Le personnage qui monopolise toute l'attention des chirurgiens dans Trauma 4 est un personnage invisible, qui n'apparaît dans aucune scène des trois premiers épisodes du thriller médical ciselé par Fabienne Larouche: l'énigmatique Sophie Léveillée, jouée par Laurence Leboeuf.

La jeune médecin tourmentée, qui a assassiné le caïd Sylvain Martel (Normand D'Amour) dans Trauma 3, n'a toujours pas été retrouvée, huit mois après sa disparition nébuleuse. En fait, seuls des vêtements souillés et une éprouvette remplie du sang de Sophie ont été découverts dans la voiture de Julie Lemieux (Isabel Richer). Mis à part ces artefacts, rien du tout. Sophie ne répond plus à son téléavertisseur.

Sa mère, la très intense Diane Hevey (Pascale Montpetit), un personnage complexe que j'adore, poursuit inlassablement ses recherches, même si tout son encourage lui suggère de faire le deuil de sa fille prétendument morte. Sophie a-t-elle été tuée par le clan Martel en guise de revanche, comme le veut la rumeur? La pugnace Diane a raison de se méfier des ragots. C'est tout ce que je dirai au sujet de Sophie.

L'action de Trauma 4 démarre sur les chapeaux de roues (première: le mercredi 23 janvier à 21h), encore plus que dans les saisons précédentes. C'est ce que j'aime dans cette série depuis deux ans: quand Fabienne Larouche ouvre à fond les robinets d'adrénaline. Au troisième épisode, la crise cardiaque guette de nombreux parents d'adolescents qui découvriront les nouvelles astuces employées par leurs jeunes pour «se saouler rapidement sans vomir». L'auteure y raconte un dangereux - et réel - épisode d'eyeballing, une technique qui consiste à boire de la vodka pure par les yeux. Si, si, vous avez bien lu: boire des shooters par les yeux.

Absorbé par les muqueuses de l'oeil pour ensuite se faufiler dans les veines derrière le globe oculaire, l'alcool passerait ainsi directement dans le sang, ce qui procurerait un buzz éthylique quasi instantané, affirment les adeptes du eyeballing. Faux, ça ne fonctionne pas et c'est hyper nocif, répondent les docteurs. Peu importe, ne faites donc pas ça à la maison, de grâce. Comme dans Trauma, vous risquez une brûlure grave de la cornée et, ultimement, la cécité.

Toujours dans cette troisième heure de Trauma, que vous découvrirez le 6 février à Radio-Canada, une deuxième ado s'enivrera de façon quasi mortelle en s'insérant des tampons imbibés de vodka dans le vagin. Comme pour le eyeballing, cette intervention toute féminine permettrait à l'alcool d'entrer dans le sang par les muqueuses. Encore ici, à ne pas exécuter à votre prochain party, O.K.?

J'ai vu trois épisodes de Trauma hier matin et j'en aurais volontiers regardé d'autres. C'est efficace et haletant, sans prises de tête inutiles, ce qui n'empêche pas la scénariste de passer quelques messages, notamment sur le laxisme du système judiciaire. Plusieurs irritants du passé ont disparu pour de bon, dont les nombreux flashbacks expérimentés par Julie Lemieux. Le psychiatre Antoine Légaré (Gilbert Sicotte), qui pouvait être barbant dans ses analyses, a développé un côté baveux pas désagréable du tout.

Cette quatrième saison permet également aux téléspectateurs d'entrer dans l'intimité du Dr Pierre Meilleur (James Hyndman) en nous présentant Cécile, sa maman souffrant d'alzheimer, interprétée par Louisette Dussault. Autre nouveau personnage: Cédric Martel (Patrick Goyette), le frère avocat du bandit Sylvain Martel. Diane Hevey et lui entretiennent de curieuses et intrigantes relations.

Dans le couple Julie Lemieux et Mathieu Darveau (Jean-François Pichette), le calme et l'harmonie semblent s'être installés. Fabienne Larouche riait, hier, en nous parlant d'un nouveau personnage de neurochirurgienne sexy - d'origine italienne - qui fera les yeux doux au Dr Darveau. Succombera-t-il?

Quant au cas du toxicomane Gilles Laprade (Luc Guérin), ça ne s'améliore pas du tout. Il continue d'offrir clandestinement ses services de «gynothérapeute» et il opère même, dans une clinique de fortune, des membres du crime organisé. Heureusement que Pierre Meilleur ne l'abandonne pas, car il serait sans doute mort.

Une prédiction, en terminant. Combien gagez-vous que l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) s'insurgera contre une réplique prononcée par la directrice de l'hôpital, la très peu équilibrée et hystérique Diane Hevey? La réplique en question, incluse dans le deuxième épisode, va comme suit: «Une infirmière, ça se remplace, pas un David Roche [l'urgentologue joué par Christian Bégin].»

Ça nous rappelle la levée de boucliers des omnipraticiens qui avaient accusé Fabienne Larouche, l'hiver dernier, de véhiculer des préjugés futiles et ignares sur la médecine familiale.

Quelques chiffres

Solide retour pour Unité 9, qui a attiré 1 795 000 fidèles à Radio-Canada mardi soir. C'est un gros score pour un épisode plus faible que les précédents, je trouve. Tout de suite après, la première diffusion du téléroman Mémoires vives a retenu l'attention de 1 025 000 téléspectateurs. On peut analyser les chiffres de Mémoires vives de deux façons. La positive: ce téléroman est millionnaire, ce qui constitue toujours un exploit. La négative: Mémoires vives a perdu 770 000 personnes qui avaient syntonisé la SRC pour Unité 9. Je préfère être positif. À TVA, Destinées a intéressé 909 000 amateurs.

Julie Bélanger éteint le four

Julie Bélanger l'a officiellement confirmé en début de soirée, hier: elle n'enfilera pas son tablier de coanimatrice pour la quatrième saison de la téléréalité Les chefs! à Radio-Canada. Daniel Vézina, lui, a déjà signé son contrat. Aussi animatrice à Rythme FM, Julie Bélanger dit avoir dû choisir entre plusieurs projets emballants, de nouveaux projets qui n'ont toutefois pas été précisés hier. Elle a annoncé sa décision aux producteurs des Chefs! hier. Qui prendra sa place? Élyse Marquis, Mitsou, Marie-Soleil Michon? Les spéculations vont bon train.

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