Si l'humour, la vivacité et la complicité des animateurs Sylvie Moreau et Yves Pelletier passent aussi efficacement au gala des Jutra qu'à la conférence de presse d'hier matin, on ne s'emmerdera certainement pas le dimanche 13 mars à 19h30 lors de cette soirée qui couronnera le meilleur du cinéma québécois.

Par exemple, quand on demande à Yves Pelletier s'il va se servir de Twitter pendant les pauses publicitaires de la cérémonie, comme James Franco aux Oscars, il répond, du tac au tac: «Nous autres, on est sur Swiffer. Et c'est Élyse Marquis qui va mettre ça en ondes».

C'est Incendies de Denis Villeneuve qui mène le bal de cette 13e édition avec dix nominations, suivi de Cabotins d'Alain Desrochers (sélectionné cinq fois), La cité de Kim Nguyen (cinq), Les sept jours du Talion de Podz (cinq) et 10 1/2 de Podz également (quatre). Entre vous et moi, Incendies raflera tout, c'tivident, pour citer Julie Couillard.

Yves Pelletier ne promet pas un gala bitch, chien ou vache, donc rien à voir avec le gala du Britannique Ricky Gervais, qui a été d'une acidité atomique à la fête des Golden Globes, à la mi-janvier. «Ce sera plutôt un gala lapin», glisse Sylvie Moreau, qui espère que cette célébration donnera envie aux Québécois de dévorer leur cinématographie.

Les Jutra quittent La Tohu pour s'installer au théâtre Saint-Denis. Parmi les présentateurs, notons Michel Barrette, Rémy Girard, François Papineau et Guylaine Tremblay. Côté variétés, Malajube et Pierre Lapointe offriront des prestations. «Ils vont chanter leur plus grand succès, Le temps des cathédrales», blague Yves Pelletier.

Les deux copilotes des Jutra ont visionné les 40 films éligibles à la compétition. Parmi ses coups de coeurs de 2010, Sylvie Moreau cite Curling de Denis Côté, Les amours imaginaires de Xavier Dolan et Les signes vitaux de Sophie Deraspe, «parce qu'ils parlent de notre humanité». Yves Pelletier a également craqué pour Curling, mais aussi pour Piché: entre ciel et terre de Sylvain Archambault, «du bon divertissement, bien joué».

Évidemment, la pression est forte sur le tandem Moreau-Pelletier. Depuis quelques années, les galas des Jutra versent plus dans le soporifique que dans le magnifique. Comment briser cette malédiction? «Moi, mon modèle sera Kirk Douglas. Et j'ai déjà approché un grand designer québécois, Denis Gagné. Il n'est pas juste l'animateur de L'épicerie», lance en riant Yves Pelletier.

Sylvie Moreau, qui pilote les Jutra pour la quatrième fois, s'est dite une grande fan de l'oeuvre de son coanimateur-cinéaste. «J'ai vu tous ses deux films», ricane-t-elle. «Toi, tu es mon animatrice de Call-TV préférée», réplique Yves Pelletier.

Manque de pot: le dernier long métrage de Pelletier, Le baiser du barbu, n'a récolté aucune sélection. Comme quoi: rien n'est arrangé avec le gars des vues.

«Quand Véronique Cloutier m'a demandé d'animer l'ADISQ, j'ai dit oui tout de suite. Quand je me suis rendu compte que c'était les Jutra, il était déjà trop tard», se souvient Yves Pelletier.

Après le gala, qui se terminera vers 22h, René Homier-Roy interviewera les gagnants à La fièvre des Jutra sur ARTV. «Je trouve ça formidable d'être avec des gens en état de bonheur professionnel et personnel. Je vais être gentil avec eux. Téteux, même», indique le timonier de C'est bien meilleur le matin au 95,1 FM.

Encore de la chicane sur 19-2

Décidément, après la querelle entre Réal Bossé et Claude Legault, voilà que la bisbille semble s'être installée entre les deux coproducteurs de l'extraordinaire série policière 19-2, Pierre Beaudry et Luc Châtelain des Films Zingaro. C'est du moins ce qu'ont laissé entendre les patrons de Radio-Canada hier. «Le conflit n'est pas entre les producteurs et nous, mais entre eux», observe le directeur des émissions dramatiques de la SRC, André Béraud.

La grande patronne de la télévision de Radio-Canada, Louise Lantagne, ajoute: «quand on a vu les premiers montages de 19-2, on a dit wow! on va gagner 22 Gémeaux avec ça. Et on ne pensait pas avoir autant de cotes d'écoute. Le 3 novembre, les producteurs ont reçu une offre formelle de notre part pour développer la suite. Depuis ce temps, nous attendons. Nous n'avons pas eu de nouvelles».

Dans sa proposition d'affaires, la SRC a cependant exigé qu'un producteur chevronné se greffe à Pierre Beaudry et Luc Châtelain, qui n'ont jamais manipulé une série dotée d'un aussi gros budget. C'est Sophie Deschênes (Le négociateur) qui leur a fourni son expérience pour la première saison de 19-2. Comme elle est occupée sur Musée Eden 2 et M pour Mensonge, notamment, Sophie Deschênes n'a plus de temps pour les flics Berrof et Chartier. Et les Films Zingaro ne l'ont toujours pas remplacée. Beaudry et Châtelain espèrent-ils mener le projet seuls, sans aucune aide? Radio-Canada ne pliera pas là-dessus: il leur faut un ou une associé (e). Alors, qu'attendent Beaudry et Châtelain pour recruter un troisième producteur? On parle quand même ici d'un projet de plusieurs millions de dollars. Et nous, simples téléspectateurs, ne voulons pas poireauter deux ans pour le chapitre suivant.