Peut-être parce qu'elles connaissent trop bien la mécanique de l'émission après neuf saisons ou qu'elles sont tout simplement plus franches que leurs prédécesseures, mais les candidates d'Occupation double 2012 ne se bercent pas d'illusions romantico-quétaines: elles participent à cette escapade californienne pour devenir des vedettes. Rien d'autre.

Au diable l'amour avec un grand A et le château dans le 450, ces amazones des régions - commanditées par Dynamite - rêvent d'accéder aux premières pages de La Semaine et ne se gênent plus pour le dire.

Dimanche soir, c'était fascinant de voir les masques tomber (et les griffes s'affûter) quand Sébastien Benoit a annoncé à ces drôles de dames qu'une «soirée de rêve» à Hollywood s'organisait. Les cris surexcités poussés par les filles ont atteint des niveaux aigus que seuls les coyotes de Palm Springs ont pu décoder. «J'ai le goût de pleurer», a d'ailleurs balbutié une des sept candidates réunies autour de la table.

Calmez-vous, doux Jésus. Comme si prendre des mauvaises photos au pied du signe de Hollywood et siroter du Mumm Napa dans une villa vide allaient automatiquement leur procurer un premier rôle dans le prochain film de James Cameron. Naïveté, vous dites?

Rapidement, la très bronzée et très tatouée Laurie, 21 ans, a marqué son territoire. «J'ai pas eu grand-chose dans ma vie, je ne l'ai pas eue facile. C'est un rêve pour moi [Hollywood], tu comprends pas. Je veux être une star, j'ai l'attitude pour», s'est emportée Laurie, une des candidates les plus agressives de toute l'histoire de cette téléréalité de TVA. Honnêment, l'attitude «bulldozer» de Laurie, qui frôle le bullying, est franchement désagréable.

De son côté, Elèni, originaire de Saint-Louis-de-Gonzague, a bien joué la carte Demain matin, Montréal m'attend pour tenter d'obtenir sa place dans la limo vers Hollywood. «Je viens du fin fond des meus meus», a-t-elle plaidé, pour ensuite compléter son argumentation: «Je veux devenir actrice, je ne suis pas allée en théâtre pour rien».

Laurie a évidemment gagné le duel, en gueulant plus fort que ses copines. Que cette jeune femme de Jonquière étudie en enseignement du français dépasse l'entendement. Dans un segment diffusé sur le web, elle ne savait pas ce que signifiait «avoir un corps d'Adonis». Adonis, c'est quoi ça?

Fille de bar autoproclamée, Laurie s'exprime tellement mal qu'il faut lui accoler des sous-titres quand elle passe à l'écran. Et elle passe souvent. Les téléspectateurs de TVA n'ont sans doute jamais autant lu en regardant la télévision. Le comble, c'est quand Laurie s'est défendue d'être mal élevée en parlant la bouche pleine de bouffe. Ceci prouve cela.

Ce qui frappe cette saison, c'est à quel point ces jeunes femmes souffrent d'insécurité chronique dans leurs rapports avec les hommes. Ouin, tu penses-tu qu'il me trouve belle? Pourquoi untel ne me parle pas, tsé? Puis, il y a eu cette remarque étonnante de Roxane: «Nicolas m'aime parce que je ressemble à sa maman». Nicolas cherche-t-il sa mère ou une amante? Ou bien les deux?

À l'inverse, quand les filles démontrent une parcelle de confiance en elles, c'est complètement exagéré. Valérie, le sosie d'Amy Winehouse, était outrée que les gars ne se liquéfient pas devant ses courbes (sûrement) artificielles. «Tu me niaises? J'ai pas de body?», s'est-elle indignée en pointant son corps moulé dans une robe serrée et décolletée.

La production a d'ailleurs été cruelle envers cette Valérie mal-aimée, qui a vu tous les gars la rejeter les uns après les autres. L'humiliation a été totale. Comme dans la cour d'école pendant le choix des équipes de ballon-chasseur, mais devant 1 555 000 téléspectateurs.

La technique de séduction des gars est très simple: ils laissent les filles leur tourner autour. Ils n'ont qu'à claquer des doigts (et montrer leurs bras dévorés par les tatouages) et ta-dam, une troupe de jolies demoiselles leur roulent des yeux doux. Cette année, le pouvoir repose entre les mains de la brigade des pompiers, c'est clair. Hubert, le mâle alpha, dirige les troupes comme un vrai chef.

Quant à cette soi-disant célébrité recherchée, les célibataires actuels n'ont-ils pas visionné les éditions précédentes d'Occupation double? À peu près personne n'a réussi en transformer ses 15 minutes de gloire télévisuelle en carrière durable, à l'exception, peut-être, de Mariepier Morin et de Martin Pelletier, que V a repêchés.

Sinon, ce que nous retenons d'Occupation double, ce sont les personnages «marquants» tels Claudia la perturbée, Isabelle G. l'hystérique, Judith la pas fine ou le couple maudit Dany-Chrystina. Sortir d'Occupation double avec une réputation intacte, c'est plutôt rare. Si c'est le cas, c'est probablement parce que la personne a été éliminée très tôt et qu'elle n'a pas eu le temps de se compromettre.

Chez Guy A.

Avec ses 1 277 000 fidèles, Tout le monde en parle a bien résisté aux assauts téléréels de TVA. L'entrevue du lanceur Éric Gagné a été très bien menée. Quant à Nicolas Marceau, Guy A. Lepage l'a brassé, mais le ministre des Finances du Parti québécois n'a pas bronché.

La présence de Sylvain Cossette m'a laissé perplexe: pourquoi se prête-t-il à cet exercice médiatique s'il trouve ça aussi souffrant? Il n'a pas besoin de cette vitrine pour vendre des disques. Sa conjointe Andrée Watters a été pas mal plus divertissante. Et allumée. Quoique l'entrevue La Semaine du couple n'a pas vraiment décollé.

Le débat sur Gentilly-2 aurait pu être plus corsé et étoffé. Ça m'étonne toujours de voir que des artistes comme Adam Cohen, qui roule sa bosse depuis très longtemps, soient «révélés» sur le plateau de Guy A. Lepage. Comme s'il n'avait jamais existé avant de se pointer à l'émission-vedette de Radio-Canada.