Tant mieux si les séries d'hiver bouclent à peu près toutes leurs intrigues la semaine prochaine. Cela vous donnera amplement de temps pour découvrir La marraine, une captivante minisérie policière que Séries+ lance le mercredi 2 avril à 20h.

C'est très bon. Vraiment. Cette oeuvre découpée en cinq chapitres d'une heure, et signée par trois plumes agiles (Mario Bolduc, Danielle Dansereau et Joanne Arseneau), raconte l'histoire à peine croyable de Paloma Hermosa (excellente Claudia Ferri), une Montréalaise d'origine colombienne qui dirige un lucratif réseau d'importation de cocaïne.

Élégante mère de trois enfants le jour, criminelle aguerrie en cachette, Paloma orchestre des opérations générant des millions de dollars et ne se gêne pas pour jouer la carte de la séduction pour obtenir ce qu'elle désire. C'est une femme-louve.

Les policiers de Montréal la surnomment même la «marraine du cartel de Cali», d'où le titre de la série. Un personnage en or pour la télévision que cette Paloma.

Le plus croustillant, c'est que la trame narrative de La marraine s'inspire de faits réels, qui ont fréquemment tapissé les journaux montréalais dans les années 90.

Paloma Hermosa, c'est en fait Ines Barbosa, une baronne de la drogue au sommet de sa gloire au début des années 90. L'ancien collègue André Cédilot a suivi les hauts et les bas de Mme Barbosa pour La Presse et c'est lui qui a proposé à la productrice Sophie Deschênes (O', Musée Éden, Mensonges) de transporter la vie atypique de Paloma/Ines au petit écran.

Pègre colombienne

L'action de La marraine se déroule en 1993, époque glorieuse pour les téléphones cellulaires gros comme des briques, les jeans délavés à taille haute et les chemisiers fleuris trop amples.

La reconstitution de cette époque, pas si lointaine, quand même, est impeccable. Un des personnages conduit même une Festiva!

Le premier épisode installe rapidement l'entourage de l'énergique Paloma: son petit frère Pedro, son neveu Fernando ainsi que son fils Luis, qui étudie en médecine. Paloma Hermosa prétend frayer avec la pègre pour assurer un avenir confortable à ses enfants, qui ne trempent pas, comme tout le reste de sa famille colombienne, dans la vente de coke et le blanchiment d'argent.

Mais voilà, le flic Paul Généreux (Patrice Godin), un être incorruptible et droit comme un piquet, surveille tel un faucon le commerce illégal de la riche Paloma, qui s'étend de Cali, en Colombie, en passant par Miami, jusqu'à Montréal. Paloma a aussi dans ses longues jambes le truand Rowland Samson (Alex Ivanovici), chef du gang de l'Ouest.

Au-delà des magouilles des narcotrafiquants, La marraine débouche sur une passionnante - et toujours véridique - histoire de corruption au sein de la GRS (l'équivalent fictif de la GRC). Je ne peux en dévoiler davantage, question de ne pas gâcher votre écoute.

Sachez qu'en plus de Paul Généreux, l'escouade des stupéfiants de la GRS se compose du grand patron Laurent Métivier (Jacques L'Heureux), de son dauphin Richard Plamondon (Benoît Gouin) et de l'enquêteur Alvaro Pessoa (Michael Mando, vu dans Orphan Black).

Uniquement dans les 60 premières minutes, nous assistons à une infiltration risquée, une tentative de meurtre et un assassinat en pleine rue. Qui a commandé ces exécutions et pourquoi? Très bonne question. L'avocat véreux Moïse Loman (campé par Harry Standjofski) est particulièrement visqueux, tandis que le leader du gang de l'Ouest, Samson, est absolument terrifiant.

Derrière la caméra, Alain DesRochers (Musée Éden, Les Bougon) offre aux fans d'émissions policières une proposition diablement efficace.

Dans la vraie vie, Ines Barbosa a été incarcérée à Joliette avec Karla Homolka. Mme Barbosa, croulant sous les dettes, a mis fin à ses jours dans son appartement de la rue Mackay, au centre-ville de Montréal, en juin 2006. La minisérie, qui n'aura pas de suite, ne couvre que les années 90 et ne se rendra donc pas jusqu'à la mort de Paloma/Ines. Voilà pourquoi je vous informe du sort de cette marraine colombienne.

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