Le Québec a une longue tradition d'émission à sketches. Les Yvon Deschamps, Pauline Martin, Dominique Michel, Denise Filiatrault, Guy Richer, Normand Chouinard et Michèle Deslauriers nous ont longtemps fait rigoler avec leurs imitations approximatives et leurs perruques enfilées à la va-vite.

Nous aimons rire devant ces scènes très courtes, souvent jouées de façon exagérée. Le Bye Bye (une collection de sketches de luxe) fait partie de nos vieilles traditions télévisuelles et les grands réseaux, particulièrement TVA, ont toujours logé des émissions à sketches dans leurs grilles horaires telles Dieu, merci!, Samedi de rire, Le Sketch Show, Samedi PM, Rira bien, etc.

La chaîne V poursuit cette tradition en lançant lundi à 19 h sa nouveauté Et si? achetée du producteur belge de l'émission à succès Les détestables. Mise en garde, amis lecteurs: Et si? adaptation québécoise de What if? ne contient à peu près pas de slapstick ni de situations burlesques et encore moins de rires en canne. L'humour y est beaucoup moins appuyé. C'est un ton qui s'apparente plus à The Office qu'à Adam et Ève, mettons.

Et contrairement aux comédies Les Parent, Tranches de vie, Caméra café, Les bobos ou Un gars, une fille, la nouveauté Et si? ne raconte pas une histoire découpée en plusieurs saynètes avec des personnages récurrents. À la manière de lol :-) à TVA, les comédiens d'Et si? incarnent tantôt des policiers, tantôt des soldats. Aucun fil conducteur n'attache les sketches ensemble. On sent clairement ici l'influence de la culture YouTube. Et si? emprunte le populaire modèle des capsules web punchées et bien emballées.

Est-ce que c'est comique? Oui, la majorité du temps. Chacun des épisodes de 22 minutes renferme une quinzaine de sketches, qui ne durent jamais plus de deux minutes. Plus de 60% du matériel a été écrit par une équipe formée d'une quinzaine d'auteurs québécois. Faut croire que l'humour flamand passe peut-être moins bien ici.

Et si la danse moderne était plus accessible? Et si la religion était comme la lutte? Et si les gars magasinaient comme des filles? Et si La guerre des étoiles était une pièce de théâtre d'été? Et si les psychologues étaient des douchebags? Voilà le genre d'histoires courtes que vous verrez pendant 12 semaines.

Visuellement, chacune des saynètes ressemble à un petit film. La réalisation allumée d'Alain Chicoine et de Christian Laurence donne l'impression que le budget de production est extravagant, ce qui n'est pas le cas. Nous sommes quand même à V, ne l'oublions pas. Les tableaux insérés avant et après les pauses publicitaires évoquent le travail des Satiriques, qui utilisent souvent ces procédés de ralenti.

Tammy Verge, Louis Morissette (qui produit aussi l'émission), Michel Charrette, Luc Guérin, Frédéric Pierre, Isabelle Brouillette, Sonia Cordeau, Geneviève Schmidt, Marie-Soleil Dion et Jean-Philippe Durand se partagent les rôles. Ma révélation? Geneviève Schmidt, que l'on a vue brièvement dans 30 vies et Toute la vérité. Ses apparitions sont toujours très payantes.

Par contre, j'aurais aimé que Sonia Cordeau, qui est si bonne dans Les appendices, ait plus de temps d'antenne. Mais, bon. Je ne râlerai pas trop, car Et si? permet à de nouveaux visages comme Marie-Soleil Dion et Jean-Philippe Durand d'être connus du grand public. Et ils sont bons, en plus.

Ne vous fiez pas à votre vieux téléhoraire, qui n'a pas été mis à jour: Et si? débute bel et bien lundi à 19h. Parlant de changement, District V jouera désormais les jeudis à 19 h et Taxi payant traverse les mardis à 19h. Maintenant, et si on arrêtait de chambarder les habitudes des fidèles de V?

Je lévite

Avec Javotte de Simon Boulerice

Ce jeune auteur dépeint parfaitement les tourments de l'adolescence à travers les yeux de Javotte, une jeune femme de 16 ans de Saint-Rémi de Napierville qui est plutôt moche, cruelle, mesquine, mais aussi vulnérable, attachante et très sexuée. Un antépisode caustique et cru au conte classique de Cendrillon.

Je l'évite

Les pubs de Tim Hortons

Elles ne sont pas toujours mauvaises, mais la dernière est particulièrement abrutissante. Pour obtenir le «privilège» de déguster des rotinis crémeux au poulet, vous devez répéter, sans bafouiller: un plat plein de pâtes pas plates. Un plat plein de plâtre plat plate, ah pis, laissez donc faire, je n'ai plus faim.