Dans une ambiance de fête foraine, où grillaient hot-dogs et hamburgers au barbecue, un front commun des syndicats de Radio-Canada a dénoncé hier midi, sur le trottoir jouxtant la tour du boulevard René-Lévesque, le peu d'efforts exigé de la part des cadres dans les compressions de 115 millions imposées par le gouvernement conservateur.

Selon Jean Gagnon, président de l'Association des réalisateurs de la SRC, la haute direction de Radio-Canada refuse de se priver des primes au rendement de huit millions par année, ce qui représenterait une économie de 24 millions sur trois ans. «C'est assez écoeurant. Quand tu sacres 650 personnes à la porte, me semble que tu pourrais passer un tour ou te passer d'un an de primes», a tonné Jean Gagnon devant quelques centaines de sympathisants, dont des visages connus tels Gilles Gougeon et Jean-François Lépine.

Selon les syndicats, à peine 35 postes de cadres (au lieu des 74 à 78 prévus) auraient été supprimés à la suite de ces restrictions budgétaires. «Est-il normal qu'après 10 ans et trois vagues de compressions, il y ait de plus en plus de cadres et de moins en moins d'employés?», demande Jean Gagnon.

Et pourquoi avoir manifesté hier, alors que ce sujet ne défrayait plus les manchettes? Parce c'était le jour où la direction remettait ses premières lettres de congédiement.

La direction de Radio-Canada n'a pas commenté les chiffres avancés par les syndicats, mais dit «comprendre que les trois dernières semaines ont été difficiles pour tout le monde». La SRC admet «avoir dû prendre des décisions difficiles à la suite du dépôt du budget fédéral» afin de s'assurer que le radiodiffuseur public survive à long terme.

Traitement juste et équilibré

Un extrait de neuf minutes de l'émission Face à face de Caroline Proulx et Stéphane Gendron du 22 mars, où ils en décousaient avec le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a énormément circulé dans les médias sociaux. Vous l'avez sûrement déjà visionné grâce à un de vos «amis» qui l'a placardé sur sa page Facebook.

Les deux animateurs de la chaîne V n'y cachaient pas leur exaspération devant les propos de type «cassette» tenus par le leader le plus connu du mouvement des carrés rouges. Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a reçu précisément 914 plaintes à ce sujet, la majorité reprochant au tandem Proulx-Gendron d'avoir manqué de respect envers Gabriel Nadeau-Dubois. V a répliqué que la mission de Face à face était justement de générer ce type de débats.

Le CCNR a tranché hier en faveur de Caroline Proulx et Stéphane Gendron: «les animateurs avaient le droit d'exprimer leurs opinions sur les manifestations étudiantes et ont donné à M. Nadeau-Dubois l'occasion d'en faire autant». Le courte décision de l'organisme souligne également que les animateurs ne se sont pas montrés agressifs ou insultants à l'endroit du porte-parole de la CLASSE, malgré qu'ils aient manifesté une certaine impatience envers lui.

Pierre Karl Péladeau, la suite

Le constat de Pierre Karl Péladeau est tombé comme une tonne de briques mardi midi: l'exportation des émissions québécoises à l'étranger est un échec cuisant. Le grand patron de Québecor Média n'a pas tout à fait tort là-dessus.

Voici une piste de solution que M. Péladeau pourrait maintenant appliquer à son réseau TVA afin que, justement, nos productions québécoises atterrissent ailleurs que sur la septième chaîne de l'Ouzbékistan.

Faudrait commencer par stopper l'importation de formats internationaux comme The Voice, Star Académie, Le banquier, La classe de 5e ou Caméra café et les remplacer par des créations originales, fabriquées par, avec et pour des gens d'ici. Oui, ça coûte pas mal plus cher que de doubler grossièrement Qui perd gagne, mais, au moins, ça peut potentiellement se vendre au Mip-TV.

Cher M. Péladeau, les anglos ont une belle (Bell?) expression pour cette situation: «put your money where your mouth is». En français: il est temps de joindre le geste à la parole. On jase, bien sûr.

Irrégularité chez les dragons

Oups. L'inventeur du Frygy Cube, Michel Tétreault, de Sherbrooke, a omis de mentionner dans son formulaire d'inscription de l'émission Dans l'oeil du dragon que sa fille travaille dans une station de Radio-Canada à l'extérieur du Québec. Et comme la SRC ne permet pas aux familles de ses employés de participer aux «concours» de la maison, ce lien de parenté aurait écarté d'emblée l'entrepreneur sherbrookois de la téléréalité.

Mais, trop tard, le pot aux roses n'a été découvert qu'après la diffusion de l'épisode de lundi, où M. Tétreault a réussi à arracher 500 000 $ aux dragons Normand Legault et François Lambert. Informés de l'irrégularité du dossier de M. Frygy Cube, les investisseurs ont cependant choisi de ne pas retirer leur argent.

Par contre, le segment de Michel Tétreault sera retranché de la reprise que Radio-Canada diffusera dimanche à 17h. Et l'homme d'affaires est automatiquement exclu de tous les concours et promotions liés à Dans l'oeil du dragon

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