Méchant flash-back de fou mardi midi alors qu'une partie de la distribution de Watatatow célébrait, au cabaret du Lion d'or, le rachat de ce populaire téléroman jeunesse par la chaîne spécialisée Prise 2, qui en amorcera la rediffusion le lundi 6 janvier à 20h.

Il y avait Carole Chatel (Marie) et Laurent Imbault (Charles), les parents des deux ados de la famille Couillard campés par Karine Pelletier (la nerd Stéphanie) et Hugo St-Cyr (Michel, le joueur de batterie).

Il y avait le dur à cuire Chicoine (Fabien Dupuis), l'écorchée Émilie Laurin (Élyse Aussant), la toujours dépassée Ginette (Hélène Grégoire), la Bonin-Jutras (Katherine-Lune Rollet, qui ne mâchait pas de gomme), la rebelle Sandra Poulain (Alexandra Laverdière), le pas fin Bérubé (Félix-Antoine Leroux) et la petite peste Pascale (Marie-France Monette).

«Watatatow, c'était Virginie avant Virginie», se souvient Charles Lafortune, qui a incarné Guy Lebeau, le détestable fils à papa, à sa sortie du Conservatoire.

Par contre, de la première vague de Watatatow du début des années 90, pas de traces des jumelles Fraser (Ève et Paule Dussault), de Tania et Miguel Trépanier, de l'éternel cégépien Marc-Antoine (Patrick Huneault), de tante Hélène (Chantal Lamarre), de Martin (Étienne de Passillé), d'Annie Rioux (Zoé Latraverse) ou de Raphaël (Ruddy B. Éloi).

Watatatow a égayé les soupers de centaines de milliers d'ados entre 1991 et 2005. Les cotes d'écoute moyennes de l'émission ont même grimpé jusqu'à 700 000 accros, glisse le producteur de Watatatow, Jean-Pierre Morin. «Tous les jours, on m'en parle encore», indique Katherine-Lune Rollet, dont le personnage d'aguicheuse lui a fait embrasser neuf comédiens différents.

Dix ans après son départ de la série, Élyse Aussant reçoit encore des témoignages de téléspectateurs qui adoraient son personnage d'Émilie Laurin (1992 à 2003), une poquée au coeur tendre. «Ça me touche énormément. C'est fascinant. Émilie vivait en une semaine ce que les gens vivent normalement en une année», raconte Élyse Aussant, qui poursuit sa carrière de comédienne (30 vies, Trauma) en parallèle avec celle d'artiste peintre.

La famille Laurin de Watatatow, hyper dysfonctionnelle, a d'ailleurs failli être sacrifiée par Radio-Canada, qui la trouvait trop «heavy» pour un public jeunesse.

Marie-France Monette, 33 ans, travaille aujourd'hui comme intervenante en délinquance. Son passage relativement court dans Watatatow, où elle a campé la tannante Pascale Cusson, la suit encore. «Ç'a été marquant pour une génération. On parlait des vraies choses dans l'émission», se souvient Marie-France Monette, vue aussi dans Ent'Cadieux et L'enfant d'eau.

Alexandra Laverdière, alias l'anarchiste Sandra, parle du téléroman comme «du plus beau cadeau» de sa vie. Rien de moins. «Ça défoulait de jouer Sandra. Elle avait un côté très humoristique», note Alexandra Laverdière, qui enfile présentement un uniforme d'IPL dans Unité 9.

Selon le producteur Jean-Pierre Morin, certains comédiens, souvent débutants, ont traversé leur crise d'adolescence sur le plateau de Watatatow. «Il a fallu que je dise à Tania [Dong Thuy Hoang] que les décors, ce n'était pas fait pour dormir. Elle ne se couchait pas le soir. J'ai été obligé de l'enlever de la série», confie-t-il.

Cette rediffusion aidera-t-elle les comédiens de Wata à arrondir leurs fins de mois? Pas vraiment. «Ça va coûter plus cher pour faire le chèque que le montant inscrit dessus», dit en rigolant Jean-Pierre Morin. Prise 2 sera débrouillé du 12 décembre au 12 janvier. Ça, c'est «sharp à l'os».

La vie des gens riches

On parle très peu d'argent au Québec. Le sujet, très riche, demeure encore tabou. Bernard Derome s'y attaque dans une série de trois émissions documentaires d'une heure à Télé-Québec, qui démarreront le lundi 6 janvier à 21h.

Leur titre: Les grands moyens. Vous y verrez des entrevues avec les hommes (et une femme) parmi les plus fortunés du Québec: Denise Verreault, Alexandre Taillefer, Charles Sirois, Pierre Karl Péladeau, Stephen Jarislowsky, Jean Coutu, Martin Matte, Normand Brathwaite et Louis Vachon, entre autres.

«La culture canadienne-française, c'est que l'argent, c'est sale», remarque Jean Coutu, dont la fortune est évaluée à 2,3 milliards. «Les riches, c'étaient des voleurs selon l'Église», commente Stephen Jarislowsky, qui vaudrait 1,6 milliard.

Normand Brathwaite est l'un des plus honnêtes de la série par rapport à ses finances personnelles.

«Je fais le salaire d'un joueur de quatrième trio du Canadien de Montréal. Mais je le fais depuis 30 ans», souligne Normand Brathwaite.

Les plus jeunes entrepreneurs millionnaires, comme Éric Boyko de Stingray Digital, semblent plus à l'aise à parler de gros sous que leurs aînés, qui tournent trop souvent autour du pot.

Stephen Jarislowsky affirme vivre de la même façon qu'il y a 40 ans. Sa voiture a 12 ans et il voyage toujours «en troisième classe» économique. Pierre Karl Péladeau passe sa vie «à éteindre les lumières après sa femme». Et Louis Vachon, de la Banque Nationale, qui gagne plus de 7 millions par année, se décrit comme un «économe, mais pas gratteux».

Ne vous attendez donc pas à voir dans Les grands moyens des chalets luxueux, des jets privés ou des bateaux hors de prix. L'ex-chef d'antenne du Téléjournal Bernard Derome demeure sobre dans son approche.

Ces riches mènent des vies fascinantes que nous n'aurons jamais. J'aurais aimé les entendre parler de trucs concrets plutôt que de concepts philosophiques comme «l'argent, c'est de l'énergie». Trop de théorie, pas assez de pratique.