Pas une, pas deux, mais bien trois ministres du gouvernement de Jean Charest ont assisté hier matin au dévoilement de la nouvelle série jeunesse de Télé-Québec 1, 2, 3... Géant, ni plus ni moins que le Passe-Partout des années 2010, a claironné la patronne de la boîte, Michèle Fortin.

Dans un vaste studio de la télé d'État québécoise, les ministres Christine St-Pierre (Culture), Yolande James (Famille) et Line Beauchamp (Éducation) ont longuement vanté les mérites de ce projet télé destiné aux 2 à 5 ans qui durera au minimum trois ans et qui a été façonné par la conceptrice Carmen Bourassa, responsable des succès de Toc toc toc, Cornemuse, Pin-Pon, À plein temps et Pop Citrouille.

Cette quotidienne pour enfants d'âge préscolaire, qui démarrera en septembre, ramènera aussi à l'écran des marionnettes, une espèce de plus en plus rare au petit écran québécois. «Les marionnettes, ç'a longtemps été perçu comme du brassage de catins», se désole Carmen Bourassa.

Et ça raconte quoi, 1, 2, 3... Géant? C'est l'histoire du géant solitaire Jean-Jean (Guillaume Cyr) qui habite au pays d'Arbra, un univers coloré digne d'un joli conte de fées. Un jour de Grand Braoum, surprise!, un immense arbre a poussé à l'extérieur de son château. Deuxième surprise: deux minuscules enfants crèchent dans cet arbre, soit Rose (Mirianne Brûlé) et Olivo (Julien Bernier-Pelletier). Jean-Jean décide de les adopter.

Parenthèse, ici. Mirianne Brûlé a longtemps incarné Sélina dans Ramdam, tandis que Julien Bernier-Pelletier a pris les traits de Bouscotte dans le téléroman de Victor-Lévy Beaulieu.

Parmi les autres personnages de la série, il y a Mosa (Karine Lagueux), la fée des gaffes qui a perdu sa baguette magique et qui se sert de son doigt Dougue pour jeter des sorts, et il y a Blou (Sébastien René) et Mouline (Marilyn Castonguay), respectivement les enfants de l'eau et du vent. Blou a deux mamans sirènes. Martin Héroux incarne Ding Dong, l'homme-dépanneur ambulant. Et sous la terre vivent les Soussis, quatre marionnettes malcommodes, indisciplinées et turbulentes qui portent les noms de Tache-Tache, Barbichette, Nez bleu et Tissou.

Contrairement à Passe-Partout, campé dans un milieu assez réaliste, 1, 2, 3... Géant se passe dans un univers fantaisiste. Les personnages portent des perruques multicolores et des vêtements hyper voyants. «On s'y amuse, on chante, on y fait des comptines», indique la productrice Lucie Veillet de chez Téléfiction.

Passe-Partout était entièrement payée par le ministère de l'Éducation, alors que 1, 2, 3... Géant puise son financement à diverses sources, dont la Fondation Lucie et André Chagnon et TFO. Le ministère de l'Éducation y investira 900 000 $ répartis sur les trois prochaines années. «Une bonne émission pour enfants est aussi une bonne émission pour les parents», rappelle la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

L'émission 1, 2, 3... Géant, élaborée en collaboration avec des chercheurs de l'UQAM, de l'Université de Montréal et de l'Université d'Ottawa, vise essentiellement à valoriser le rôle du père dans l'éducation des enfants, à développer les habiletés de langage et à apprendre aux tout-petits l'autorégulation (comme la maîtrise de soi, la patience, l'écoute et la persévérance). «Ce n'est pas une émission pédagogique, mais bien une émission avec des fondements éducatifs», rectifie Carmen Bourassa.

La série préparera les plus jeunes à leur entrée à l'école. Elle tiendra aussi compte du niveau de stress élevé auquel sont soumis les enfants d'aujourd'hui. «C'est une série qui est magique, avec des costumes sortis du Cirque du Soleil. C'est envoûtant autant pour les enfants que leurs parents», assure la PDG de Télé-Québec, Michèle Fortin, qui espère que 1, 2, 3.... Géant demeurera pertinent dans 30 ans, comme Passe-Partout.

«Il y a eu une génération Passe-Partout. Il y aura une nouvelle génération de géants», ajoute Michèle Fortin. L'arrivée de 1, 2, 3... Géant ne marque pas la mort de Toc toc toc, qui a été renouvelé pour une sixième saison.

L'évocation de Passe-Partout par-ci, Passe-Partout par-là a légèrement fait sourciller Carmen Bourassa hier. C'est qu'au cours des dernières années, la série culte de Radio-Québec a explosé dans les médias, notamment depuis la sortie des coffrets DVD, et nous avons frôlé l'overdose (et je porte ici une grosse partie du blâme, désolé).

Passe-Partout, c'est bien beau, mais «il faut passer à autre chose, on est ailleurs», rappelle la pionnière Carmen Bourassa. Les tournages de 1, 2, 3... Géant ont débuté la semaine dernière.

TLMEP domine

La dernière émission de Tout le monde en parle a écrasé toute la compétition dominicale avec ses 1 504 000 fidèles. Ça faisait longtemps que le plateau n'avait pas été secoué autant avec la présence de Serge Denoncourt et Marcel Leboeuf, qui a dû s'expliquer sur son association avec le collier Pur Noisetier. À TVA, Dieu, merci a intéressé 1 268 000 personnes et LOL: -) a rallié 1 030 000 fans. Du côté du Défi des champions, la cote d'écoute ne gonfle plus: 865 000 téléspectateurs ont vu les dernières prouesses d'acrobatie latine (?) des athlètes.

Photo: fournie par Télé-Québec

Le géant solitaire Jean Jean (Guillaume Cyr) entouré de ses enfants adoptifs: Olivo (Julien Bernier-Pelletier) et Rose (Mirianne Brûlé).