C'était le 15 novembre dernier dans le cadre du 5 à 7 de RDS. Le chroniqueur Michel Laprise présente alors la vidéo comique du jour, où deux zigotos de taille normale utilisent un nain comme boule humaine dans un jeu de quilles. Après le nain de jardin, le nain de bowling, pour résumer grossièrement.

Dans le clip en question, repêché sur le web, les deux zoufs tatoués agrippent chacun une jambe et un bras du nain au torse nu, qui est huilé comme un adepte du bronzage des années 70, et le balancent sur une toile lubrifiée au bout de laquelle se dressent les quilles. Des grosses, si vous voulez tout savoir. Il faut d'ailleurs plusieurs essais, et plusieurs zoufs différents, avant d'obtenir l'abat désiré.

Tous les participants croulent de rire, y compris celui - de petite taille - qui sert de boule humaine. C'est complètement débile comme activité, bien sûr. Mais on a déjà vu et entendu pas mal pire, mettons.

Là où la situation a dérapé, c'est quand le commentateur Michel Laprise a détaillé, à la blague, les règles de ce sport non olympique. Pour jouer au «nain graissé» dans un party de Noël, a-t-il expliqué, il faut «une grande feuille de caoutchouc, de l'huile, un nain avec un sens de l'humour et une belle-soeur célibataire qui est prête à dater (fréquenter) un nain juste pour le temps des Fêtes». Pas très édifiant, on s'entend là-dessus.

Tout de suite, le coanimateur du 5 à 7, Frédéric Plante, a verbalisé le malaise qui a enveloppé le plateau de RDS et Michel Laprise s'est excusé la semaine suivante, admettant avoir dépassé les limites de l'acceptable.

Trop peu, trop tard, a cependant estimé l'Association québécoise des personnes de petite taille (AQPPT), qui a jugé ces images de bowling humain «outrageantes». Selon une plainte déposée au Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR), le regroupement rappelle que le nanisme «est une condition médicale sérieuse» et que ceux qui en souffrent font «encore l'objet de brimades, d'attitudes barbares et de propos dégradants». Ce n'est pas tant la vidéo qui a choqué l'AQPPT, mais bien les remarques supposément humoristiques de Michel Laprise.

Mardi, le CCNR a donné raison à l'AQPPT: «Ce clip représentait les personnes de petite taille de manière indûment discriminatoire et négative». Le CCNR ajoute: «La séquence faisait des personnes de petite taille de simples objets de railleries et de ridicule».

Dans une décision datée du 15 juin, mais qui n'a pas encore été rendue publique, le Conseil de presse du Québec blâme aussi RDS pour avoir tenu des propos méprisants et avoir entretenu des préjugés envers les personnes de petite taille.

Bref, Michel Laprise de RDS, qui, en temps normal, lit les bulletins de nouvelles sur RDS Info, a gaffé. «Nous nous sommes excusés plusieurs fois auprès de l'association. L'animateur a aussi été rencontré», note la porte-parole de RDS, Katia Aubin. En heure de grande écoute hier, RDS a diffusé un message d'excuses de 15 secondes et le refera ce soir, comme l'a exigé le CCNR.

L'AQPPT préfère l'expression «personne de petite taille» au mot nain. «Le mot nain, ça renvoie à toutes sortes d'affaires comme des personnes féeriques ou mythologiques», indique la directrice générale de l'AQPPT, Nathalie Vendruscolo.

Caroline Proulx démissionne

L'animatrice Caroline Proulx, une ex-lionne de Radio-Canada, ne reviendra pas à l'émission de débats Face à face avec Stéphane Gendron en septembre. Elle a remis sa démission à V quelques jours avant le long congé de la Saint-Jean-Baptiste.

«Je crois, dans ce format-là, avoir fait le tour. J'ai envie de passer à autre chose. Je m'accorde une pause de voyage. Je pars pour le Portugal le 23 septembre et je vais visiter l'Espagne, l'Italie, l'Australie et l'Indonésie, pour revenir le 22 décembre. C'est comme mon Eat, Pray, Love», confie Caroline Proulx.

Son départ de Face à face n'a rien à voir avec une quelconque chicane avec son bouillant acolyte, le maire de Huntingdon. «Pas du tout. Je savais très bien dans quoi je m'embarquais en acceptant le poste», assure Caroline Proulx.

Par contre, les insultes personnelles qu'elle a encaissées pendant le conflit étudiant l'ont ébranlée. «J'ai dû fermer mon compte Twitter. C'était tellement violent. Je me suis fait traiter de tous les noms, de vieille, de ridée, de folle. Je n'avais jamais vu ça», raconte Caroline Proulx.

Ce printemps, la blonde animatrice s'est aussi réveillée avec une cinquantaine de carrés rouges plantés sur le terrain devant sa résidence personnelle. «Ils avaient trouvé mon adresse. Je n'ai pas trouvé ça agréable. V voulait que je porte plainte à la police. Mais je me suis dit qu'ils étaient déjà assez débordés comme ça. Je ne voulais pas en rajouter sur leur pile. En rétrospective, j'aurais peut-être dû», conclut-elle.