Joël Legendre n'est pas un gars méchant. Pourquoi a-t-il essayé de nous prouver le contraire hier soir en plongeant - souvent à son corps défendant - dans un humour croustillant et mordant, qu'il n'assumait vraisemblablement pas?

Il anticipait sans doute, et avec raison, les critiques le dépeignant comme un maître de cérémonie trop lisse, trop propre. Alors, il a tenté de renverser la vapeur. Dans nos salons, hélas! , les malaises se sont empilés. Et à la Place des Arts, le public réagissait très peu ou pas du tout.

Quand Joël Legendre a blagué sur le jeu-questionnaire Privé de sens, qui aurait dû s'appeler Privé d'enthousiasme si Normand Brathwaite était resté à sa barre, nous avons collectivement senti l'immensité de son inconfort. Même les références à son homosexualité semblaient forcées.

Tout au long de cette trop longue fête de trois heures, les sources servant à produire des malaises et des maladresses surgissaient de partout: la bipolarité de Michel Courtemanche, la dépression de Normand Brathwaite, TFO, les plogues de Re-Max, alouette.

C'est dommage, car la soirée ne s'enlignait pas dans cette mauvaise direction. En début de gala, la vignette préenregistrée de style comédie musicale contenait plusieurs apparitions-surprises vraiment comiques, dont celle de la «détestable» Carmen Sylvestre, qui s'est proposée pour garder Lambert, fils de Joël Legendre.

Malheureusement, le numéro d'ouverture, comme le reste du gala, contenait des gags à saveur plus que douteuse. Résumer Providence à une cave et une meule de fromage, c'est trop facile et, surtout, pas très drôle.

Joël Legendre a ensuite poussé une mauvaise «craque» sur Vertige en demandant à la foule si elle avait vu cette minisérie. Non? Moi non plus, on se reprendra en DVD, a-t-il raillé. Fallait-il rappeler que Vertige menait la course d'hier avec 13 nominations?

Passons. Non, attendez. Chers scripteurs de ce 27e gala des Gémeaux, sachez que les décors de téléromans en carton qui se ressemblent tous, c'était vrai il y a 10 ans. Plus maintenant. Regardez O' ou Unité 9 et vous comprendrez pourquoi.

Parmi les rares bons coups, notons ce superbe pastiche d'Apparences où Joël se prenait pour Véro comme Manon jouait à Nathalie dans la série de Serge Boucher. Très réussi.

Côté lauréats, on exige d'eux qu'ils livrent des discours lumineux et inspirés en ne leur accordant que 30 secondes. Pourquoi ne pas couper dans le flafla comme les petits Éric Salvail, les infopublicités de Radio-Canada ou les numéros de variétés avec Brigitte Boisjoli pour braquer les projecteurs plus longtemps sur les gagnants?

À corriger aussi: la musique qui jouait beaucoup trop fort avant et après les 417 publicités de Hyundai avec Guillaume Lemay-Thivierge. D'ailleurs, l'intégration commerciale de Hyundai à l'intérieur du gala, notamment avec la ligne Guillaume et la douanière, était malheureuse et inélégante.

Parlant d'élégance, Fanny Mallette a dénoncé, quasiment deux ans trop tard, les «commentaires disgracieux» qui paraissent parfois sous les photos des pires tenues de gala. Nous ne vivons pas à Hollywood et soyez gentils avec mes amies, a imploré l'actrice de Vertige. Message reçu.

Par contre, tous les stylistes vous le répéteront, s'habiller avec goût ne coûte pas nécessairement les yeux de la tête.

Vertige a raflé hier soir des prix pour le meilleur texte (Michelle Allen) et la meilleure réalisation (Patrice Sauvé), mais c'est Apparences qui a mis le grappin sur le trophée le plus prestigieux: meilleure série dramatique.

Dans les catégories d'interprétation, les deux extraordinaires vedettes d'Apparences, Myriam Leblanc et Alexis Martin, grands favoris, ont triomphé pour leurs rôles de frère et soeur, soit l'énigmatique Manon Bérubé et son frère poqué Gaétan.

Joli revirement de situation, car, dans la fiction Apparences, c'est Geneviève Brouillette qui gagnait des prix à la télé, tandis que Myriam LeBlanc l'accompagnait en coulisse.

