Vous cherchez une nouvelle série décapante et pas du tout conventionnelle? La voici: Shameless, Sans regret dans sa version française. Demain à 21h, la chaîne AddikTV du Groupe TVA entame la diffusion de ce produit assez cru de la chaîne Showtime, adapté d'un concept britannique à succès.

Shameless, ça ressemble beaucoup à nos Bougon, mais sans la critique sociale extra grinçante de François Avard et Jean-François Mercier. On y suit Frank Gallagher (William H. Macy), un être alcoolique, narcissique, irresponsable, parfois incontinent et père monoparental de six enfants, dont il ne s'occupe que peu ou pas du tout, selon son état d'ébriété.

En l'absence de chef de maisonnée, la tâche incombe à Fiona (Emmy Rossum), 21 ans, l'aînée des enfants Gallagher, qui flippe des boulettes dans une chaîne de restauration rapide et nettoie des chambres de motel crasseuses, toujours au salaire minimum, pour nourrir le clan.

En fait, tous les Gallagher contribuent à la caisse familiale, même les plus jeunes, en volant du lait, du papier de toilette ou des bons de réduction dans la boîte aux lettres des voisins. Ils s'entassent dans une maison délabrée, mais étonnamment chaleureuse, d'un quartier dur de Chicago. Les meubles y sont élimés et la peinture écaillée.

Pourtant, personne ne se plaint de son sort. Les Gallagher fonctionnent en mode survie. Philip «Lip» Gallagher, le plus brillant du groupe, se fait payer par des cancres pour passer, à leur place, des examens de classement universitaire. L'été, Lip, 17 ans, exploite aussi un camion de crème glacée qui vend, en plus des cornets, de la bière et de la marijuana.

Ian Gallagher, 16 ans, bosse dans un dépanneur et entretient une liaison secrète avec son patron marié et musulman. Carl Gallagher, 10 ans, cultive un passe-temps macabre: il ramène des animaux errants à la maison pour les tuer. Dans les premières minutes de Shameless, on voit le jeune Carl avec un chat terrorisé dans une main et une torche à souder dans l'autre.

Le plus jeune des Gallagher, encore en couche, s'appelle Liam - comme Liam Gallagher, ex-chanteur vedette du super groupe britannique Oasis. Et il est noir. Bref, les Gallagher, comme les Bougon, forment un joli groupe dysfonctionnel. À la fin du premier épisode, dans une scène surréaliste, tous les enfants Gallagher brunchent joyeusement dans la cuisine tandis que leur père, ivre mort, dort sur le plancher.

Shameless aurait facilement pu sombrer dans le cynisme et la noirceur complète. Mais non. Cet univers «dickensien» renferme plusieurs scènes touchantes d'entraide, en plus de contenir des séquences très comiques. Shameless s'adresse à un public adulte et - c'est la mode à Hollywood ces temps-ci - montre même de la nudité frontale masculine.

Le portail Tou.tv a mis en ligne les deux premières années de la version originale de Shameless, donc la britannique, pendant tout le mois de janvier. En Angleterre, la neuvième saison de Shameless a débuté en janvier. Les Gallagher vivent à Manchester, dans un complexe de logements sociaux.

La traduction française, Sans regret, est très parisienne, avec un abus de mots comme matos, meuf ou tocard. Heureusement que le propos demeure captivant.

Deux nouveautés à ARTV

ARTV a annoncé hier l'entrée en ondes de deux nouvelles émissions culturelles pour septembre. La première, tout simplement intitulée Lire, sera animée par la journaliste et écrivaine Claudia Larochelle, ancienne de Rue Fontenac et du Journal de Montréal. Elle a publié cet automne son premier recueil de nouvelles, Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps.

Toutes les semaines, pendant 30 minutes, Claudia Larochelle et ses collaborateurs causeront littérature, bien évidemment. Voilà une bonne nouvelle pour tous les bouquineux et lecteurs compulsifs du Québec.

L'autre émission, Créer, sera pilotée par René Richard Cyr qui s'entretiendra, un peu à la manière de Cabine C, avec des «personnalités qui influencent notre univers culturel». Il pourra s'agir de comédiens, de peintres, de compositeurs ou d'auteurs, peu importe. L'émission pilote a été tournée avec le designer Philippe Dubuc et le chorégraphe Dave St-Pierre. Chacun des 15 épisodes durera une heure. Collaborateur de Christiane Charette, le photographe Jean-François Gratton assurera la direction artistique et la réalisation de Créer.