Depuis sa mise en ondes il y a trois ans, la téléréalité Les chefs! n'a couronné que des candidats de sexe masculin: Guillaume Cantin en 2010, Guillaume St-Pierre en 2011 et Dominic Jacques l'an passé. Trois aspirants chefs qui avaient tous fréquenté les cuisines du restaurant Panache de l'auberge Saint-Antoine, dans le Vieux-Québec.

Cette quatrième saison permettra-t-elle à une première «cheffe» d'enfin se coiffer de la toque d'or? Des sept derniers participants toujours dans la course, en excluant les résultats de l'émission d'hier soir, question de ne pas gâcher l'écoute des téléspectateurs qui la dégusteront en différé, deux sont des femmes: Ashley, 24 ans, et Isabelle, 30 ans.

Jusqu'à présent, Ashley semble être en meilleure position pour se faufiler en finale. Minutieuse, efficace et discrète, Ashley mitonne ses plats sans faire de bruit, comme une petite souris, et se classe presque toujours dans le top 3 des meilleurs cuistots de la brigade.

Hier soir, c'était la première fois de l'été qu'Ashley offrait une des moins bonnes performances de la semaine. Un léger faux pas dans un parcours sans faute. Par contre, j'ai l'impression que la timidité et le manque de confiance d'Ashley risquent de nuire à son ascension. J'espère fortement me tromper, mais on dirait qu'Ashley pourrait craquer sous la pression à tout moment. Quand elle présente ses créations au trio de juges, elle parle d'une voix éteinte traversée d'un fort trémolo de nervosité comme si elle s'apprêtait à s'effondrer ou s'évanouir.

Saura-t-elle bien composer avec le stress qui grimpera encore dans les prochaines semaines? On lui souhaite ardemment. Car, aux fourneaux, elle épate, la délicate Ashley. Sa collègue Isabelle paraît toutefois plus solide, plus en contrôle. Je doute cependant qu'Isabelle puisse battre un Jérôme qui maîtrise à la perfection toutes les techniques de base.

Vous l'avez sans doute remarqué dans vos salons: les quatre candidates des Chefs! de 2013 étaient soudées et se soutenaient mutuellement. Quand Aurélie a été écartée de l'atelier il y a deux semaines, après avoir raté une simple salade César, ses deux collègues féminines ont d'ailleurs fondu en larmes.

Parlant de touche féminine, la présence de Kim Thúy, écrivaine et ancienne restauratrice, a insufflé une dose rafraîchissante d'humanité à la compétition, qui était en train de devenir très désincarnée. Alors que nous jugions très sévèrement les compétiteurs (quoi, il va massacrer son steak au poivre? Ridicule!), Kim Thúy a insisté plusieurs fois auprès des mentors Boulay, Vari et Laprise sur la difficulté des épreuves subies par la brigade.

Cette compassion de la part de l'écrivaine et ancienne restauratrice a fait beaucoup de bien. Car ça commençait à chauffer un peu trop fort au-dessus des ronds de poêle. Et un peu de douceur, c'est autant apprécié que de la rigueur.

100% concentré

On s'entend, il y a des problèmes pires que ça dans la vie. Comme la crise de vedette du chanteur de Kaïn à Rimouski ou la (supposée) séparation de Marie-Chantal Toupin et François Lambert. N'empêche: la concentration de presque tous les médias dits populaires dans les mains d'un seul grand acteur a de quoi faire lever quelques sourcils dans le showbiz québécois.

Il y a 10 jours, le vétéran Claude J. Charron a vendu son bébé La semaine au Groupe TVA, une filiale de Québecor Média. Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé. Il y a 13 ans, M. Charron avait aussi cédé - pour 46 millions, cette fois - ses magazines comme le 7 Jours au Groupe TVA, alors contrôlé par la famille Chagnon.

Résultat? Toute la presse pipole de chez nous, celle qui s'affiche près des caisses à l'épicerie aux côtés des Us Weekly, appartient maintenant au même géant, du Échos Vedettes, à Dernière Heure au Lundi en passant par le TV Hebdo.

Question, ici. Les vedettes hors de l'Empire, celles qui brillent à Radio-Canada, Télé-Québec, V ou sur les chaînes spécialisées de Bell Média, réussiront-elles à décrocher des pages couverture dans ces magazines regroupés sous le parapluie de TVA Publications?

Depuis 2005, La semaine, féroce compétiteur du 7 Jours, était en quelque sorte devenu le refuge pour tous les artistes ne faisant pas partie de la grande famille de TVA tels Patrice L'Écuyer ou Véronique Cloutier. Cet abri n'existe plus. La compétition a été avalée. Cela peut vous paraître trivial et anodin, mais ce ne l'est pas.

Le star-système québécois ne se limite pas aux finissants de Star Académie, aux célibataires d'Occupation double et aux concurrents de La voix, des produits estampillés 100% TVA. Le public friand de ces revues se tannera-t-il un jour de cette autopromotion agressive? Peut-être. Il y a des limites à ce que l'on peut faire dire de pertinent à Laurie Doucet et au pompier de Saint-Hyacinthe sur 12 pages en papier glacé.