Mirador 2 est-elle une série cynique, qui nourrit la méfiance et la suspicion quasi généralisées envers les grandes institutions? À en juger par les deux premiers épisodes qui ont été projetés aux chroniqueurs jeudi matin, il semblerait que oui.

En deux heures bien tassées, les auteurs Daniel Thibault et Isabelle Pelletier tirent sur la Gendarmerie royale du Canada (GRC), rebaptisée Gendarmerie nationale dans l'émission, ils écorchent les puissants propriétaires des grands journaux et démontrent habilement à quel point c'est un jeu d'enfants que de faire passer des militants écolos pour des hystériques violents.

Pourtant, quand on leur pose la question directement, le tandem Thibault-Pelletier rejette l'étiquette du cynisme, un synonyme, selon eux, de désabusement et de désillusion collective. Les scénaristes qualifient même Mirador d'appel à la lucidité. «On est enragés de ce que l'on voit, de ce que l'on nous dit», plaide Isabelle Pelletier. Daniel Thibault enchaîne: «Je me qualifie d'optimiste. En mettant le projecteur sur certains faits, on peut augmenter la cause de la vérité», croit-il.

En comparaison avec la première année, Mirador 2 ne jongle plus entre la satire et le commentaire social. L'oeuvre télévisuelle embrasse pleinement son côté scandaleux, grinçant et réaliste. À peu près toutes les les sources d'irritation de la première année ont été éradiquées, dont les nombreuses ruptures de ton et les segments plus burlesques. Fini, également, l'extravagance et les débordements. Même les cheveux de Luc Racine (David La Haye) n'ont plus la flamboyance et le panache d'antan.

Rassurez-vous: contrairement à sa chevelure maintenant brune, les répliques de Luc n'ont pas perdu leur peroxyde. À propos d'un gros client malhonnête que l'agence Mirador n'a pas les moyens financiers de perdre, Luc sifflera: «Tu te penches, tu te laisses zigner et tu fais semblant d'aimer ça.» Quelques minutes plus tard, Luc balancera à son frère Philippe (Patrick Labbé): «Tu ne donnes jamais la longueur de ton shaft à une castratrice.»

La facture visuelle de Mirador a aussi subi une belle métamorphose, à commencer par le générique flambant neuf, qui illustre mieux les rouages et mécanismes de la manipulation de l'information. Au petit écran, les images défilent plus rapidement en raison de la caméra très nerveuse du réalisateur Louis Choquette et les éléments dramatiques nous happent comme dans un thriller.

Mirador 2 reprend six mois après la fin de la première saison, où une voiture renversait le patriarche Richard Racine (Gilles Renaud). Pour vous replonger dans les intrigues, la SRC repasse l'épisode final de l'année dernière mardi à 21h, avant d'enchaîner avec les nouvelles aventures du clan Racine la semaine suivante, soit le 13 septembre.

L'accident de Richard lui a laissé plusieurs séquelles, dont une assez singulière: il a perdu son filtre. Bref, il dit tout ce qu'il pense, sans aucune retenue ni pudeur. Certaines scènes où Richard Racine enguirlande ses ex-collègues - il n'a pas encore repris le boulot chez Mirador - vaudront certainement à son interprète Gilles Renaud une sélection aux prochains prix Gémeaux.

Au cabinet Mirador, les affaires ne roulent plus aussi rondement. La firme se retrouve, malgré elle, au coeur d'une grave crise, gracieuseté de l'un de leurs puissants clients, Synch Petroleum. Battu sauvagement par un agent de sécurité de l'entreprise, un jeune militant de 18 ans meurt lors d'une manifestation devant les installations de la pétrolière. Qui a embauché les agents provocateurs qui ont infiltré et empoisonné cette protestation? Mirador? Vous connaîtrez la réponse à la fin du deuxième épisode.

Critique, ici: la résolution de l'intrigue tricotée autour de Synch Petroleum déboule un peu trop rapidement et sème la confusion. Sinon, le nouveau personnage incarné par Nathalie Coupal, soit la riche femme d'affaires Michèle Barry, promet de créer encore plus de tensions entre nos Caïn et Abel des relations publiques. La blonde et racée Michèle deviendra associée chez Mirador. Et elle continuera, en parallèle, de brasser des affaires bien personnelles avec Luc, qui l'a recrutée. Aurait-il fait entrer la louve dans la bergerie?

En terminant, prêtez attention aux slogans barbouillés sur les pancartes des manifestants au deuxième épisode. Un d'entre eux se lit: PR = pourri rare. C'est leur éditorial de la semaine.

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Avec Big Sexy à TLC. Vous n'en pouvez plus de ne voir que des femmes trop maigres à la télé? Big Sexy suit cinq jeunes New-Yorkaises rondes -des tailles fortes- qui souhaitent percer dans l'impitoyable milieu de la mode, où les mannequins brindilles règnent sans partage. Vive la diversité des corps.

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