Ce dossier traînait depuis très longtemps déjà et il a enfin été classé hier: Radio-Canada rapatrie sur ses ondes les Jeux d'hiver de Sotchi en 2014 et ceux d'été de Rio de Janeiro en 2016.

La SRC a présenté ses dernières olympiades à Pékin en 2008 pour perdre ensuite Vancouver (2010) et Londres (2012) au profit de l'alliance formée par V et RDS. «Nous avons toujours un peu gardé la fièvre olympique», glisse François Messier, directeur des sports de Radio-Canada.

En tant qu'actionnaire majoritaire, pour employer une image du monde des affaires, Radio-Canada orchestrera les deux prochaines couvertures olympiques. «Nous sommes les seuls signataires au bas du contrat», rappelle François Messier.

Toutefois, la SRC s'associera inévitablement à une autre chaîne pour partager les coûts astronomiques exigés par le Comité international olympique (CIO) pour la retransmission des compétitions. «Du côté français, on pourrait penser que RDS se situe sur la liste. Et peut-être TVA Sports. Je reste ouvert à l'idée», souligne François Messier.

Hier, TVA n'a pas répondu à nos courriels et RDS s'est dit prêt à collaborer avec Radio-Canada, comme dans le bon vieux temps. Car entre 2000 et 2008, Radio-Canada a codiffusé cinq Jeux olympiques avec RDS. Mais comme la SRC payait plus cher, elle hébergeait bien sûr les épreuves les plus populaires à son antenne, RDS héritant souvent des sports plus marginaux (restons polis). Ce scénario risque donc de se répéter en 2014 et en 2016.

L'argent, comme toujours, a été au coeur des longues et pénibles discussions entre le CIO et les diffuseurs canadiens. À l'automne 2011, Radio-Canada et Bell Média (TSN, CTV et RDS) ont d'abord formé une alliance dans le but d'obtenir conjointement Sotchi et Rio. Ils ont déposé deux offres, que le CIO a jugées trop basses.

L'offre globale du consortium Radio-Canada-Bell a été évaluée à 70 millions pour Sotchi et Rio, soit 20 millions de moins que pour les deux derniers Jeux ayant été organisés à l'extérieur du Canada: Turin (28 millions) et Londres (63 millions). Quand les Jeux se déroulent au pays, la facture pour les chaînes canadiennes explose: les droits de Vancouver ont coûté 90 millions.

Le 25 juin dernier, après les deux refus, l'alliance entre Radio-Canada et Bell a été dissoute. La SRC, faisant désormais cavalier seul, a soumis une proposition plus généreuse, dont le montant n'a pas été dévoilé publiquement, qui a finalement été accueillie par le CIO... à 18 mois de la cérémonie d'ouverture de Sotchi, une station balnéaire sur la mer Noire, en Russie. «Nous sommes en retard sur l'échéancier normal», concède François Messier, de Radio-Canada.

Au Québec, Bell Média n'aurait pas pu décrocher les droits de diffusion de 2014 et 2016 en solo, car le groupe ne possède pas de chaîne généraliste, une des conditions fixées par le CIO pour mettre le grappin sur les Jeux. Et comme V ne veut plus rien savoir de loger du sport à son antenne, la chaîne spécialisée RDS s'est retrouvée le bec à l'eau.

Regardez ce qui se passe présentement avec Londres: V ne fait que prêter ses ondes à RDS, qui les remplit avec ses chefs d'antenne et ses contenus. C'est absurde comme situation.

Le retour des Jeux olympiques à Radio-Canada arrive à un bien drôle de moment. En avril, la SRC a torpillé son projet de chaîne sportive spécialisée, semblable à TVA Sports. Même si la licence d'exploitation est valide jusqu'en juin 2013, pas question de relancer cette opération. Pour l'instant, du moins.

Et depuis quelques années, le budget alloué au module des sports ne cesse de ratatiner, et la société d'État a perdu des marques sportives importantes comme les droits sur les matchs de l'Impact.

Pour Sotchi, un point crucial reste toujours à éclaircir. Les vedettes de la Ligue nationale de hockey (LNH) pourront-elles y jouer? Cette participation aux Jeux olympiques fera partie de la négociation du contrat de travail entre les joueurs professionnels et la LNH, qui expire en septembre.

Sans les vedettes de la LNH, Radio-Canada risque de perdre de gros commanditaires pour ses matchs de hockey olympiques. «Ça fait partie du calcul des risques», rappelle François Messier.

Sonne la cloche à RDS

Non, il ne s'agit pas des cloches du hameau ou de celles qui ramènent la jeune Maria au couvent dans La mélodie du bonheur.

Nous entendons bien des sons de cloches pendant des épreuves disputées à l'intérieur comme le plongeon, la natation et la gymnastique. Non, votre téléviseur n'est pas détraqué et vous n'êtes pas victime d'acouphènes. Tout ça est bien réel.

Ces bruits de cloche se mêlent aux applaudissements de la foule et grondent longtemps en arrière-plan. D'où viennent-ils? RDS n'a pas fourni d'explications hier. Selon un lecteur connaisseur en audiovisuel, il s'agirait «d'un effet sonore de déphasage dû aux nombreux micros installés à différents endroits dans les amphithéâtres».

C'est désagréable, certes, mais ce ne sera jamais aussi agressant que les vuvuzelas en Afrique du Sud, il y a deux ans. Les trompettes du diable hurlaient systématiquement pendant chacun des matchs de la Coupe du monde de soccer. Insupportable.