L'été dernier, nous avons été des milliers de téléphiles à ressentir un degré de frustration extrême lors du 13e et dernier épisode de la très lente, mais captivante série policière The Killing, de la chaîne AMC.

Plus jamais ils ne nous reprendront, avons-nous sacré collectivement, encore sonnés par la trahison perpétrée par les producteurs de ce remake du thriller danois Forbrydelsen. Car, voyez-vous, The Killing avait entraîné ses fans dans une pénible enquête sur le meurtre d'une adolescente de 17 ans, Rosie Larsen, retrouvée dans le coffre arrière d'une voiture poussée au fond d'un lac. Toute la promotion de The Killing avait d'ailleurs été articulée autour d'une phrase classique inspirée de Twin Peaks: «Qui a tué Rosie Larsen?»

Après avoir exploré plusieurs fausses pistes et culs-de-sac désespérants, les détectives Sarah Linden et Stephen Holder avaient méticuleusement tissé leur toile autour de l'assassin présumé de l'ado, soit le candidat à la mairie de Seattle, le charismatique Darren Richmond. Puis, à 15 secondes du générique final, bang! Tout le travail de Linden et Holder avait déraillé, l'aspirant maire avait été la cible d'un coup monté, et jamais l'identité du tueur n'avait été dévoilée.

Pardon? C'est ce qu'on appelle se faire niaiser royalement. C'est de la pure perfidie que de conclure une oeuvre aussi intelligente avec un coup de feu dans une foule suivi d'un écran noir. Plus personne en télé n'emploie ces stratagèmes de feuilleton-savon des années 80. Imaginez qu'Apparences se soit terminé l'hiver dernier sans que l'on ne sache ce qui avait provoqué la mort de Manon Bérubé. Inconcevable.

Les accros à The Killing avaient violemment torpillé cette finale bâclée sur les réseaux sociaux. Comme l'écrivait le Washington Post, «c'est comme si une mijoteuse remplie de merde avait explosé sur le web».

Geste extrêmement rare, les producteurs se sont ensuite excusés auprès du public en le suppliant de leur accorder une autre chance et en l'assurant que les réponses débouleraient enfin.

Quand la totalité de cette deuxième saison de The Killing a été mise en ligne le 17 juin sur iTunes, je l'ai boudée, comme un ado encore «full fru, genre». Mais comme l'été, c'est parfait pour le rattrapage télé, j'ai finalement flanché. Et je ne l'ai pas regretté. Du moins, pas jusqu'à présent.

L'investigation du tandem repart quasiment à zéro. Ce qui confirme, malheureusement, que la première saison a été une gigantesque perte de temps. La force des personnages, dont Sarah Linden (intense Mireille Enos) et le père Stan Larsen, ainsi que la superbe facture visuelle de cette série nous réconcilient toutefois avec ce piétinage scénaristique.

Comme le dit le proverbe: chat échaudé craint l'eau froide. C'est donc impossible de s'abandonner complètement à The Killing 2 de peur de se faire jouer (encore) un vilain tour. Pour l'instant, la tension grimpe au poste de police et Linden, toujours aussi placide et froide, exploite un nouveau filon très prometteur.

Espérons maintenant que les auteurs ne gafferont pas en cours de route. Ils ont tellement transporté l'intrigue dans des endroits inutiles l'an passé qu'il est difficile de leur faire confiance.

Une chroniqueuse du New York Post a parfaitement résumé la position dans laquelle les créateurs de la série ont placé leurs fidèles. Est-ce que j'ai le goût de regarder The Killing 2? Non, pas vraiment. Est-ce que je vais la suivre quand même? Bien sûr.

Car qui a tué cette mystérieuse Rosie Larsen? On ne le sait pas encore.