Au risque de me faire écarteler, lapider, décapiter par l'intelligentsia du cinéma qui se prosterne devant ce bon vieil Oncle Boonmee, j'adore les films d'été. Vous savez, ces friandises cinématographiques qui se dégustent comme un grand café glacé bien sucré?

Hé! ho! c'est les vacances, pour les chanceux, et l'AMC Forum (ou le cinéma Banque Scotia) se remplit d'un air conditionné salvateur et délicieux. Alors, pourquoi bouder ces plaisirs estivaux?

Dans ce lot de blockbusters, et c'est mon obsession depuis deux mois déjà, il y a Bridesmaids, la comédie qui a marqué une nouvelle ère pour l'humour au féminin à Hollywood. Oui, à l'instar des Seth Rogen et Jason Segel abonnés aux scénarios «adulescents» du superproducteur Judd Apatow, les Kristen Wiig et Maya Rudolph manient bien les blagues de caca et de vomi.

Les esprits chagrins rouspéteront que ce n'est pas un réel progrès pour ces actrices que de se rabaisser, comme ça, au niveau de la joke de toilettes. Pas d'accord. L'égalité en humour passe aussi par la salle de bains. Et résumer Bridesmaids à ses quelques gags de diarrhée serait injustement réducteur.

Ce film gras et hilarant, qui utilise la caricature, bien sûr, explore l'amitié féminine de façon très crue. Il fouille dans la rivalité souvent malsaine qui se tisse entre des copines et montre que, eh oui, des mères, ça dit parfois des choses horribles sur sa propre progéniture.

Hollywood manufacture à la chaîne des films pour ados boutonneux et testostéronés dont l'âge moyen tourne autour 14 ans. D'où l'abondance des The 40 Year Old Virgin, Superbad et autres Pineapple Express, enveloppés d'une odeur piquante de marijuana.

Règle générale, les films de filles - les fameuses comédies romantiques - dégoulinent de miel et de mièvrerie comme dans une recette de cupcakes bien roses. Bridesmaids, qui baigne plutôt dans le chardonnay, c'est tout le contraire d'un Valentine's Day. Les femmes y sont déchaînées, drôles, vulgaires, attachantes, folles et déplacées. Comme disait Posh Spice en 1998: «girl power» !

Et Bridesmaids marque une étape majeure: cette comédie pour adultes figure parmi les rares productions écrites et entièrement portées par des femmes qui fonctionnent à merveille au box-office. Déjà 140 millions en recettes ont été engrangés.

Bad Teacher, pas mal plus drôle que The Hangover 2, soit dit en passant, s'inscrit dans cette lignée de comédies de femmes libres, affranchies et assumées. Dans la peau d'une prof blasée, la spectaculaire Cameron Diaz boit, sacre et se drogue même sous les yeux d'une élève de sa classe. L'actrice blonde crève l'écran dans ce rôle amoral, souvent réservé à des hommes. Assisterons-nous à une nouvelle génération d'actrices allumées qui déboulent les escaliers en escarpins?

Toujours au rayon du bon divertissement, mais à la maison, Funkytown, qui est maintenant disponible en DVD, regorge de musique disco foudroyante et nous catapulte dans les années poudrées du Limelight, à Montréal.

Funkytown, c'est un film choral dur, où Paul Doucet vole la vedette en jouant le flamboyant Jonathan, un vadrouilleur rappelant Douglas «Coco» Leopold. Patrick Huard, dans le rôle d'un roi du disco inspiré d'Alain Montpetit, est tout aussi convaincant.

Le seul bogue du film, en version française, c'est le doublage imposé aux personnages du couple de danseurs amateurs Tino (Justin Chatwin) et Tina (Romina D'Ugo). Sérieusement, quand ils parlent et que les lèvres ne suivent pas leur débit, on se croirait dans un mauvais soap américain. Vraiment, c'est dérangeant.

Pourquoi ne pas avoir simplement ajouté des sous-titres en bas d'écran quand Tino et Tina s'expriment en anglais, comme pour tous les autres personnages de Funkytown? Raymond Bouchard apparaît souvent avec des sous-titres. Patrick Huard et Paul Doucet aussi.

Selon le distributeur Remstar, des projections tests ont été effectuées à l'extérieur de Montréal et l'omniprésence de l'anglais dans les dialogues a agacé plusieurs cinéphiles francophones. D'où l'ajout du (mauvais) doublage pour Tino et Tina.

Conseil: louez la version originale en anglais. Au moins, Tino et Tina n'ont pas l'air d'y jouer dans Les feux de l'amour à TVA.

Je lévite

Avec le recueil de nouvelles Le charme discret du café filtre d'Amélie Panneton. On y suit les destins habilement croisés d'une poignée de locataires, presque tous dans la mi-vingtaine, d'un immeuble à logements du quartier Saint-Roch, à Québec. C'est charmant, doux-amer et tendre à la fois. Et l'auteure, qui couche sur papier une écriture mature et raffinée, n'a que 25 ans. Un portrait touchant des solitaires urbains de la génération Y.

Je l'évite

Les pubs pendant le 5 à 7 de V. Éparpillées entre Atomes crochus et Un souper presque parfait, on jurerait que certaines de ces réclames pour des commerçants locaux ont été tournées en 1993 avec des caméras SVHS. Pas certain que ces segments quasi vintage attirent vraiment de nouveaux clients. N'est-ce pas, Auto Durocher?