En admirant le talent brut de la jolie Charlotte Cardin-Goyer, lundi soir, je ne pouvais m'empêcher de me demander, comme une Carrie Bradshaw en perpétuel questionnement: La voix, est-ce que c'est meilleur que Star Académie?

Croyez-le ou non, mais des deux émissions canons de TVA, je préfère la flamboyance et l'opulence des grands plateaux de Star Académie, où les vedettes se succèdent dans des numéros chorégraphiés avec originalité et ambition. Tous les dimanches soir chez Julie Snyder, il se passait quelque chose d'inattendu, de surprenant ou d'éclaté. En pigeant dans le tiroir à souvenirs de 2012, je repense à l'intensité de Véronique Sanson, au sourire de Lionel Richie, au bonheur contagieux d'Inna Modja, aux couleurs vitaminées de Mika, à l'énergie de Stromae et aux académiciens suspendus au plafond pour Daniel Bélanger. Ça, c'est de la télévision à grand déploiement.

Du côté de La voix, c'est plus répétitif et minimaliste, mettons. Et quand des stars se pointent, ça tombe à plat, comme en ont fait foi les passages de Nelly Furtado et Josh Groban, qui ne marqueront pas les annales de la télé québécoise. Les auditions à l'aveugle restent la portion la plus spectaculaire de l'ensemble.

Depuis quelques semaines, les soirées de gala à La voix se suivent, se ressemblent et manquent un peu de «facteur wow». Une telle chante, Jean-Pierre Ferland la trouve ravissante, il veut absolument lui écrire une chanson, Marie-Mai lève les bras dans les airs et le public vote. Et le manège repart, avec des résultats assez faciles à deviner. Ça devient lassant.

À Star Académie, le scrutin populaire étonnait tout le temps. À La voix, les chouchous passent semaine après semaine, à commencer par la très bonne Charlotte, qui remportera ce concours, c'est quasiment écrit au plafond des studios Mel's.

Vous semblez tous adorer le chanteur lyrique Étienne Cousineau, 32 ans. J'ai des réserves. Oui, c'est impressionnant de le voir valser entre les registres aigus et graves, mais achèteriez-vous un disque complet de lui? Pas certain. Sa collègue Valérie Carpentier, de l'équipe d'Ariane Moffatt, qui nous chante du Lana Del Rey ou du Adele, j'embarque à 100%.

Au départ, l'animateur Charles Lafortune insistait: ici, il n'y a que la voix qui compte. L'âge, la couleur de la peau, l'apparence, le poids ou les handicaps physiques, rien de ça n'a d'importance. C'était vrai au début.

À moins de deux semaines du fil d'arrivée, et après de multiples rondes d'élimination, un constat s'impose: les téléspectateurs et les coaches ont à peu près choisi le même type de candidats qu'à Star Académie. À l'exception de la doyenne Julie Massicotte, 41 ans, et du sopraniste Étienne Cousineau, tous les autres auraient pu dormir à l'Académie de Frelighsburg sans problème: Étienne Cotton, 32 ans, Valérie Carpentier, 19 ans, Jacynthe Véronneau, 20 ans, Charlotte Cardin-Goyer, 18 ans, Jael Bird Joseph, 28 ans, ainsi que Jerôme Couture, 28 ans.

C'est dommage que Valérie Clio, Andie Duquette et Jeffrey Piton n'aient pas pu poursuivre leur parcours. Leur originalité nous manquera beaucoup. La dernière émission en direct de La voix, diffusée exceptionnellement lundi soir, a attiré 2 279 000 curieux.

Finale coup-de-poing pour 19-2

Superbe finale pour 19-2, lundi soir, qui a cimenté son statut de meilleure série québécoise aux côtés d'Unité 9. Quel moment de télé intense et bouleversant. Cette seconde saison a été encore plus lourde, plus dramatique et plus noire que la première. Dans ce cas précis, être lourd, dramatique et noir, ce sont des qualités.

La chasse à la taupe a été habilement imbriquée dans la vie quotidienne au poste 19, nous distillant juste assez d'indices, lundi après lundi, pour nous garder sur le qui-vive. Personnellement, j'avais deviné. Plusieurs d'entre vous également, à lire vos courriels.

La scène finale, où Berrof et Chartier ont laissé la taupe seule sur le quai en sachant très bien le geste désespéré qu'elle allait faire, a ébranlé chacun des 1 408 888 fidèles au rendez-vous, c'est certain. Une fin terrible, qui a été un point d'orgue à une série d'événements tout aussi terribles.

Encore cette année, le réalisateur Podz ne nous a pas épargnés en multipliant les images crues (le pendu, les balles qui font éclater des organes humains), question de remuer les téléspectateurs et les plonger au coeur des horreurs vécues par les policiers. Ce fut très réussi, même parfois pénible à supporter.

Et la suite, demandez-vous? Pas avant un an et demi, affirment les producteurs. Si la qualité augmente encore dans cette troisième année, je suis bien prêt à patienter.