Mes impressions après avoir visionné hier les quatre premiers épisodes de Ces gars-là, la nouvelle comédie de V concoctée par Sugar Sammy et Simon Olivier Fecteau? C'est drôle, grinçant et touchant à la fois. Les thèmes abordés ressemblent à ceux traités dans l'excellente série Entourage de HBO, soit l'amitié masculine et les tourments amoureux, mais sans l'aspect bling-bling du showbiz et avec une plus grande dose d'humanité.

Vous entrerez dans l'univers à la fois rose et macho de Ces gars-là le lundi 24 février à 20h sur les ondes de V. Simon Olivier Fecteau y joue Simon Olivier Fecteau, un bon gars qui a été largué par sa copine des sept dernières années, la belle Amélie (Mélissa Désormeaux-Poulin).

Pas d'ambiguïté ici: Amélie a directement été calquée sur l'auteure des Aurélie Laflamme, India Desjardins, l'ex-petite amie de coeur du vrai Simon Olivier Fecteau.

Sugar Sammy campe Sam Khullar (le véritable nom de Sugar Sammy), un adulescent arrogant qui habite encore chez ses parents d'origine indienne. Sam est anglo, fédéraliste et a grandi dans Côte-des-Neiges. Simon vient d'un village près de Victoriaville et se reconnaît plus dans la «gau-gauche du Plateau Mont-Royal».

Pour éviter que cette comédie se regarde trop le nombril et qu'elle ne plaise qu'à la clique du Plateau, Simon et Sam, qui pondent tous les épisodes avec la collaboration d'India Desjardins, ont volontairement omis de préciser la profession de leurs personnages. Pas question, comme ça, d'écrire des scènes dans les coulisses du spectacle d'humour You're Gonna Rire ou en tournage d'une capsule d'En audition avec Simon. Ce qui les unit, c'est leur amitié, point final.

Malgré cette rupture voulue avec l'autofiction, à peu près toutes les intrigues de cette série de 10 demi-heures ont été inspirées de faits vécus par Simon et Sam dans leurs vies de célibataires. Oui, Simon a déjà fréquenté une fille dont l'haleine sentait les vidanges. Oui, les «vrais» parents de Sam sont aussi rigolos que ceux de la série. Le père de Sam, qui dit toujours ce qu'il pense, sans filtre, vole carrément la vedette dans l'émission.

Anecdote: la production a été incapable de recruter deux bons acteurs indiens à Montréal et les a plutôt dénichés du côté de Toronto. D'ailleurs, pour plus de réalisme, les parents de Sam s'expriment presque toujours en anglais (avec sous-titres français) dans Ces gars-là. En entrevue, Sugar Sammy admet que dans sa famille, les conversations se déroulent soit en anglais, soit en hindi, jamais en français.

Sam, très près de son personnage de scène hyper baveux, hérite des lignes les plus abrasives, notamment quand il drague des femmes. À l'opposé, il encaisse des commentaires tout aussi acides de la part de ses conquêtes, qui trouvent sa Camaro bien quétaine et qui jugent pas très sexy sa petite bedaine.

Ces gars-là mise beaucoup sur les malaises et l'autodérision pour déclencher des rires. Et ça fonctionne. Au quatrième épisode, Simon en découd avec un troll du web (lire: un fauteur de troubles) qui ne cesse de lui écrire qu'il se peigne comme une taupe. Simon en fait une obsession maladive et le traquera partout à Montréal.

Tracés au crayon gras au départ, les archétypes de l'introverti et de l'extroverti, un des ressorts comiques de Ces gars-là, s'adouciront au fil de la saison. Comprendre: Sam perdra quelques pelures de son costume de douchebag et Simon gagnera en assurance.

Il est aussi question de politique dans cette comédie au ton moderne, qui ravira certainement la cohorte de téléspectateurs allergiques aux téléromans comme L'auberge du chien noir ou Yamaska. Je vous laisse deviner lequel des deux gars prononce cette phrase assassine: «Toi, tu veux que le Québec soit un pays. Moi, je ne veux pas être pauvre.»

Drôles de lundis

Ces gars-là, une valeur sûre, s'inscrit dans une soirée thématique que V a baptisée les «lundis tellement drôles». Cette programmation dite comique démarrera à 19h avec une autre nouveauté, Les Jokers, où quatre humoristes québécois de la relève piègent des gens dans la rue.

Il s'agit d'une (autre) émission de caméra cachée, adaptée d'un (autre) format étranger, les Impractical Jokers, fabriquée aux États-Unis. Rien de très transcendant. Les quatre zigotos (Ben Gagnon, Pierre-Luc Pomerleau, Mathieu Séguin et Yann Vallières) se lancent des défis pas toujours hilarants comme embrasser le plus grand nombre de touristes dans le Vieux-Montréal. Une sorte de croisement entre Jackass et Les gags de Juste pour rire.

L'attrape? Pendant qu'un des clowns s'attaque à sa mission, les trois autres lui parlent dans une oreillette et lui ordonnent d'exécuter différentes pitreries. Du genre, dis à la dame que tu veux prendre en photo que ton blogue s'appelle: «Je m'habille au Dollarama et ce n'est pas plus grave que ça.» Vous ne riez pas?

Au moins, l'avertissement placardé sur le générique d'ouverture ne ment pas: «L'émission qui suit comporte des scènes d'une imbécilité totale mettant en vedette quatre jokers qui rivalisent sans arrêt pour savoir lequel d'entre eux aura l'air le plus fou.» C'est assumé.

À 19h30, toujours les lundis, troisième nouvelle offrande avec Les Champions du web de Billy Tellier, qui recensera les meilleurs clips viraux de la semaine. À 20h30, c'est le retour de Brassard en direct d'aujourd'hui en formule hebdomadaire de 30 minutes.