C'est très difficile d'embarquer dans la nouvelle proposition télévisuelle de Claude Meunier, Adam & Ève, qui commence demain (21h) à Radio-Canada. Parfois, les personnages parlent comme dans La petite vie et naviguent dans un univers très absurde.

La seconde d'après, bang, les répliques tombent dans un réalisme terre-à-terre et le jeu des comédiens s'ajuste en conséquence. Gros décalage. Côté capillaire et maquillage, c'est tout aussi inégal. À 20 ans, la mauvaise perruque hippie d'Adam (Pierre-François Legendre) nous dérange vraiment. À 45 ans, le poivre et sel de sa chevelure est parfait.

À 20 ans, Sophie Cadieux - qui joue Ève - est naïve, amoureuse et ingénue. À 45 ans, c'est une acariâtre préménopausée. Et à 75 ans, elle incarne quasiment une petite vieille tannante dans une pièce de théâtre d'été.

Le ton d'Adam & Ève valse comme ça entre deux mondes très distincts, la comédie quasi burlesque et le drame, et le résultat à l'écran n'est pas toujours heureux. Comme téléspectateur, on décèle vite le bon filon découvert par Claude Meunier, un filon qui a toutefois été mal exploité. Adam & Ève n'est pas le meilleur de Claude Meunier, qui demeure encore et toujours La petite vie, mais ce n'est pas le pire non plus, heureusement.

Sur papier, l'idée de départ séduit. Claude Meunier montre les réactions d'un couple (à trois étapes de son évolution) à divers éléments que la vie met sur son chemin. Chacun des épisodes est d'ailleurs classé par thème: les crises, la jalousie, le mensonge, le lit, le nid, la conviction ou les fantasmes.

La première demi-heure, très prévisible, parle de la passion. Au début de leur relation, Adam et Ève vivent de façon fusionnelle, évidemment. À la fin, ils se parlent de fromage jaune orange, de météo à Shawbridge et du nombre de fois par nuit où ils font pipi. Adam se lance aussi dans un monologue sur le sel, autant le sel de table que celui que l'on répand sur les trottoirs, qui sonne comme du Claude Meunier déguisé en Ti-Mé dans La petite vie.

D'ailleurs, Adam et Ève à 75 ans discutent dans leur chambre à coucher dans deux lits séparés qui évoquent des scènes à la Popa et Moman. Quand il éteint les lumières, Adam marmonne à Ève: «bonne nuit, buenos nachos». Ne cherchez pas le deuxième degré, il n'y en a pas.

Le deuxième épisode sur les enfants s'améliore. Hélas, le texte fait souvent grincer des dents. Quand Ève fait des guili-guilis à son bébé, elle dira: «moi aussi, je suis gaga, je suis Lady Gaga». Passons. Ou quand le nouveau-né remplit sa couche, Adam remarque qu'un bébé, c'est un intestin qui braille. Ah bon.

Adam et Ève ont deux enfants: Olivier et Lily. Olivier (Simon Labelle-Ouimet) est gai et, soyons honnêtes, c'est quasiment une grande folle comme Jean-Lou (Michel Côté) dans La petite vie. Olivier fréquente Mario (Éric Bruneau), un joueur de hockey macho dans le placard. Tout ça a été vu mille fois déjà. Certains stéréotypes ont la vie dure, faut croire.

Quant à Lily (Marilyn Castonguay), ce n'est pas le couteau le mieux aiguisé du tiroir. Elle sort avec un homme de 45 ans son aîné, William, incarné par Marc Messier. Encore ici, ce William clownesque aurait été parfait dans La petite vie. Pas dans Adam & Ève, où il détonne.

Les attentes envers Claude Meunier sont-elles démesurément élevées? Depuis la fin de La petite vie, la critique n'a pas été tendre envers Détect inc., Les noces de tôle et Le grand départ. Et ça risque d'être similaire avec Adam & Ève, dont la proposition n'est pas claire: que regardons-nous au juste?

C'est dommage, car j'aurais aimé aimer Adam & Ève. Le générique, rythmé par une chanson originale de Daniel Bélanger, est superbe. Les comédiens principaux s'en sortent très bien en dépit du canevas bancal qui leur est servi. Mention spéciale à Anne-Élisabeth Bossé, dont le personnage est le plus rigolo du lot. Elle joue la blonde un peu nounoune du meilleur ami d'Adam.

Claude Meunier a insisté pour réaliser Adam & Ève et cela donne un produit quelconque, sans saveur particulière. On se serait attendu à plus, beaucoup plus.

Changements à TVA

Gros brasse-camarade dans la grille horaire de TVA. Fidèles au poste quitte sa case du jeudi soir pour atterrir les mercredis à 20h directement contre Les enfants de la télé de Véronique Cloutier et Antoine Bertrand. Deux émissions d'archives joueront alors l'une contre l'autre. Éric Salvail frappera-t-il un mur le 26 septembre contre la populaire Véro? On dirait que TVA vient de l'envoyer à l'abattoir.

Les jeudis, On connaît la chanson de Mario Tessier ne passera pas à 21h, mais bien à 19h30, soit une demi-heure avant le début d'Un air de famille de Patrice L'Écuyer à la SRC. Vérifiez vos télé-horaires avant d'enregistrer. V a aussi modifié sa programmation en déplaçant Les détestables du mercredi au jeudi, à 19h.