sa double mastectomie. L'extrait, bouleversant, a récemment été récupéré aux Enfants de la télé.

Il y a eu hier soir dans Unité 9 un type de scène similaire, très intime, intense et quasi taboue. Si vous avez emmagasiné cet excellent épisode dans votre enregistreur numérique pour le dévorer ce soir, hurlez en fermant les yeux et sautez tout de suite aux mots croisés. Ça va?

Hier, c'est Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) qui a dû se dévêtir partiellement devant les IPL. La caméra a alors balayé le sac rempli d'urine collé à l'abdomen de la prisonnière, qui rentrait à Lietteville pour la première fois depuis sa sauvage agression au couteau. La peur et l'humiliation se lisaient sur le visage de l'actrice. C'était chavirant.

De mémoire, c'est la première fois que la télévision québécoise montre avec autant de détails les résultats d'une stomie. Plusieurs fois pendant l'émission, Marie Lamontagne a manipulé son sac, l'a vidé dans la cuvette et a éprouvé des difficultés à le reconnecter avec l'excroissance qui sortait du bas de son ventre. La caméra de Jean-Philippe Duval a tout filmé.

Certaines colocataires de Marie, comme Suzanne (Céline Bonnier), ont bien réagi. D'autres, comme Michèle (Catherine Proulx-Lemay), ont été carrément dégoûtées.

Le problème de santé de Marie Lamontagne a été abordé de front, sans faux-fuyant, avec beaucoup d'humanité. Voilà une des grandes forces de cette série, qui nous surprend et nous brasse tous les mardis soirs à Radio-Canada.

«Le pari qu'on a fait, c'est de montrer les choses et de montrer dans quel état les détenues peuvent se trouver. On ne peut pas être dans la vérité juste une fois. La stomie, c'est une réalité que vivent plusieurs Québécois. Les téléspectateurs sont prêts à voir d'autre chose et je travaille avec une productrice [Fabienne Larouche] qui n'a pas froid aux yeux», m'a confié l'auteure d'Unité 9, Danielle Trottier.

Parlant de vérité, la détenue Annie Surprenant nous a également communiqué sa recette maison pour soulager une vaginite. On prend des notes à la maison: des poches de thé, du yogourt et bonsoir les démangeaisons! L'accumulation de ces menus détails rend l'univers d'Unité 9 très crédible, je trouve. Le téléspectateur a vraiment l'impression d'être complice de toutes les combines des détenues. On veut que les filles de l'unité 9 écrasent leurs méchantes rivales de l'unité 7. On veut que leurs petites manigances - dont celle du macaroni que vous verrez la semaine prochaine - réussissent.

Cette troisième saison d'Unité 9 a explosé dans nos salons hier. Visiblement, la scénariste ne manque ni de souffle ni d'idées. «Depuis le début, je n'ai parlé que de 10% de ce que je sais», affirme Danielle Trottier.

Les épisodes d'Unité 9 de l'automne seront très noirs avec une éclaircie progressive jusqu'à Noël. Mardi prochain, la jeune comédienne Frédérique Dufort, qui incarne Léa, la fille de Marie Lamontagne, brillera dans une longue séquence de confession chez son avocate (Amélie Grenier).

Depuis la première diffusion d'Unité 9, en septembre 2012, Danielle Trottier a recentré les intrigues à l'intérieur de la prison de Lietteville, ce qui était la bonne chose à faire. C'est beaucoup plus intéressant de plonger dans ce milieu dur, violent et peuplé de personnages complexes que de voir Lucie (Émilie Bibeau) essuyer des verres au bistro, par exemple.

Unité 9 garde plusieurs secrets entre ses murs. Où se cache la belle Shandy (Catherine-Anne Toupin), trois semaines après le hold-up raté? Réponse: mardi prochain, où une autre fouille à nu révèlera deux surprises aux IPL Agathe (Mariloup Wolfe) et Nancy (Debbie Lynch-White). Retenez cette expression: faire la grenouille.

Quant aux nouveaux personnages, il faudra attendre au retour des Fêtes pour les voir débarquer. D'ici là, il y aura amplement d'action dans la cour extérieure pour nous scotcher à la télévision.

Bons baisers de Moscou

J'ai écrit dans ma chronique d'hier que la nomination de Raymond St-Pierre comme correspondant de la SRC à Moscou se ferait bientôt. Il semble toutefois que le portrait soit un peu plus compliqué et délicat. Oui, Raymond St-Pierre, installé à Pékin entre 1996 et 2001, est bel et bien l'un des candidats favoris pour décrocher ce poste prestigieux.

Mes espions chuchotent que cette (éventuelle) promotion a causé beaucoup de brouhaha dans le contexte actuel des compressions budgétaires, ce qui a ralenti le processus de sélection. Résultat: Radio-Canada n'a pas encore rendu de décision. Et pas question de commenter les rumeurs.