La vague des polars venus des pays nordiques nous glace le sang, page après page, depuis quelques années déjà. On pense ici à La femme en vert d'Arnaldur Indridason, Presque mort d'Ake Edwardson ou Le léopard de Jo Nesbo.

Des livres qui nous aspirent dans des mondes où les meurtres affreux se commettent sur des enfants, des ados et des gens sans histoire. Si vous aimez ces récits violents et glauques, vous adorerez The Killing, le terrifiant remake d'une série danoise que diffuse présentement la chaîne américaine AMC. Un immense coup de coeur de mon côté. Je guette la mise en ligne des nouveaux épisodes (il y en a déjà quatre!) sur la boutique iTunes comme un joueur obsédé espérant découvrir trois oeufs à La poule aux oeufs d'or : avec beaucoup trop d'enthousiasme.

Ce qui est encore plus sympathique, c'est que le réseau AMC, qui abrite aussi Mad Men et The Walking Dead, offre tous les épisodes de The Killing gratuitement, pour tous les internautes nord-américains, sur son site web (amctv.com). Génial.

The Killing, c'est pas mal plus tordu et inquiétant que la décevante adaptation télévisuelle des enquêtes de Kurt Wallander, pourtant si bien racontées dans les bouquins de Henning Mankell. En fait, The Killing se rapproche beaucoup plus de la noirceur contenue dans Millenium de Stieg Larsson.

Au Danemark, The Killing, ou Forbrydelsen dans sa langue originale, a connu un succès éclatant. D'où l'intérêt des Américains à usiner leur propre version, dont l'action a été déménagée de Copenhague à Seattle, dans l'État de Washington. Franchement, c'est un produit de qualité extrêmement bien ficelé. Je lévite, comme dirait l'autre.

Comme son nom l'indique, The Killing débute avec l'assassinat d'une adolescente modèle de 17 ans, la jolie Rosie Larsen. Son corps mutilé a été enfermé dans la valise d'une voiture, qui a ensuite été poussée au fond d'un lac.

Pour la détective Sarah Linden (Mireille Enos, vue dans Big Love), le jour du meurtre de Rosie Larsen aurait dû se dérouler autrement. C'était son dernier quart de travail à la section des homicides de la police de Seattle, car elle quittait son boulot afin de rejoindre son fiancé en Californie. Ses boîtes étaient faites et son ordinateur, débranché. Tout a basculé quand son supérieur l'a assignée au dossier Larsen, un dossier qui la hantera et qui la retiendra à Seattle très longtemps.

The Killing ne ressemble à aucune autre série policière à la télé américaine. Le rythme est lent. Les belles images du ciel chargé sont tristes et déprimantes. Aucun policier nigaud ne vient pousser de blague épaisse pour détendre l'atmosphère ou pour dissiper la tension. Le malaise s'installe en permanence. On croirait vraiment regarder un film européen, doublé pour un public anglophone.

L'héroïne de ce thriller étouffant, la rousse Sarah Linden, n'est ni un canon de beauté ni particulièrement aimable. Elle porte des chandails informes, trop grands. Elle est stoïque, austère, calme et placide, mais très intuitive. De son côté, la famille éprouvée par le meurtre n'est ni extrêmement riche ni affreusement pauvre. Ce sont des gens ordinaires, qui tirent le diable par la queue. Lui, Stan, est déménageur et elle, Mitch, s'occupe des enfants. Et il pleut presque toujours, dans chacune des séquences, ce qui ralentit le rythme et alourdit le deuil. Jamais le soleil ne brille dans The Killing. Tout est gris.

Pour compliquer davantage le scénario, une intrigue politique se tisse à l'enquête policière : le cadavre de Rosie a été trouvé dans une auto appartenant à l'organisation du candidat à la mairie de Seattle Darren Richmond (Billy Campbell). Oups. Qui a tué Rosie Larsen ? On le saura sans doute à la fin du 13e épisode.

Fin mars, Télé-Québec avait annoncé fièrement avoir mis la patte sur la version originale danoise de The Killing. Depuis, un malentendu entre le producteur et le distributeur de la série a rendu l'entente caduque. Bref, pas de The Killing à Télé-Québec cet automne. Quel dommage.

Il restera donc le web. Et justement, un nouvel épisode joue dimanche. Prière de ne pas me déranger entre 22 h et 23 h, merci.

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Je lévite

Avec Jean-Luc Mongrain. Le chevronné animateur de LCN a récemment consacré une partie de son émission matinale au physicien Dany Plouffe (et membre des Sceptiques du Québec), qui a rationnellement et calmement démoli le mythe de la table de Rencontres paranormales. C'est ce qu'on appelle être totalement libre: critiquer une émission de la maison, sur les ondes de la maison. Bravo M. Mongrain.

Je l'évite

Stanley Cup is Coming Home de Jacynthe et le rappeur Freeway. Il s'agit d'un glorieux hymne à la victoire anticipée de 2011, gracieuseté de RDS et Virgin Radio. Sérieusement, si je jouais pour le Canadien de Montréal, j'aurais quasiment le goût de volontairement perdre et de tomber en vacances pour ne plus entendre cette ritournelle sirupeuse et légèrement quétaine.