Surprise dans les téléromans: Providence a arraché la statuette à Yamaska, qui la serrait dans ses mains depuis deux ans. Belle fin de carrière pour l'oeuvre de Chantal Cadieux, qui a tiré sa révérence en novembre après sept saisons à l'antenne.

Autre surprise: Évelyne Brochu de La promesse a coiffé de grosses pointures comme Élise Guilbault et Marie Tifo. «C'est tellement surréaliste», a glissé Évelyne Brochu, magnifique dans sa robe sombre.

Que ce soit pour Musée Eden ou Aveux, Guy Nadon perd rarement aux Gémeaux depuis deux ans. Un acteur hyper doué. Il a été récompensé hier pour son rôle de Samuel O'Hara dans O' à TVA. «Je suis rendu à l'âge de la moisson et c'est très agréable. Ça fait 40 ans que je fais ça et c'est la récolte», a-t-il déclaré au micro.

Éric Bernier est monté sur scène pour la deuxième année consécutive. Et Anne Dorval a repris le trophée à Anne Casabonne de La galère.

Côté remerciements, Louis-José Houde a placé la barre haut en disant qu'il voulait jouer bénévolement dans Les bobos uniquement pour se faire mépriser par Anne Dorval et Marc Labrèche dans son salon.

Joël Legendre succédait hier à Véronique Cloutier à la barre des Gémeaux. Force est de constater que Véro manipule beaucoup mieux l'humour corrosif que Joël Legendre, qui s'est brûlé avec le décapant au quatrième degré hier. Ayoye, ça fait mal.

LES GAGNANTS:

MEILLEURE SÉRIE DRAMATIQUE: Apparences

MEILLEUR TÉLÉROMAN: Providence

MEILLEURE COMÉDIE: Les Parent

MEILLEURE RÉALISATION (DRAMATIQUE): Patrice Sauvé pour Vertige

MEILLEURE RÉALISATION (TÉLÉROMAN): Éric Tessier pour O'

MEILLEUR RÉALISATION (COMÉDIE): Stéphane Lapointe pour Tout sur moi (Saison 5)

MEILLEUR TEXTE (DRAMATIQUE): Michelle Allen pour Vertige

MEILLEUR TEXTE (TÉLÉROMAN): Josée Fréchette et Anita Rowan pour O'

MEILLEUR TEXTE (COMÉDIE): Isabelle Langlois pour Mauvais Karma

MEILLEUR PREMIER RÔLE MASCULIN (DRAMATIQUE): Alexis Martin (Apparences)

MEILLEUR PREMIER RÔLE FÉMININ (DRAMATIQUE): Myriam Leblanc (Apparences)

MEILLEUR PREMIER RÔLE MASCULIN (TÉLÉROMAN): Guy Nadon (O')

MEILLEUR PREMIER RÔLE FÉMININ (TÉLÉROMAN): Évelyne Brochu (La promesse 7)

MEILLEUR PREMIER RÔLE MASCULIN (COMÉDIE): Éric Bernier (Tout sur moi 5)

MEILLEUR PREMIER RÔLE FÉMININ (COMÉDIE): Anne Dorval (Les Parent)

MEILLEURE INTERPRÉTATION (HUMOUR): Hélène Bourgeois Leclerc, Véronique Cloutier, Michel Courtemanche, Joël Legendre et Louis Morissette (Bye Bye 2011)

MEILLEURE ANIMATION (HUMOUR, SÉRIE OU SPÉCIAL DE VARIÉTÉS): Louis-José Houde (Gala de l'ADISQ)

MEILLEURE ANIMATION (JEUNESSE): Yan England et Caroline Gendron (Fan Club)

MEILLEURE ANIMATION (JEU, TÉLÉRÉALITÉ): Patrice L'Écuyer (Des squelettes dans le placard)

MEILLEURE BIOGRAPHIE OU PORTRAIT: Godin de Simon Beaulieu, Marc-André Faucher et Benjamin Hogue

MEILLEURE ÉMISSION OU SÉRIE ORIGINALE PRODUITE POUR LES NOUVEAUX MÉDIAS (DRAMATIQUE, COMÉDIE): Temps mort 3