Stéphane Gendron a tout fait, mais vraiment tout fait, pour attirer des immigrants dans sa petite ville de Huntingdon, en Montérégie.

Le coloré maire, qui se retirera après la fin de son mandat dans un mois, s'est rendu dans une immense mosquée de Dollard-des-Ormeaux pour courtiser la communauté musulmane montréalaise. Il leur a promis un terrain gratuit pour qu'ils y érigent un lieu de culte dans sa municipalité. Il leur a fait miroiter des maisons à 140 000$ et un congé d'impôt foncier. Il leur a même fait faire une visite guidée de Huntingdon, en autobus jaune, vantant la proximité de l'autoroute 30 et de la frontière américaine.

Bref, Stéphane Gendron s'est décarcassé pour sauver sa municipalité de 2600 âmes, où il y a 60 morts pour 30 naissances. Le résultat? À peu près nul. Moins de 20 personnes ont déménagé à Huntingdon depuis les efforts déployés par le maire.

Vous verrez une partie des démarches de grande séduction de Stéphane Gendron dans le documentaire Les autres: les immigrants peuvent-ils sauver Huntingdon?, que Canal D présentera le dimanche 20 octobre à 19h. «J'y fais un constat de mon échec», confie Stéphane Gendron, qui se qualifie lui-même de «quêteux d'êtres humains».

Ce que le documentaire ne montre pas, malheureusement, c'est la féroce bataille qu'a menée Stéphane Gendron, en coulisse, pour que son conseil municipal autorise la construction d'un complexe communautaire musulman avec cimetière en bordure de la route 202. Le projet a été refusé trois fois. Se disant dégoûté par l'attitude des élus de Huntingdon, Gendron avait alors traité certains de ses conseillers de racistes et de «bâtards retardés». C'est à ce moment qu'il a décidé de jeter l'éponge.

D'ailleurs, Stéphane Gendron n'habite plus à Huntingdon, municipalité qu'il a gouvernée pendant près de 10 ans. Il a déménagé à Dundee, toujours au Québec, un village qui touche à la frontière de l'État de New York, près d'Akwesasne. Il a toutefois conservé sa maison à Huntingdon.

Le documentaire de Canal D, réalisé par Vincent Audet-Nadeau, dure 90 minutes. Le réalisateur aurait facilement pu en retrancher le tiers. Car des entrevues statiques de spécialistes, plantés dans des bureaux génériques, ça ne donne pas de la bonne télévision.

Par contre, quand Stéphane Gendron se rend à Sainte-Clotilde-de-Beauce ou à Thetford Mines pour constater comment ces communautés ont intégré des travailleurs immigrants, ça devient franchement intéressant.

Le projet de Sainte-Clotilde-de-Beauce, qui a accueilli une quarantaine de réfugiés colombiens en 2004, est souvent cité comme un modèle de réussite. Mais aujourd'hui, comme l'a constaté le maire Gendron, tous les immigrants, qui avaient permis de garder ouverte l'école de rang, ont quitté le village. Plusieurs ont perdu leur emploi, d'autres n'ont pas trouvé de logements adéquats. Et il y a eu beaucoup de frictions dans le village entre les Québécois de souche et les nouveaux arrivants. Voilà un sillon qui aurait dû être creusé davantage.

À Thetford Mines, où ont atterri certains des réfugiés colombiens de Sainte-Clotilde, la prestation de ces travailleurs a été qualifiée de beaucoup «plus fiable que celle du vieux stock québécois». Il aurait fallu plus d'exemples concrets comme ceux-là pour illustrer le propos du documentaire, qui se perd sur un trop grand nombre de pistes.

À l'écran, vous découvrirez un Stéphane Gendron curieux, posé et humble. Se serait-il assagi? Oui, répond-il, en ajoutant, mi-blagueur, que la baisse de testostérone avait peut-être contribué à l'adoucissement de son caractère. «À force de côtoyer des gens intelligents, ça finit par déteindre», dit-il en rigolant.

Stéphane Gendron, qui anime le retour à la maison de CHOI Radio X (91,9) à Montréal, souhaite revenir à la télé en janvier. Et la Charte des valeurs québécoises? Un débat complètement inutile, juge-t-il. Selon lui, «la plus belle race, c'est le mélange des races».

Demi-saison des Bobos

Télé-Québec a commandé une troisième saison de la comédie Les bobos, mettant en vedette Marc Labrèche et Anne Dorval. Mais, comme diraient nos cousins français, il y a une couille dans le potage. C'est que Marc Labrèche, alias Étienne Maxou, partira en tournée avec la pièce de théâtre Les aiguilles et l'opium de Robert Lepage, un contrat qui le tiendra occupé jusqu'au printemps 2015.

Selon l'auteur des Bobos, Marc Brunet, «on regarde en ce moment s'il est possible de «squeezer» une demi-saison dans ce qui reste de temps à Marc Labrèche». Donc, la volonté est là. Reste à coordonner les horaires de travail de tous les comédiens. La première saison des Bobos comptait 24 épisodes de 30 minutes. La deuxième, qui joue actuellement, a été raccourcie à 12 épisodes.

Le chiffrier du lundi

Ça brasse au petit écran les lundis soirs. À 19h30, la comédie Les Parent (1 084 000) a pris une légère avance sur Occupation double à TVA (985 000), tandis que Les détestables de V s'en tirent plutôt bien (474 000). À 20h, Yamaska (1 180 000) reste devant L'auberge du chien noir (869 000) et Allume-moi chez V (491 000), en baisse de 84 000 téléspectateurs par rapport à la semaine dernière. À 21h, Toute la vérité (1 088 000) reste au premier rang, suivi de La galère (802 000).