C'est un fléau. Un fléau supposément silencieux, mais un fléau quand même. Je parle ici de ces gens de plus en plus nombreux qui textent pendant la projection d'un film au cinéma.

Il y a les «texteurs» compulsifs auxquels il faut ajouter la bande d'impolis qui épluchent leurs courriels, consultent leur profil Facebook ou parcourent leur fil Twitter. Tout ça pendant que Ryan Gosling et Emma Stone amorcent une relation amoureuse dans Crazy Stupid Love. Ou pendant que le chroniqueur David Carr rabroue un employé du magazine Vice dans Page One: Inside The New York Times.

Le problème, c'est que ces accros aux réseaux sociaux n'enfreignent pas les règles établies: leur portable ne sonne jamais à proprement dit. Mais leurs écrans s'allument constamment dans le noir. Grosse source de distraction. Et ils montrent ensuite le téléphone à leurs copains dans la rangée: «Oh. Mon. Dieu. Tu ne devineras jamais ce qu'Amélie-Justine vient de mettre comme statut Facebook.»

Il s'en suit une discussion à voix haute, des rires peu étouffés (LOL!) et une série de cris stridents. Dieu que c'est désagréable. Et irritant.

Au AMC Forum, un bandeau nous avertit toujours que le «silence est d'or» et on nous implore quasiment de ne pas gâcher le film «en y ajoutant notre propre trame sonore». Aucune mention au sujet des textos. Dans les salles du géant Cineplex, une pub commanditée par TELUS précise: «Soyez vite sur le piton et éteignez votre sans-fil avant le film.»

Malheureusement, pour bien des cinéphiles de week-end, éteindre son appareil signifie le mettre en mode silencieux. Donc, il vibre (bzzz, bzzz, bzzz) et fonctionne encore. Vincent Guzzo, propriétaire des 10 complexes Guzzo dans la grande région de Montréal, en a aussi marre de l'utilisation abusive des portables entre deux bouchées de pop-corn et une lampée de Coke. «Il faut que ça arrête. C'est chiant en maudit, le texting pendant les films. Des fois, je me demande ce que ces gens font au cinéma. Ils ne regardent pas l'écran, ils textent», constate l'homme d'affaires de 42 ans.

Pour endiguer le problème, Vincent Guzzo jongle avec la possibilité d'installer des brouilleurs d'ondes dans les 142 salles qu'il exploite, des bidules qui rendraient inutilisables tous les appareils en coupant brutalement les signaux.

«Cette technologie-là existe, certains terrains de golf l'utilisent aux États-Unis. On vérifie avec nos avocats pour savoir si c'est légal. Est-ce que, par exemple, ça brimerait un médecin qui est de garde ou une maman qui attend des nouvelles de la gardienne de ses enfants? On évalue aussi la clientèle que l'on perdrait avec cette mesure par rapport aux gens qui seraient satisfaits», détaille Vincent Guzzo.

Cineplex, la plus importante chaîne du pays, n'a pas encore publié de politique claire concernant l'emploi des téléphones dits intelligents comme le BlackBerry, l'iPhone ou le Nexus de Samsung. Les cas des fauteurs de troubles 2.0 se règlent donc un à un. «Nous n'avons pas de statistiques précises sur les plaintes générées par les cellulaires. Si certaines personnes sont incommodées, nous les incitons à aller voir le gérant de la salle», souligne la porte-parole de Cineplex au Québec, Anne Bombardier.

Il n'y a pas que les ados qui pianotent sur leur LG Optimus, loin de là. Nous le faisons tous, à divers degrés. Mais, selon Vincent Guzzo, c'est souvent quand les plus jeunes envahissent les multiplexes que les plaintes explosent. Comme les vendredis soirs. «Le vendredi, c'est la grosse soirée des ados. Le samedi, il y a moins de plaintes. C'est plus une soirée de couples», indique Vincent Guzzo.

Au Texas, la chaîne indépendante Alamo expulse dorénavant toute personne prise en flagrant délit de textage. Car texter, c'est parler et ça dérange les autres. Dehors! Devra-t-on adopter de tels règlements ici afin de faire éteindre tous ces petits écrans qui brillent pendant les films?

Entre vous et moi, un peu de civisme collectif ne nuirait pas. Me semble que de ranger son téléphone pendant deux heures, ce n'est pas la fin du monde. Car une fois calé dans son gros fauteuil moelleux, qu'y a-t-il de plus important que de savoir si Ryan Gosling et Emma Stone vont finir le film ensemble?

Je lévite

Avec la série Parenthood ou Le clan Braverman, en version française. Il faut endurer les quatre premiers épisodes plus faibles pour finalement adopter cette famille Braverman, qui ressemble beaucoup aux Walker de Brothersand Sisters, mais en plus attachants. La deuxième saison sort en DVD le 30 août et jouera à Mlle cet automne. On y retrouve notamment Nate Fisher de Six pieds sous terre (Peter Krause) et Lorelai Gilmore des Gilmore Girls (Lauren Graham). C'est drôle et touchant.

Je l'évite

Les formules toutes faites aux Chefs! Combien de fois, dans une seule émission, les juges Normand Laprise et Jean-Luc Boulay peuvent-ils insister «sur l'importance de respecter le produit» et de «mettre de l'amour dans les plats» ? Ça va, on avait compris après la 157e fois.