C'est très rare que cela se produise, mais TVA a solidement dormi au gaz un peu après minuit quand l'attentat mortel a été perpétré au Métropolis, où les militants péquistes célébraient la victoire de leur chef Pauline Marois.

TVA s'est carrément fait planter par Radio-Canada, qui a diffusé la vidéo de l'arrestation du suspect, qui a montré le feu derrière la salle de spectacle de la rue Sainte-Catherine et qui a relayé en direct le point de presse du service de police de Montréal. Bref, Radio-Canada a tout mis le matériel important à son antenne. «Les anglais se réveillent», disait le suspect sur les images de la SRC avant d'être placé dans une voiture de police. De la télé en direct qui glaçait le sang. Tout était à Radio-Canada.

Pendant ce temps à TVA, rien. Absolument rien. La couverture électorale a continué comme si rien de bien grave ne s'était produit au rassemblement du PQ. De longues minutes plus tard, TVA a finalement passé une photo du feu prise par l'agence QMI. Où étaient les caméras de TVA? Alain Laforest a finalement été dépêché sur les lieux. Mais il était beaucoup trop tard, TVA n'était pas sur la nouvelle. Quel gâchis. Radio-Canada a dévoré son compétiteur sur cet événement.

Pourtant, TVA avait eu l'avantage pendant toute la soirée. Car avant l'attentat, il y a eu deux soirées électorales très distinctes au petit écran hier soir. Celle de TVA a roulé à pleins gaz, enchaînant à un rythme effréné les résultats et les commentaires très courts, sous formes de clips.

Celle de Radio-Canada a été plus décontractée et plus centrée sur l'analyse. Deux approches différentes, pour deux types de téléspectateurs différents. Dans la première heure, je préfère toujours une tactique sans temps mort à la TVA, qui fournit les résultats hyper rapidement. Qui gagne, c'est ce qu'on veut tous savoir, non? C'est un peu plus tard en soirée que l'explication des résultats prend toute son importance.

TVA a, comme d'habitude, misé sur la vitesse: à 20h50, le réseau de Québecor a annoncé que Pauline Marois deviendrait la première femme première ministre du Québec. Neuf minutes plus tard, Patrice Roy reprenait à la SRC la phrase célèbre de Bernard Derome «si la tendance se maintient» pour confirmer la victoire du Parti québécois. Rappelons que c'est CTV qui a prédit l'issue du scrutin le plus tôt, soit à 20h43.

Pour le gouvernement minoritaire, CTV l'a déclaré à 21h22 et TVA, neuf minutes plus tard. Radio-Canada a encore fermé la marche ici.

Au-delà des questions de chronomètre, Pierre Bruneau et Patrice ont adopté deux styles d'animation opposés. À Radio-Canada, le ton était plus détendu, plus convivial. Chez TVA, on sentait la fébrilité et l'excitation dans la voix de Pierre Bruneau, ce qui n'est pas désagréable dans une soirée bourrée de suspense.

Michel C. Auger et Chantal Hébert ont été des analystes redoutables à Radio-Canada. À TVA, Jean Lapierre a été précis, pertinent et imagé comme toujours, mais Mario Dumont a souvent interrompu son chef d'antenne dans la première demi-heure. Toujours à TVA, excellent coup que d'avoir recruté Gilles Duceppe sur le panel de commentateurs.

Côté graphiques, ceux de Radio-Canada étaient clairs et précis. Même chose à TVA: la simplicité dominait.  Le plateau de la SRC a heureusement perdu son bling-bling de la dernière élection fédérale. Le plateau de TVA était tout aussi sobre. Comme quoi, lors d'une soirée électorale, pas besoin de mille bébelles compliquées et autres joujoux électroniques. Des résultats, des résultats et leur mise en contexte, c'est bien assez.