Un gros drame (comprendre un enterrement) se jouera ce soir dans le 166e et dernier épisode de Providence à Radio-Canada. Mais c'est à peu près le seul élément triste qui ponctuera les adieux du clan Lavoie-Beauchamp au petit écran.

Dans une scène particulièrement émouvante, Édith (Monique Mercure) descendra même dans sa fameuse cave, scrutera le sol où a été enterré son violeur il y a 40 ans et refusera de remuer le passé. «Maintenant, ça se passe en haut», se dit-elle à voix haute.

Et rassurez-vous: Chantal Cadieux, qui signe les textes de ce téléroman millionnaire depuis sept ans, ne ressuscite pas de personnage pour sa grande finale et aucun des enfants d'Édith ne se découvrira un frère jumeau caché au Rhode Island. «J'ai été au bout de ces rebondissements-là», dit en riant la scénariste de Providence.

En fait, Chantal Cadieux boucle à peu près toutes les intrigues en cours. Qu'adviendra-t-il de la relation entre Solange et Pierre? Bertrand larguera-t-il la belle Roxanne pour retomber dans les bras d'Isabelle? Vous saurez tout ce soir. «C'est l'avantage d'être auteure unique: on se souvient de tout ce que l'on a fait dans les saisons précédentes. Providence a été très dramatique et je voulais finir sur une bonne note. C'est un peu ma façon de voir la vie: que ça finit bien, dans la maturité. Je suis assez romantique, finalement», indique-t-elle.

Au fil des ans, le commentaire qui a résonné le plus souvent aux oreilles de l'auteure est: «C'est tordu, Providence, mais c'est encore bien pire que ça chez nous!» Et l'épisode qui lui a valu le plus de réactions en sept ans a été celui du suicide du jeune Christophe, le fils d'Isabelle (Patricia Tulasne). «Et tout ce que Marie-Ève vivait par rapport à la paternité de son enfant, beaucoup de jeunes femmes m'ont écrit là-dessus», détaille Chantal Cadieux.

En février dernier, la réalité a tristement rejoint la fiction à Providence. Dans l'épisode présenté par la SRC, et mis en boîte plusieurs mois avant, le personnage de Solange (Marie-Hélène Thibault) apprenait qu'elle souffrait d'un cancer, tout comme Chantal Cadieux, qui découvrait - le jour même - que la bosse dans son sein était cancéreuse. Évidemment, rien de tout ça n'avait été orchestré. Après cinq semaines de radiothérapie, Chantal Cadieux a vaincu sa maladie. «C'était un cancer de grade un. Mon médecin l'a découvert à temps et ils ont réussi à enlever toute la masse», confie l'auteure, qui ne fume pas et qui a allaité ses deux garçons jusqu'à l'âge de 4 ans.

Autre coïncidence bizarre dans l'émission? «Le soir où Pierre Curzi (qui jouait Jean-Guy) se suicidait à la télé, il prononçait son premier discours en politique», se rappelle Chantal Cadieux.

La maison d'Édith, que l'on voit dans le générique d'ouverture de Providence, existe véritablement à Saint-Joseph-du-Lac, près d'Oka. L'intérieur a été reproduit avec minutie dans les studios de Radio-Canada. Et saviez-vous que Chantal Cadieux prévoyait tuer Édith à la fin de la première année? «Mais le personnage de Monique Mercure était trop aimé du public», explique-t-elle.

Pour 2013, la scénariste planche avec son coauteur Patrick Lowe sur le téléroman Jamais je ne t'oublierai, qui traitera de deuils, de disparitions et de familles reconstituées. Quant à l'épisode ultime de Providence, voici un petit indice: la bouteille bleue que tentait de ramasser Laurent Lavoie avant d'emboutir un tracteur, c'était simplement un effet de réalisation. Il n'a donc pas été empoisonné par un mystérieux liquide coloré. Mais aura-t-il le temps de se rendre au poste de police pour enfin avouer son crime?

Dominique Chaloult à Télé-Québec

Après avoir quitté la direction des variétés de Radio-Canada et fondé sa maison de production, La Boîte de prod, avec Marie-Claude Wolfe et Marie-Élaine Nadeau, Dominique Chaloult deviendra, en janvier 2012, la nouvelle directrice des programmes de Télé-Québec. Elle succède à Martin Roy, qui a quitté ses fonctions, fin septembre, pour se joindre à l'équipe de Juste pour rire.

«Télé-Québec, c'est une chaîne que j'aime beaucoup et que je trouve très intéressante», soutient Dominique Chaloult. Et qu'aime-t-elle à cette antenne? «Beaucoup d'émissions, dont Les francs-tireurs, Belle et bum, le magazine Voir, Une pilule, une petite granule et À la di Stasio, pour ne nommer que ces émissions-là», énumère Dominique Chaloult.

C'est la PDG de Télé-Québec, Michèle Fortin, qui a offert le poste à Dominique Chaloult il y a trois semaines. Tout a ensuite déboulé, dont la vente de ses actions dans la Boîte de prod à ses deux associées, qui en auront désormais le contrôle à parts égales.

C'est à cette compagnie que l'on doit notamment Ils dansent à Radio-Canada, qui a récolté des audiences faméliques cet automne. «Oui, je suis déçue des cotes d'écoute, mais je ne suis pas déçue du show. C'est une émission qui entre parfaitement dans le mandat de Radio-Canada. Nous avons fait un essai entre la téléréalité et le documentaire. Il faut être audacieux en télévision et prendre des risques. Si Radio-Canada et Télé-Québec ne le font pas, qui le fera?», conclut Dominique Chaloult.